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Douar Den, spécialiste de la pomme de terre, construit son avenir en bio
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Douar Den, spécialiste de la pomme de terre, construit son avenir en bio

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Société coopérative de services basée à Saint-Nicolas-du-Pélem, Douar Den s’est construite sur un modèle unique en France qui fédère, autour d’une agriculture 100 % bio, l’ensemble des professionnels du monde de la pomme de terre.

Douar Den produit 14 500 tonnes de pommes de terre et légumes racines bio chaque année commercialisées chez l'ensemble de la distribution conventionnelle et spécialisée — Photo : @DR

Fondé en 2007 au cœur du centre-Bretagne, Douar Den est un projet aussi atypique qu’il est un modèle de réussite économique. Positionnée sur le créneau de la production et de la commercialisation de pommes de terre bio sous ses trois formes (plants, primeurs et consommation), l’entreprise est devenue, en 12 ans, l’acteur de référence sur le marché de "la" bio. « Et je tiens à ce "la", précise Fabris Tréhorel, ingénieur agronome et gérant de Douar Den depuis sa création. L’agriculture biologique, ce n’est pas qu’un produit. Ce sont aussi des hommes et des femmes, un modèle économique durable et un respect strict de l’environnement et de l’agronomie. »

Des producteurs organisés

Ces préalables sémantiques ont conduit Douar Den à se construire autour d’une organisation atypique de société coopérative d’intérêt collectif : une Scic. « C’est le "mix" idéal entre une coopérative et une société privée, si vous voulez que les valeurs de partage et de solidarité perdurent dans le temps. Chez nous, le pouvoir est dissocié du capital social. Un homme, une voix. Toutefois, contrairement à une coopérative traditionnelle, ce n’est pas le paysan en direct qui est actionnaire, mais l’organisation de producteurs à laquelle il appartient. Cela change tout dans les discussions avec l’aval. »

« Chez nous, les concurrents se parlent autour d’un objectif : développer la consommation de pommes de terre bio en France. »

La Scic compte aujourd’hui une dizaine d’actionnaires et une vingtaine de partenaires. « Chez nous, les concurrents se parlent autour d’un objectif : développer la consommation de pommes de terre bio en France, ajoute Fabris Tréhorel. Douar Den fait le lien entre les intervenants pour une juste répartition de la valeur. Plutôt que de partir d’un marché qui va décider du prix et de n’en offrir que le reliquat aux producteurs, après le passage dans les mains des différents intermédiaires, on planifie collectivement toute la filière. Depuis 13 ans, ce modèle a prouvé sa pertinence économique, puisque notre croissance dépasse 30 % par an. »

Des investissements majeurs

De 600 tonnes à sa création, Douar Den commercialise aujourd’hui 14 500 tonnes de pommes de terre, de plants de pommes de terre, mais aussi, depuis 2015, d’autres légumes racines, comme les carottes, les panais, les navets, les oignons, etc. « On s’appuie sur quatre sites de traitement, à Saint-Nicolas-du-Pélem (Côtes-d'Armor) et Pontivy (Morbihan), sur lesquels nous investissons de manière régulière, afin d’améliorer nos process. Sur le site majeur du Ruellou, nous venons d’enchaîner trois tranches d’investissement, entre 2017 et 2019, pour une enveloppe d’investissement de 4,5 millions d’euros. »

Douar Den travaille également beaucoup en amont, via sa station d’essais, pour redonner à sa centaine de producteurs la liberté de choix dans les variétés cultivées. « C’est même le nerf de la guerre, confirme Fabris Tréhorel. Si vous tenez la semence, la valeur revient dans le champ. Aujourd’hui, des lobbys ont pris la main sur le vivant, ce qui explique en grande partie la misère du monde agricole. Nous avons déjà déposé deux variétés en nom propre. Deux autres devraient l’être en 2020. »

Développer le concept Douar Den

Avec 13,5 millions d’euros de chiffre d’affaires, 300 000 euros de résultat net, 30 salariés et, surtout, une filière où tous les acteurs sont respectés, le succès de Douar Den est regardé de près. « Nous n’avons pas l’ambition d’être une multinationale du bio, tempère Fabris Tréhorel. Toutefois, nous avons démontré qu’un autre modèle d’organisation est possible. Aujourd’hui, la Scic fédère la quasi-totalité des producteurs de pomme de terre bio en Bretagne et commence à s’étendre au-delà. »

« La valorisation de notre savoir-faire et de notre modèle doit être mieux connue. C'est ainsi que se construira un avenir pérenne pour la bio. »

Pour rester fidèle à ses valeurs, l’entreprise travaille sur l’exportation de son concept dans d’autres régions de France. « Nous comptons des producteurs en Vendée, dont les patates sont utilisées par Fleury Michon, l'un des partenaires de la Scic. Plutôt que de les faire transiter par la Bretagne, avec une empreinte carbone pas forcément optimale, l’idée est de développer un Douar Den à proximité des bassins de production. »

La création d’un label « Douar Den » est également dans les cartons. « Nous avons voulu créer une marque il y a quelques années, mais la mayonnaise n’a pas pris, confirme Fabris Tréhorel. Les consommateurs préféraient acheter une MDD bio, produite par nous, plutôt que le filet Douar Den. Nous avons abandonné l’idée. Elle refait son chemin via, cette fois, la création d’un label, car la valorisation de notre savoir-faire et de notre modèle doit être mieux connue. C’est comme cela que se construira un avenir pérenne pour la bio. »

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