Côtes-d'Armor
Dominique Spenlehaueur (Umih 22) : « Le recrutement est un frein au développement de nos établissements »
Interview Côtes-d'Armor # Hôtellerie # Réseaux d'accompagnement

Dominique Spenlehaueur président de l'Umih 22 Dominique Spenlehaueur (Umih 22) : « Le recrutement est un frein au développement de nos établissements »

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Marqués par la crise des Giles jaunes, les restaurateurs, cafetiers et hôteliers costarmoricains ont repris des couleurs avec une saison estivale satisfaisante. Dominique Spenlehaueur, président de l'organisation professionnelle Umih 22, reste toutefois vigilant face aux réformes annoncées par l’exécutif.

Dominique Spenlehauer, président de l'union des industries des métiers de l'hôtellerie des Côtes-d'Armor, estime que l'absence de main d'œuvre grandissante est un frein à la croissance de l'économie — Photo : @DR

Le Journal des Entreprises : Comment s’est déroulée la saison estivale 2019, après un hiver et un printemps chahutés par la crise des Gilets jaunes ?

Dominique Spenlehauer : Nous revenons de loin, car cette crise des Gilets jaunes a véritablement impacté l’activité de la filière en 2019. Grâce à une météo clémente en juillet et août, les professionnels des Côtes-d’Armor ont su tirer leur épingle du jeu, en démontrant que le tourisme reste le deuxième secteur d’activité du territoire. Cette dynamique est bénéfique pour la santé économique de nos cafés, hôtels, restaurants, établissements de nuit, etc. Nous n’avons pas encore les chiffres définitifs en termes de taux de remplissage et de fréquentation, mais les premiers retours post-saison sont très encourageants.

Quel regard portez-vous sur le mouvement des Gilets jaunes ?

D. S. : Le mouvement des Gilets jaunes traduit de réelles difficultés dans une large partie de la population : pouvoir d’achat, mobilité, sentiment de déclassement social, etc. Toutefois, les manifestations et les violences qui les ont accompagnés ont dégradé les biens publics et limité la fréquentation de nos établissements.

Plusieurs de nos 600 adhérents ont été directement impactés, avec des problèmes importants de trésorerie. L’Umih 22 a fait tout son possible pour les accompagner, afin que de nouveaux drames économiques et sociaux ne s’ajoutent à cette crise. Nous avons fait le lien avec l’administration pour favoriser l’échelonnement des échéances sociales et fiscales, pour porter une demande d’activité partielle, etc.

Vous craignez une période sociale agitée au regard des réformes annoncées, voire que le mouvement des Gilets jaunes ne reparte ?

D. S. : La dynamique estivale est là et j’entends qu’elle se poursuive sur les mois à venir. On sent bien, en discutant avec nos clients et nos fournisseurs, que le climat social actuel reste tendu. Toutefois, il est inconcevable de vivre une fin d’année 2019 aussi difficile que celle de 2018.

Concernant la problématique de l’emploi, la mobilisation générale est toujours en vigueur ?

D. S. : La problématique du recrutement est un frein au développement de plusieurs établissements des Côtes-d’Armor. Certains professionnels, fatigués par le phénomène, finissent par baisser les bras et fermer. Les maux sont connus et d’ordre sociologique. Pour nombre de nos concitoyens, le bonheur est désormais lié au confort de vie. Or, avec leurs horaires décalés, les coups de chauffe à gérer et les exigences des clients, les métiers de l’hôtellerie et de la restauration n’ont pas bonne presse. Notre grille indiciaire, pourtant plus favorable, ne suffit pas à attirer.

Toutefois, je remarque que, malgré ces nombreuses difficultés, notre secteur continue d’attirer les porteurs de projets. Le stage de permis d’exploitation, passage obligé pour tenir un établissement, monte en puissance, avec un nombre de stagiaires de plus en plus important.

L’accueil des ressortissants étrangers est présenté comme une solution. Quel avis avez-vous sur la question ?

D. S. : L’Umih présentera un plan emploi à l’automne. Parmi les pistes de réflexion, l’accueil des ressortissants étrangers en fait partie. Quelle que soit leur origine, Europe ou ailleurs, notre secteur a toujours été une terre d’accueil autant pour embaucher des salariés que pour aider à la création d’entreprise. Notre objectif est de leur proposer des parcours afin de faciliter leur intégration.

D’autres combats comme les pré-enseignes ou la taxation des CDD restent-ils au cœur de vos préoccupations ?

D. S. : Les pré-enseignes sont une porte d’entrée indispensable à nos établissements. Le législateur a voulu les supprimer mais la mobilisation a porté ses fruits. Il ne faut toutefois pas baisser la garde car le projet de loi n’est pas définitivement voté. De nombreux adhérents ont d’ailleurs reçu des courriers de la part de la direction départementale des Territoires et de la Mer leur demandant d’enlever leurs panneaux. L’Umih 22 invite les établissements concernés à se rapprocher de leur député ou sénateur pour que celui-ci puisse intervenir auprès du Préfet. Cette proposition de loi a été votée à l’unanimité des groupes politiques, et les débats ont bien montré que les élus ont conscience de ce qui se vit sur le terrain. Concernant le projet de taxation des contrats courts, il vise clairement notre secteur. Au lieu d’une majoration des cotisations de 0,95 point sur les CDD courts et une ponction forfaitaire de 10 euros pour les CDD d’usage, l’Umih propose la création du CDI hybride dit de mobilité.

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