Bretagne
Dominique Spenlehauer (UMIH Bretagne) : “Mieux structurer notre offre vers le Centre-Bretagne”
Interview Bretagne # Restauration # Réseaux d'accompagnement

Dominique Spenlehauer patron du Moulin à Fouler près de Guingamp et président de l’UMIH Bretagne Dominique Spenlehauer (UMIH Bretagne) : “Mieux structurer notre offre vers le Centre-Bretagne”

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L’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (Umih) organisait son congrès national à Brest fin novembre. La profession doit réfléchir à plusieurs enjeux : formation, recrutements mais surtout la hausse du coût de l’énergie qui met en danger des établissements malgré une bonne saison touristique 2022, notamment en Bretagne. Dominique Spenlehauer, président de l’UMih Bretagne, révèle les spécificités bretonnes.

Dominique Spenlehauer, président costarmoricain de l’Umih Bretagne — Photo : Umih Bretagne

Comment la saison touristique 2022 s’est-elle passée en Bretagne ?

C’est la première saison pleine depuis deux ans à cause de la crise du Covid. Au niveau de la Bretagne, cela a été une saison extraordinaire avec + 6 % de nuitées touristiques par rapport à l’année 2019 sur la période s’étalant du 1er avril au 21 août. Il ne faut pas "cracher dans la soupe". Il y a eu énormément de monde, notamment grâce à la météo. Les professionnels ont eu une très bonne saison mais aussi une très belle arrière-saison, qui s’est arrêtée après le 11 novembre. Nous avons eu l’impression de retrouver les saisons d’avant.

Quelles sont les raisons de cette belle saison et son arrière-saison ?

Il y a bien sûr un effet climat. Les grosses chaleurs partout en France profitent à la Bretagne qui est la région qui en souffre un peu moins. Il y a eu aussi beaucoup d’animations partout sur le territoire breton. Nous profitons de l’envie des gens de bouger après deux ans où cela était plus compliqué. Il y a eu +3 % de nuitées de clientèle internationale par rapport à l’année 2019 entre avril et août. Cette clientèle représente 27 % de la fréquentation touristique.

Mais on observe aussi que les Français ont eu envie de rester dans l’Hexagone. Toute la côte Atlantique a bien travaillé. En Bretagne, le nombre de nuitées réservées par des touristes français a augmenté de 7 % par rapport à 2019 sur la période avril-août.

Qu’est-ce qui peut être amélioré ?

L’enjeu en Bretagne est de mieux structurer notre offre. Les zones côtières se débrouillent très bien. Mais il y a, par exemple, du travail à faire pour le centre-Bretagne. Il y a un consensus qui se dégage aussi du côté des collectivités pour dire qu’il faudrait davantage de transports vers ce centre-Bretagne.

Quel impact l’augmentation du coût de l’énergie a-t-elle eu sur le secteur ?

Certains établissements voient leur facture augmenter et être multipliée par 10 ou 20. Le président confédéral, Thierry Marx, a dit, lors de notre congrès à Brest, qu’il négociait avec l’État. Des choses se mettent en place. Mais tous les professionnels ne sont pas éligibles. Il faut accompagner chacun sur ces sujets-là car chaque situation est différente. C’est aussi le rôle de l’Umih. Nous invitons tous les dirigeants qui n’ont pas de contrat bloqué de prendre contact au plus vite avec leur fournisseur pour commencer à négocier dès aujourd’hui.

Cette crise de l’énergie arrive au même moment que le terme des prêts garantis par l’État (PGE). Est-ce une inquiétude ?

Beaucoup d’établissements sont en capacité de rembourser leur PGE. D’autres n’ont pas encore réussi à récupérer leur trésorerie et c’est la conjonction de la hausse des coûts de l’énergie et de ce remboursement qui pose problème. Mais une solution pour chacun. Il faut voir cela au cas par cas, éventuellement en s’aidant d’un médiateur.

Le recrutement reste-t-il aussi une préoccupation de la profession ?

Le recrutement est une problématique nationale mais qui est particulièrement aiguë en Bretagne car nous sommes une région touristique avec une forte saison en été. Nous avons du mal à trouver du personnel mais aussi à le loger. Il y a encore quelques années, nous trouvions toujours des locations pour nos saisonniers. Désormais, elles sont toutes passées chez Airbnb. Les gens préfèrent louer à la nuitée, à la semaine ou au mois, plutôt que de louer à la saison pour un salarié qui vient travailler ponctuellement.

Quelles solutions peuvent être envisagées ?

Nous commençons à monter des actions avec certains organismes pour trouver des solutions : avec des écoles qui ont des internats par exemple. Il faut trouver le bon système pour que tout le monde s’en sorte. Des questions juridiques et fiscales se posent aussi. Est-ce que de prêter cette chambre devient un avantage en nature ? La saison commence en avril mais c’est maintenant qu’il faut s’inquiéter, tout en sachant que ce n’est pas une solution pérenne puisque les établissements scolaires ont besoin de ces chambres jusqu’en mai ou juin et que la saison démarre avant.

Quid de la formation en Bretagne ?

Malheureusement, depuis les réformes successives, nous avons perdu en proximité avec les centres de formation et les écoles. Nous avons moins de représentations dans les organismes paritaires, par exemple. Il y a plusieurs années, nous avions créé en Bretagne ce qu’on appelait les “ambassadeurs des métiers”. Cela permettait aux professionnels d’apprendre à accueillir un jeune, à lui donner envie de faire ces métiers. Les jeunes attendent beaucoup plus de social que l’ancienne génération. Mais la profession a déjà énormément d’avantages dans sa convention collective. Encore faut-il savoir le mettre en avant.

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