Côtes-d'Armor
Tribunal de commerce : " Dirigeants, saisissez-vous de la procédure de sauvegarde en 2021 ! "
Interview Côtes-d'Armor # Procédure collective

Gilles Henrio président du tribunal de commerce de Saint-Brieuc " Dirigeants, saisissez-vous de la procédure de sauvegarde en 2021 ! "

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Marqué par une année 2020 totalement inédite dans son organisation et ses résultats, le tribunal de commerce de Saint-Brieuc avec à sa tête Gilles Henrio, appelle les chefs d'entreprise à mettre rapidement en place un plan de sauvegarde en cas de difficultés.

Gilles Henrio, président du tribunal de commerce de Saint-Brieuc — Photo : Julien Uguet

Quel bilan tirez-vous de l’année 2020 au tribunal de commerce de Saint-Brieuc ?

Le 16 mars2020, le tribunal de commerce de Saint-Brieuc a décidé de mettre en place un plan de continuation de l’activité alors que d’autres juridictions similaires fermaient leurs portes. L’objectif est alors de traiter les urgences et d’accompagner en prévention des entreprises, et ce dès le début du confinement.

Ainsi, 36 entreprises, représentant plus de 900 salariés, ont pris rapidement contact pour solliciter la mise en place d’un mandat ad hoc ou d’une conciliation, notamment sur la question de l’obtention du PGE. En prévention, 121 entretiens confidentiels ont été effectués avec des entrepreneurs en difficulté.

Toutes ces initiatives se sont accompagnées d’une baisse inédite des résultats de 45 % en procédures collectives. Nous avons enregistré 40 redressements judiciaires en 2020 contre 60 en 2019. De leur côté, les liquidations judiciaires ont fondu de 176 à 91.

À première vue, ces résultats semblent encourageants…

Je dirais qu’ils sont davantage lunaires et ne sont pas du tout le reflet d’une économie soudainement emballée. Ces baisses s’expliquent par l’accompagnement providentiel de l’État et le report des échéances bancaires ou des charges sociales. Les entreprises fragiles avant la Covid ne sont pas en cessation de paiements car, si elles facturent peu, elles ont encore moins de charges en face. Toutefois, quand on regarde l’utilisation du PGE, qui est un bon thermomètre de la santé économique du département et de sa capacité à rebondir en sortie de crise, un tiers des entreprises ont consommé leur PGE pour réduire un passif existant. Ce sont ces dernières qui interpellent car elles sollicitent peu le tribunal.

Etes-vous en train de lancer un appel aux entrepreneurs en difficultés ?

Les entreprises fragiles avant la crise liée au Covid, mais aussi celles qui estiment aujourd’hui aller dans le mur, font partie des cibles en 2021. La sortie de crise sera extrêmement compliquée pour celles qui n’anticipent par la charge du remboursement des nouveaux emprunts, cumulés aux dettes reportées. Les dirigeants doivent solliciter le tribunal pour voir si une procédure de sauvegarde peut être mise en place. C’est un outil exceptionnel qui permet de donner de l'’air. Les secteurs du CHR, de l’évènementiel et du tourisme doivent saisir cette opportunité. En 2020, ce n’est pas encore assez, nous avons prononcé 9 sauvegardes contre 7 en 2019 et 3 en 2018.

Comment appréhendez-vous l’année 2021 ?

Compte tenu des moyens disponibles, le tribunal de commerce n’est pas pessimiste. La juridiction a d’ailleurs démontré, avec la crise lié au Covid, son pouvoir de réaction et sa capacité à adapter son organisation. L'année 2021 doit confirmer que notre travail contribue à la santé du département. Mais parce qu’il sera plus difficile de sortir de la crise que d’y rentrer, la lucidité doit prendre le pas sur la crainte de nous rencontrer.

Côtes-d'Armor # Procédure collective # Réseaux d'accompagnement # Juridique