Côtes-d'Armor
Dans les Côtes-d'Armor, le bâtiment tourne à plein régime mais manque de matériaux
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Dans les Côtes-d'Armor, le bâtiment tourne à plein régime mais manque de matériaux

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L’activité est fournie du côté des entreprises du bâtiment des Côtes-d’Armor et de Bretagne, mais une pénurie de matériaux et d’équipements menace les entreprises du secteur. État des lieux avec Erlé Boulaire, président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment des Côtes-d'Armor.

Le secteur du bâtiment redoute que l’élan de croissance ne fléchisse du fait de difficultés d’approvisionnement de plus en plus marquées et d’une explosion des prix des matériaux — Photo : sebastien rabany

"Nous avons une activité très fournie dans tous les secteurs du bâtiment, se réjouit Erlé Boulaire, président de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) des Côtes-d’Armor. C’est vrai pour notre département comme pour la région Bretagne." Les carnets de commandes sont pleins pour les cinq prochains mois, tous chantiers et corps de métiers confondus. Depuis le premier confinement, la crise sanitaire n’aura bloqué les entreprises du bâtiment qu’une quinzaine de jours, le temps pour elles de se mettre en ordre de marche pour protéger les salariés des risques du Covid-19.

Pour le premier trimestre 2021, la construction neuve et la rénovation enregistrent respectivement une croissance de 10 % et de 9 %. Un regain qui devrait se poursuivre dans les prochains mois pour l’entretien et la rénovation, avec un coup de frein à craindre pour le neuf, compte tenu du recul des autorisations et mises en chantier sur les 12 derniers mois (- 17,4 % et - 9 %). La croissance est largement portée par les travaux d’amélioration de performance énergétique (+ 11,5 %). Les chefs d’entreprise ont retrouvé leur optimisme, avec une amélioration de leur trésorerie pour un tiers d’entre eux. 12 % envisagent même d’investir dans les six prochains mois, ce qu’ils excluaient jusqu’alors.

Ce retour d’activité soutenue profite à l’emploi. Malgré la crise sanitaire, son niveau a progressé de 3,3 % sur les 12 derniers mois. Et près d’un quart des entreprises envisage d’augmenter ses moyens humains… si elles arrivent à recruter. Car les métiers du bâtiment souffrent d’une pénurie de main-d’œuvre. Compte tenu des moyens humains et matériels disponibles, 57 % des entreprises sont aujourd’hui en surcharge de travail.

Pénurie de matériaux et hausse des prix

Le secteur du bâtiment redoute que l’élan de croissance ne fléchisse du fait de difficultés d’approvisionnement de plus en plus marquées et d’une explosion des prix, en particulier pour le bois, l’acier, le cuivre, le fer et le zinc. Une entreprise du bâtiment sur deux a été impactée par de fortes augmentations des prix, entre 10 % et 30 % en moyenne. Situation qui s’accompagne d’un allongement des délais d’approvisionnement, voire d’une rupture totale d’approvisionnement pour 20 % des entreprises.

Il faut remonter au premier confinement pour comprendre cette pénurie. Alors que les entreprises du bâtiment ne se sont arrêtées que deux ou trois semaines, leurs fournisseurs - souvent des grands groupes - ont stoppé leur activité jusqu’en juin, soit environ trois mois. Ces derniers ont vu leur stock fondre pendant que les entreprises du bâtiment tournaient à plein régime… et n’ont jamais pu rattraper ce retard. Leur activité ne peut tourner à 100 % (du fait de salariés malades du Covid ou cas contact) et d’un marché mondial totalement déstabilisé. L’Inde et la Chine, gros fournisseurs de matériaux, se sont prioritairement servis pour assurer leur propre croissance. Par ailleurs, les États-Unis encore sous la présidence Trump, subissant un embargo sur le bois canadien se sont fournis sur d’autres marchés mondiaux, déstabilisant le tout. "Si bien qu’aujourd’hui, les entreprises du bâtiment redoutent de devoir mettre des salariés au chômage partiel, alors que leurs carnets de commandes sont pleins !", déplore Erlé Boulaire.

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