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Côtes-d’Armor Habitat entame sa mutation
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Côtes-d’Armor Habitat entame sa mutation

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Désormais dirigé par Eric Cojon, transfuge de Pas-de-Calais Habitat, le bailleur social Côtes-d’Armor Habitat, entend affirmer son rôle d’acteur public du logement dans une logique collaborative.

Eric Cojon, directeur de Côtes-d'Armor Habitat a pris les rênes du bailleur social fin 2018 — Photo : @DR

Leader du logement social en Côtes-d’Armor, avec 14 000 logements en portefeuille, Côtes-d’Armor Habitat entame sa mutation. Après une période de latence, suite au départ de sa directrice Christelle Riou, fin 2018, le bailleur social costarmoricain (166 salariés, 58 millions d’euros de budget) a confié cette mission à Eric Cojon. Le nouvel homme fort de CAH occupait jusqu’à sa nomination le poste de directeur de recherche de financement pour Pas-de-Calais Habitat. « J’ai réalisé toute ma carrière chez cet opérateur majeur dans le Nord, précise l’intéressé. J’ai occupé de nombreuses postes, notamment celui de directeur de territoire qui m’a permis d’acquérir une bonne connaissance du terrain. »

Acteur majeur du logement social

Eric Cojon a séduit les actionnaires de Côtes-d’Armor Habitat, le Département des Côtes-d’Armor en tête, par le projet présenté. « Tout en affirmant le rôle d’acteur public du logement en Côtes-d’Armor, notre structure doit devenir plus agile, plus réactive et plus collaborative. » Le directeur de Côtes-d’Armor veut notamment travailler de manière plus étroite avec les EPCI dans le cadre du projet de territoire. « Le logement social a été malmené ces dernières années avec un recul marqué de l’investissement, précise Eric Cojon. Pour exemple, en 2019, nous avons porté 150 nouveaux logements, là où, dans les bonnes années, nous tournions autour de 400. Cela amène à la remise en cause de nos modèles de fonctionnement internes et externes. »

Éric Cojon souhaite notamment disposer de davantage de visibilité via des conventions engageantes. « D’un côté, les collectivités nous garantissent un volume, une vision et de notre côté, cela nous permet d’avoir une perspective de croissance sur le moyen terme mais surtout de développer des concepts plus innovants. On pourrait par exemple créer un catalogue de logement clé en main qui nous permettrait de mieux sélectionner en amont des groupements d’entreprises partenaires et donc d’être beaucoup plus réactifs dans le lancement et le suivi de chantier. Ce serait une bonne réponse à la problématique du logement en territoire rural qui intéresse finalement peu d’opérateurs. »

Développer de nouvelles prestations

Côtes-d’Armor Habitat réfléchit également au développement de nouvelles prestations comme le renforcement du recours aux chantiers d’insertion dans ses cahiers des charges. « Nous devons être un acteur social au sens large dans une volonté de permettre à ces personnes en difficulté, que nos entreprises partenaires embaucheraient, d’aller vers un emploi stable. Cela n’empêche pas de se projeter sur des sujets innovants. En matière de financement, pourquoi se contenter de rester sur nos seuls fonds propres ou l’endettement ? Des fonds européens ou liés à la rénovation énergétique existent. À nous de nous mobiliser pour aller les chercher. Idem sur la question des emplois saisonniers. On sait que c’est un enjeu de développement économique. À nous de voir si une partie de notre parc ne peut pas devenir une réponse. »

En interne, CAH va en profiter pour faire évoluer son organisation afin de se mettre en ordre de bataille pour relever ces nouveaux challenges. « Je veux permettre aux salariés de faire évoluer leurs compétences, de prendre de l’autonomie tout en étant plus responsables. Nous fonctionnerons encore plus que par le passé comme pour un projet, avec une véritable volonté de se projeter, de construire l’avenir de l’agence. » Sur le terrain, après Lamballe en 2019, Côtes-d’Armor Habitat veut gagner en proximité à Dinan, Lannion et Loudéac. « En étant plus proches des Maisons du Département, notre collectivité de tutelle, nous devons retrouver une place prépondérante au service de nos clients locataires. Cette proximité est un enjeu pour demain afin de conserver et de développer notre leadership et notre expertise. »

ENCADRE

Du mouvement chez les bailleurs sociaux des Côtes-d’Armor

L’univers des logements publics est en plein chambardement en Côtes-d’Armor, conséquence directe de la loi Elan qui impose aux offices de moins de 12 000 logements de renoncer à leur indépendance. Bye bye Dinan Habitat (2200 logements) qui a choisi de se marier avec Néotoa, l’office public de l’habitat d’Ille-et-Vilaine (19000 logements), alors que la logique aurait été de privilégier une union avec Côtes-d’Armor Habitat. De son côté, Guingamp Habitat (1500 logements) préfère se rapprocher d’un établissement financé par des fonds privés, BSB-Les Foyers à Saint-Brieuc. Enfin, Terre & Baie Habitat, l’office HLM de Saint-Brieuc Armor Agglomération (5 200 logements), ambitionnait, fin 2019, de s’unir, via la création d’une société de coordination avec Côtes-d’Armor Habitat. « De par notre proximité géographique, nous travaillons déjà sur des problématiques communes, confirme Eric Cojon. La création de cette SAC aurait du sens car elle respecterait l’identité et les spécificités de chacun. » Les syndicats de salariés de Terre & Baie et Alain Cadec, président du conseil départemental, se sont prononcés publiquement en faveur du mariage entre les deux opérateurs publics. Pas l’agglomération de Saint-Brieuc qui souhaite conserver la possibilité de s’allier à un opérateur privé tel que BSB & Les Foyers. Face à cette situation de blocage, la collectivité de tutelle a décidé a décidé d’étudier la question par l’intermédiaire d’une assistance à maîtrise d’ouvrage.

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