Pourquoi appelez-vous, comme les trois autres fédérations bretonnes, vos adhérents à poursuivre le confinement alors que l’État souhaite que les entreprises du BTP reprennent le travail ?
Arlette Labbé : Le protocole sanitaire BTP de l’OPPBTP (Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics), notre organisme de prévention santé, n’a toujours pas été diffusé. Ce document attend depuis maintenant plusieurs jours la double validation des ministères du Travail et de la Santé. Cette situation illustre bien que les arbitrages sont difficiles à trouver et qu’ils sont le reflet des contradictions du gouvernement. Aujourd’hui, nous sommes soumis à une pression de plus en plus forte de maîtres d’ouvrage souhaitant rouvrir des chantiers, de nos fournisseurs, de certains de nos collègues, voire de nos compagnons, mais aussi de l’État.
La santé de vos salariés est, pour vous, un totem à ne pas franchir ?
Arlette Labbé : À l’heure où le confinement est prolongé jusqu’au 15 avril, la sécurité sanitaire doit être notre seul guide et celle de nos compagnons en premier lieu mais aussi de leurs proches. Nous ne sommes pas en capacité de reprendre l’activité en toute sécurité dans l’immédiat. Nous ne connaissons pas encore les mesures définitives du protocole BTP mais ce que l’on sait, c’est que les contraintes sanitaires et administratives seront telles que le redémarrage immédiat en toute sécurité sera difficilement possible. Les entreprises du BTP ne doivent pas rompre le confinement. Après avoir été violemment stigmatisés la semaine dernière pour « défaitisme », nous serions encore plus stigmatisés par les soignants et la population si le bâtiment devenait un nouveau foyer de propagation du virus.
Certaines entreprises entendent toutefois reprendre le travail par nécessité économique. Que leur conseillez-vous ?
Arlette Labbé : S’ils envisagent, malgré tout, une reprise, un mode d’emploi OPPBTP est à disposition pour permettre la continuité de l’activité. Il convient dans ce cas de la préparer avec beaucoup de précautions et d’attention en analysant chaque situation de chantier. Je rappelle toutefois, que les garanties obtenues par le FFB sur le chômage partiel, permettent qu’aucun chef d’entreprise ne soit forcé à reprendre son activité, alors même que les règles sanitaires ne peuvent manifestement pas s’appliquer.
