Depuis Saint-Alban, dans les Côtes-d'Armor, la petite PME Claripharm nourrit de solides ambitions sur le marché américain. Pour cela, elle a réussi à obtenir, en 2015, un précieux sésame : une homologation de l'administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments (FDA) pour commercialiser ses produits outre-Atlantique. « Les États-Unis ont compris qu’il fallait renforcer la sécurité sanitaire autour des produits dédiés au confort intime des femmes, décrit Clarisse Le Court, fondatrice de Claripharm (1,5 million d’euros de chiffre d’affaires, 15 salariés). Leur exigence se traduit par des barrières à l’entrée fortes, qui ont permis de faire monter en gamme les produits de types tampons, serviettes hygiéniques. Des produits qui sont encore trop souvent remplies de résidus de pesticides et d’hydrocarbures en Europe et en France. Notre coupe menstruelle, fabriquée en silicone, est très bien accueillie là-bas car nous amenons un niveau d’exigence sanitaire supplémentaire. »
Une nouvelle ligne d'emballage
Reste que détenir l'homologation de la FDA ne résout pas toutes les problématiques d’accès au marché américain. Il devenait nécessaire pour Claripharm, qui travaille déjà avec le distributeur en ligne local Sustain Natural, de se renforcer pour gagner le marché de la distribution. « Nous avons des demandes grandissantes pour être vendu en grande distribution mais notre process logistique pêchait. »
Claripharm vient ainsi donc d’investir 500 000 euros dans un site de 370 m², à quelques encablures de son siège de Saint-Alban, pour répondre aux demandes américaines. « C'est un site uniquement logistique. Le thermoformage reste externalisé. Nous ensachons désormais chaque coupe menstruelle dans une salle grise avant de la mettre dans son emballage carton, décrit la dirigeante. Aujourd’hui, nous sommes pleinement satisfaits des premiers résultats, mais 2019 doit marquer une nouvelle étape de notre croissance. Et elle passera forcément par les États-Unis. »
L’Asie en ligne de mire
Désormais conseillée par Olivier Le Bars, ex-directeur du site Blanc Aréo Technologies (Lisi Aerospace) à Plérin, Clarisse Le Court travaille à une nouvelle levée de fonds. « Nous recherchons 3,5 millions d’euros afin de passer un cap. Si le travail réglementaire a été important et stratégique pour conserver un temps d’avance sur la concurrence qui pointe le bout de son nez, il faut désormais poursuivre nos efforts en termes de R & D. »
La Corée du Sud et le Japon sont clairement dans le viseur des marchés export à conquérir. « Malgré ce que l’on pourrait penser, on voit que l’Asie est au fait des risques sanitaires engendrés par les tampons hygiéniques. Notre distributeur au Vietnam est, par exemple, l’un de nos meilleurs clients. Il y a un véritable potentiel commercial mais aussi des lobbys industriels moins puissants et des États qui ont compris que la santé de leurs concitoyennes était centrale. » Une prise de conscience que Clarisse Le Court s'étonne de ne pas encore voir poindre en France...
