Gérard Hoffmann est un patron à part dans le microcosme économique costarmoricain. D’abord par le fait qu'il dirige, avec sa femme Martine, l'unique cinéma multiplexe du département, mais aussi par sa passion communicative autour du septième art. « Je suis cinéphile avant d’être patron. Ma rencontre avec Robert Rossi, patron des ex-Griffon et Royal en 1985, a été décisive. En quelques mois, je suis passé du statut de stagiaire à celui de gérant. Incroyable pour un passionné de cinéma comme moi. »
Sept années de procédures
En 1992, la famille Hoffmann, via la société Cinécrans (4,5 millions d’euros de chiffre d’affaires, 30 salariés) rachète le cinéma Griffon et s’active pour dessiner le futur des salles obscures dans l’agglomération de Saint-Brieuc. « En 1994, les premiers multiplexes ont émergé. Quatre ans plus tard, nous posions les bases d’un complexe de 9 salles sur la zone actuelle de Trégueux. Les Côtes-d’Armor auraient pu faire partie des premiers en Bretagne. Il nous aura fallu sept années de procédures pour parvenir à créer le Cinéland. »
Gérard Hoffmann remporte la mise auprès des politiques locaux en s’associant avec son concurrent Soredic, exploitant du Club 6, afin de conserver un cinéma en centre-ville de Saint-Brieuc. « De 400 000 entrées en 2004, nous avons dépassé les 700 000 entrées en 2017. Cela démontre un véritable besoin et un attachement des Costarmoricains. L’investissement de 7 millions d’euros réalisé a démontré toute sa pertinence. »
Une salle unique en Bretagne
Conscients de la nécessité de toujours conserver une longueur d’avance, notamment sur le plan technologique, Gérard et Martine Hoffmann multiplient les initiatives pour faire de leur équipement un véritable pôle de loisirs. « En 2017, nous avons inauguré l’une des plus grandes salles de cinéma du grand Ouest, doté d’un son haute définition, d'une projection en 4K et d'un écran de 240 m². »
Une nouvelle enveloppe de 2,5 millions d’euros est mise en jeu. « Par sa capacité d’accueil - 570 places -, cette salle est capable de s’inscrire au-delà du simple cinéma. Nous accueillons régulièrement des colloques d’entreprises ou des soirées privées. » Confronté à des limites en termes de réceptif, le Cinéland reste toutefois freiné dans cette stratégie de diversification. « Des projets sont en réflexion pour agrandir le hall. Mais, je ne souhaite pas me poser en concurrent de l’offre locale. Notre élément principal d’attractivité est et doit rester le film. »
Un acteur du centre-ville
Dans cette dynamique, Gérard Hoffmann vient d’investir 250 000 euros dans une nouvelle rénovation du Club 6, après une première tranche d’un million d’euros en 2010. « Nous avons toujours estimé que ces deux sites étaient complémentaires. C’est important de conserver cet accès à la culture en centre-ville de Saint-Brieuc. Lors de la création du Cinéland, on nous a reproché de faire du mal à la ville. Pourtant, alors que nous fêterons les 15 ans du multiplexe en 2019, nous prouvons à nos détracteurs le contraire. »
