Côtes-d'Armor
Ces 2 500 balles en travers de la gorge
Côtes-d'Armor # Politique économique

Ces 2 500 balles en travers de la gorge

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Julien Uguet, journaliste et responsable d'édition Côtes-d'Armor au "Journal des Entreprises" — Photo : Le Journal des Entreprises

La première salve a été celle d’un ex-syndicaliste de Chaffoteaux-et-Maury, Martial Collet. En bon opposant politique, il a ouvertement dénoncé l’aide publique à la création d’emploi accordée par Saint-Brieuc Armor Agglomération pour le projet Genesis de requalification des 65 000 m² de friche industrielle de la zone des Châtelets. À ses yeux, impensable que les deniers de la collectivité - 2 500 euros par emploi créé - puissent « subventionner » des entreprises s’implantant sur ce site qui a vécu conflits sociaux sur plans sociaux, avant de fermer ses portes en 2009.

Photo : Séverine Gervois Taquet Photographe

En faisant un simple calcul, l’annonce faite par la société E-Loft, le premier occupant des lieux, de créer 100 emplois en deux ans, lui permettrait d’engranger 250 000 euros sur la période. Cette multiplication, plusieurs patrons de l’agglomération l’ont également faite. Ne partageant en rien les convictions du syndicaliste de Force Ouvrière, ils sont restés tout aussi estomaqués devant cette aide à l’embauche, criant à l’injustice et au traitement de faveur différencié.

Ces 2 500 balles, qui ne passent pas, revêtent pourtant une réalité plus nuancée. Ils s’adressent en effet… à toutes les entreprises du territoire, quelle que soit leur zone d’implantation… Ouverte dès la première nouvelle embauche, cette subvention répond toutefois au prérequis de créer et/ou reprendre au moins 10 emplois CDI équivalent temps plein sur une période de 3 ans. Mieux encore pour éviter tout effet d’aubaine, la subvention ne peut pas dépasser un montant maximum de 90 000 € pour les entreprises industrielles s’installant sur un site industriel vacant. On est donc loin des 250 000 euros fantasmés.

Cet imbroglio à 2 500 euros témoigne toutefois d’un nécessaire travail de pédagogie de la part des services de Saint-Brieuc Armor Agglomération pour mieux expliquer les choses aux chefs d’entreprise. Il leur faudra aussi apprendre, dans un futur proche à mieux contenir l’emballement communicatif de leurs élus politiques pour éviter de mettre du même côté de la barrière syndicat et patronat.

Ce billet a été publié dans Le Journal des Entreprises édition Côtes-d'Armor n°376, novembre 2018.

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