Breizent : Le fond Ardens prend la main
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Breizent : Le fond Ardens prend la main

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Internet P-dg fondateur du groupe Breizent, connu pour sa filiale de création de sites web Access From Everywhere (marque Star Web), Gilles Auvinet passe la main. Il a vendu début novembre son entreprise au fond d'investissement parisien Ardens. Entretien exclusif.
— Photo : Le Journal des Entreprises

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ourquoi avoir choisi de vendre le groupe Breizent au fonds Ardens?

Il était temps pour moi de passer à autre chose car je pense avoir fait le tour avec AFE. Franchement, je commençais depuis un an à venir au travail à reculons. À ne plus m'épanouir professionnellement.


Comment s'est déroulée cette vente?

Le hasard. En fait, début janvier, j'avais décidé d'ouvrir le capital d'AFE à hauteur de 20%. Nous avons réalisé un tour de table sur Paris avec plusieurs fonds susceptibles de nous apporter du cash. De l'argent qui nous aurait permis de soutenir nos projets de croissance externe. Au final, deux lettres d'intentions nous ont été transmises en juin: l'une par le fond Oddo, l'autre par Société Générale Private Banking.


Et puis Ardens a surgi...

Effectivement. J'ai reçu un jour un courrier de cette société qui se montrait intéressée par Breizent. Nous ne les connaissions pas et ils arrivaient tard dans le processus. Pourtant, au travers de l'un de leurs associés gérants, Frédéric Ruppli, leur insistance pour nous soutenir était grandissante. J'ai eu connaissance que Ardens était actionnaire à 30% du groupe Icare, l'un de nos concurrents. Nous avions d'ailleurs fait de cette société l'une de nos cibles dans le cadre de nos projets de croissance externe.


Pourquoi céder finalement la totalité de vos parts?

Pour les raisons expliquées ci-dessous. La lassitude et cette envie de passer à autre chose. Ardens a réalisé un audit financier et juridique courant août. Tout est allé ensuite très vite puisque la transaction s'est achevée le 4novembre. Il m'a été proposé de rester actionnaire minoritaire, avec des responsabilités stratégiques, mais j'ai réellement souhaité tourner la page.


Quel a été le montant de la transaction?

L'ensemble du groupe a été cédé 5millions d'euros. C'est moins que la valorisation estimée fin 2009 qui était à l'époque de 12millions d'euros. Mais j'ai réellement pensé que c'était le repreneur qu'il fallait pour AFE. Ardens n'est pas un fond spéculatif. C'est un regroupement d'entrepreneurs qui ont un regard stratégique, beaucoup plus opérationnel que de simples financiers. À plus ou moins long terme, Breizent et Icare devraient fusionner. D'ailleurs, au niveau du management, mon départ a rebattu les cartes. P-dg d'Icare, Bruno Delmas est désormais le président de l'ensemble dirigé par David Serdimet, ex-dg d'AFE.


Pourquoi le montant réel de la transaction n'est finalement que de 3,2millions d'euros?

La transaction a été minorée par deux éléments: les pertes de la filiale Melen pour un montant d'un million d'euros sur deux exercices que j'ai souhaité prendre personnellement à ma charge. À côté de cela, une provision de garantie sur la vente, d'un montant de 800.000euros, a été effectuée. Elle couvrira les frais d'une éventuelle condamnation du groupe dans les contentieux toujours en cours. Je récupérerai ces obligations sous cinq ans.


Qu'en est-il d'ailleurs de cette histoire?

Du tribunal de Guingamp, la procédure a été renvoyée à celui de Saint-Brieuc. Elle suit son cours et je suis parti l'esprit serein car cela devrait déboucher sur un non-lieu.


Et quid de Melen?

L'activité de l'entreprise, spécialisée dans les chaudières à granulés de bois, a cessé en septembre dernier. Le retournement du marché lui a été fatal. La fermeture s'est effectuée sans heurts. Tous les fournisseurs ont été payés et le portefeuille clients vendu à Savelys. Cette société assurera le SAV. Melen a pâti de l'explosion d'AFE à laquelle j'ai dû consacrer toute mon énergie.


Comment allez-vous désormais occuper votre temps?

Je vais me consacrer à ma famille. Puis, je vais me chercher une nouvelle activité professionnelle. Je souhaite me servir des fonds issus de la vente pour soutenir trois ou quatre PME régionales dans les nouvelles technologies.


Vous avez pour cela créé une structure dédiée?

Je l'ai appelé Kresk Investment. Kresk signifiant croissance en Breton. L'idée n'est pas d'être un simple business angel. J'entends jouer un rôle opérationnel dans les structures que je vais accompagner. J'ai besoin d'être actif, de maîtriser les choses, de pousser les gens, etc. Je cible plus particulièrement deux secteurs: la publicité sur internet et la multidiffusion sur portail.


Quel regard portez-vous sur l'accueil réalisé à AFE lors de son implantation sur le pays de Saint-Brieuc?

Je n'étais pas le bienvenu. L'entreprise sentait le souffre. Beaucoup de gens ont pensé que l'arrivée d'AFE dans l'ancien siège régional de Céléos était un coup, que cela ne durerait pas. Mais AFE est une valeur sûre en pleine croissance avec un marché captif déjà fort de 8.000 clients. Il n'a été retenu que l'image véhiculée par les contentieux. Pour preuve, lors de l'inauguration du siège en juin, j'avais invité une vingtaine d'élus. Un seul est venu. Seule l'union professionnelle interpatronale des Côtes-d'Armor, particulièrement son délégué général Emmanuel Mégret, m'a soutenu lors de mon implantation.
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