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Bio3G engrange les succès pour ses engrais bio
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Bio3G engrange les succès pour ses engrais bio

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Profitant d’une tendance de fond consistant à limiter l’usage des engrais chimiques pour préserver la planète, le fabricant de substrats et compléments Bio3G a vu ses ventes boostées par les difficultés d’approvisionnement de ces engrais à cause de la guerre russo-ukrainienne. L’entreprise va acquérir le finistérien Stereden, qui produisait une algue utilisée dans certains de ses produits, et poursuit l’investissement dans la recherche.

Fruit de ses recherches, Bio3G pourrait sortir un biostimulant de résistance des végétaux au stress hydrique en 2024 — Photo : DR

Bio3G fête cette année ses 25 ans. La PME qui produit des biostimulants sous forme de substrat pour le sol (65 % du chiffre d’affaires), les plantes (20 %) et de compléments alimentaires dans le domaine animal (15 %) est passée pendant ce laps de temps de la phase expérimentale à la phase industrielle. En 25 ans, elle a multiplié par 40 le nombre de ses clients (aujourd’hui au nombre de 40 000) et le nombre de ses salariés (400). Elle est même allée au-delà de cette démultiplication en termes de chiffre d’affaires en générant 43 millions d’euros en 2021 (48 millions attendus en 2022).

Cette évolution positive et constante de l’activité connaît même une accélération depuis 2020 avec la hausse du prix des engrais, amorcée pendant la Covid et catapultée à des niveaux très élevés par la guerre en Ukraine. "Les engrais chimiques ont vu leurs prix multipliés par trois ou quatre et on pourrait en manquer au printemps", explique le dirigeant de l’entreprise, Marc Guillermou. "De plus en plus d’agriculteurs se tournent vers nous car nos biosolutions leur permettent de se passer d’une partie de ces engrais."

Progression des ventes

Une partie seulement car les biostimulants ne peuvent pour l’instant pas remplacer entièrement les engrais chimiques. "Ça, ça sera le moteur électrique", illustre le chef d’entreprise. "Ce que nous proposons aujourd’hui, c’est un moteur hybride, qui permet aux agriculteurs de faire aussi bien avec jusqu’à 20 % d’intrants chimiques et polluants en moins, remplacés par nos solutions qui respectent l’environnement." Une proposition de plus en plus adoptée puisque, par exemple, son produit Alternazote a vu ses ventes doubler depuis le mois de mars.

La société créée (avec deux associés partis depuis) par Marc Guillermou continue parallèlement son évolution. Avant la fin de l’année, elle va acquérir la totalité du capital de l’entreprise finistérienne Stereden (près d’1 M de CA) dont elle possédait déjà 50 %. Ce producteur d’algues produit la matière première, la crème d’algues, des stimulants foliaires de Bio3G. "Cette acquisition va nous permettre d’améliorer notre autonomie industrielle et notre savoir-faire", estime le dirigeant. L’achat est réalisé par Bios Développement (CA non communiqué), bras armé industriel et filiale à 100 % de Bio3G. C’est elle qui a déjà acquis deux friches industrielles qui assurent désormais 70 % de la fabrication des produits de Bio3G (le reste est sous-traité).

Deux millions d’euros d’investissement en 2022

L’une de ces deux friches, acquise en 2006 pour un investissement total d’1,5 million d’euros, est située dans le Gard. L’unité de production qui y a été installée fabrique sur 3 000 m² les produits liquides foliaires et des granulés à base organique. L’autre, achetée en 2016, a accueilli une autre unité de production et a été mise en service après un effort financier d’1,5 million d’euros également. Elle se situe dans le Maine-et-Loire et assure la fabrication des biostimulants destinés à l’hygiène de la litière des animaux et à ceux à base minérale. Elle s’étend sur 20 000 m² et réalise 40 % de la production de Bio3G.

Entre l’achat de Stereden et des investissements dans les deux unités de production du groupe, Bios Développement aura engagé près de deux millions d’euros en 2022.

La PME costarmoricaine a également continué d’investir dans la recherche, le cœur de son activité. Son laboratoire, construit en 2012 sur le site de son siège, à Merdrignac, compte cinq salariés. "Nous travaillons sur un biostimulant de résistance des végétaux au stress hydrique", confie celui dont le père était agriculteur dans le Finistère. "Nous sommes sur la bonne voie pour une mise sur le marché en 2024." L’année prochaine, des formules seront expérimentées sur le terrain et, en cas de confirmation de son efficacité, les procédures d’homologation seront lancées.

Outre le laboratoire, les recherches bénéficient d’une serre expérimentale, créée au siège en 2016, ainsi que d’un réseau d’une quinzaine de fermes pilotes, qui jouent un rôle élargi. "Elles assurent l’expérimentation technique des futurs produits", relate le chef d’entreprise. "Mais elles proposent également des espaces dédiés à la formation et à l’information des salariés et des clients. Et elles sont également un vecteur de communication, pour présenter notre savoir-faire." Ce réseau est né il y a trois ans et a vocation à doubler dans les cinq ans.

Dans le groupe Éléphant Vert

Bio3G peut également s’appuyer sur sa maison mère depuis 2018, Éléphant Vert (EV, 80 millions d’euros en 2022, 800 salariés, basé en Suisse), qui évolue dans le même domaine d’activité mais est tournée vers l’Afrique, et qui mène des recherches notamment dans le domaine du biocontrôle. Ce dernier permet de protéger les plantes de ses agresseurs de manière biologique. "Nous contribuons à ce dossier d’avenir, en partenariat avec Éléphant Vert", confirme le Costarmoricain. Éléphant Vert commercialise déjà des produits de biocontrôle notamment pour lutter contre le criquet, l’ennemi majeur des cultures sur le continent africain.

Ce rapprochement capitalistique a permis à Bio3G de s’appuyer sur "un actionnaire d’avenir" et d’élargir son portefeuille de produits. Réciproquement, les biostimulants de l’entreprise costarmoricaine se verront ouvrir les portes des marchés africains. L’export représente aujourd’hui 16 % des ventes et progresse. Depuis 2005, Bio3G possède un établissement commercial en Suisse, qui compte 40 salariés, et en Belgique depuis 2021, avec quatre salariés. Les effectifs devraient doubler dans ce pays dans les cinq ans, tandis qu’une implantation en Allemagne (pays déjà "travaillé" commercialement par deux salariés) devrait aboutir dans les trois ans. Les Pays-Bas pourraient suivre ensuite.

La force commerciale est prépondérante dans le modèle de la PME. "Nous réalisons 100 % de nos ventes en direct, de cours de ferme en cours de ferme", souligne Marc Guillermou. C’est pourquoi les effectifs consacrés à la promotion des produits se révèlent si nombreux. Ils sont 300 conseillers, techniciens et experts techniques, épaulés par 45 collaborateurs en télévente. "L’objectif est de doubler le chiffre d’affaires dans les dix ans et de passer à 6 ou 700 salariés", se projette déjà Marc Guillermou.

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