Alain Coudray (Comité des pêches des Côtes-d’Armor) : « Les pêcheurs ne veulent pas du parc éolien offshore d’Ailes Marines »
Interview

Alain Coudray président du comité des pêches des Côtes-d’Armor Alain Coudray (Comité des pêches des Côtes-d’Armor) : « Les pêcheurs ne veulent pas du parc éolien offshore d’Ailes Marines »

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Président du comité des pêches des Côtes-d’Armor, Alain Coudray confirme que les pêcheurs mettront tout en œuvre pour empêcher le parc éolien offshore en baie de Saint-Brieuc de voir le jour.

Alain Coudray, président du comité des pêches des Côtes-d'Armor, estime que le parc éolien, tel qu'il est présenté ne tient pas ses promesses — Photo : @DR

Quelle est la position du comité des pêches des Côtes-d’Armor sur le projet d’implantation d’un parc éolien offshore par la société Ailes Marines en baie de Saint-Brieuc ?

Le monde de la pêche, dans son ensemble, est contre le projet porté par la société Ailes Marines. Le dialogue avec le porteur de projet n’est pas rompu mais de plus en plus tendu. Faute de garanties non tenues, de véritables interlocuteurs et du fait d’un certain amateurisme, nous avons perdu la confiance. Et il est désormais certain que les pêcheurs se mobiliseront massivement dès les premiers coups de pioche du chantier. On constate que lancer des recours ne sert à rien puisqu’ils sont rejetés. Nous avons donc prévenu les pouvoirs publics, en premier lieu le préfet des Côtes-d’Armor, que nous mettrons tout en œuvre pour empêcher ce chantier.

Au départ du projet en 2007, les professionnels de la pêche étaient pourtant dans une tout autre disposition, pourquoi un tel revirement ?

Effectivement, mais cela remonte déjà à 13 ans avec un projet qui n’a eu de cesse d’évoluer. À l’origine, les pêcheurs n’étaient pas fondamentalement contre le projet. Nous avions rencontré tous les porteurs de projets. Nous avions été concertés sur la zone envisagée pour l'implantation des éoliennes. Nous avions obtenu que des garanties techniques et environnementales soient mises en place en amont du chantier afin d’en mesurer les impacts futurs. Un chargé de mission dédié avait été financé et des mesures compensatoires étudiées. Tout s’est bien passé jusqu’en 2016 et l’évolution du cahier des charges.

Ailes Marines annonce pourtant un démarrage du chantier en 2021. Qu'en pensez-vous ?

Il ne faut pas qu’ils comptent sur ce timing. C’est d’autant plus impossible que des études, pourtant obligatoires avant de lancer le chantier, sont en cours ou n’ont pas encore commencé. C’est le cas notamment sur la question des conséquences du bruit sur les populations de sèches et de céphalopodes. Les pêcheurs sont les garants de la mer, de sa biodiversité et surtout de l’avenir d’une filière économique qui compte en Côtes-d’Armor. Avec 9 salariés et un budget proche d’un million d’euros, le comité fédère toute la profession soit 300 bateaux côtiers et hauturiers. Cela représente 800 marins et 2 400 personnes à terre qui valorisent nos produits. On ne veut pas que 63 éoliennes viennent détruire tout cela.

Le projet porté par Ailes Marines n’est-il à vos yeux pas assez structurant pour l’économie bretonne ?

Où sont les 5 000 emplois promis à la Bretagne lors de l’appel d’offres ? Je constate que la filière des EMR, tant promises, n’est pas au rendez-vous. Il n’y a qu’à voir les entreprises retenues pour l’heure, elles sont toutes étrangères. En face, notre flottille se développe, investit massivement avec de nombreux jeunes qui s’installent. Je ne veux pas être celui qui les enverra au casse-pipe pour un projet mal ficelé et où les réponses attendues ne sont pas apportées.