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Ailes Marines : "Les gros travaux d'infrastructure sont toujours conflictuels"
Saint-Brieuc # Production et distribution d'énergie # Investissement

Ailes Marines : "Les gros travaux d'infrastructure sont toujours conflictuels"

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Stéphane Alain Riou, directeur des activités offshore d’Iberdrola, a mené le déploiement du parc éolien de la baie de Saint-Brieuc, dont les premières machines vont être mises en activité cet été. Le dirigeant évoque l’avenir du site mais jette également un regard en arrière, sur les oppositions dont a souffert le projet.

Stéphane Alain Riou arrive au bout d’un projet qui aura demandé plus de dix ans — Photo : DR

Une partie des éoliennes du parc de la baie de Saint-Brieuc doit être mise en service dès l’été. Les travaux avancent-ils comme prévu ?

Le cahier des charges prévoyait une mise en service graduelle de 20 %, soit douze éoliennes, cet été, puis 50 % et 100 % en décembre 2023. Nous sommes dans les temps mais 2023 est une année charnière, avec énormément d’activité et beaucoup de travaux à mener en même temps, tout en assurant la sécurité maritime, ce qui demande une coordination importante. Le printemps sera plein de challenges.

Quelles sont les étapes suivantes du chantier ?

En 2022, 65 % des pieux ont été installés et 45 % des jackets (fondation des éoliennes, NDLR). Au printemps, il faudra terminer ces installations. La campagne de câbles inter-éoliennes a démarré fin janvier. À la fin du printemps, un bateau viendra avec quatre mâts, quatre turbines et quatre jeux de pâles pour l’installation des quatre premières éoliennes.

Ailes Marines, entreprise sans chiffre d’affaires, va-t-elle changer d’activité ?

Ailes Marines, qui était le développeur et le constructeur du parc va en devenir l’exploitant. Avec un seul client, EDF Transport, et des revenus qui sont constitués du prix de rachat de l’électricité produite à un tarif fixe pendant quinze ans, qui sera ensuite le prix du marché. Ce tarif est de 155 euros le Mégawatt. Nous sommes l’un des champs les plus chers car nous étions parmi les premiers. Le dernier projet en France, celui de Dunkerque, est au tarif de 44 euros le Mégawatt. Le marché de l’énergie est sous tension. Il faut avoir une vision stratégique du développement de l’énergie durable, que ce soit l’éolien terrestre, le photovoltaïque ou le off shore. L’énergie renouvelable est concurrentielle, voire moins chère que l’atome. Le PDG d’Iberdrola (le géant espagnol est la maison mère d’Ailes Marines, NDLR) a défini quatre marchés prioritaires : les USA, l’Australie, l’Allemagne et la France.

Quelle sera la rentabilité du parc ?

Le taux de rentabilité se situera dans la gamme habituelle…

Le budget de 2,4 milliards d’euros sera-t-il tenu ?

Aujourd’hui, nous sommes dans l’objectif de coût respecté. Malgré cette année 2023 très chargée, nous restons dans ces prévisions, même si le nombre des postes peut exploser ou diminuer en fonction de la conjoncture.

Quel regard portez-vous avec le recul sur les oppositions au parc éolien de la baie de Saint-Brieuc ?

Les gros travaux d’infrastructure sont toujours conflictuels. La notion d’intérêt général n’est pas toujours comprise de la même façon quand on est proche géographiquement du projet. On est souvent assez d’accord sur le papier mais ce n’est plus pareil quand on prend conscience des choses, d’autant que notre industrie est récente en France, ce qui a entraîné des suspicions.

Les pêcheurs ont été parmi les plus virulents opposants, le comprenez-vous ?

Nous étions de nouveaux entrants sur leur terrain de jeu, cela a créé des tensions. Et ils étaient sous tension à cause du Brexit et de la politique européenne des quotas. Ce qui est paradoxal, c’est qu’il n’y a jamais eu autant de contraintes, d’études d’impact que pour notre projet. D’ailleurs, il n’y a pas eu d’écroulement des stocks de coquilles et de pêche pendant les travaux. Le parc sera entièrement pêchable, nous avons aligné les éoliennes en fonction du courant idéal pour la pêche, nous avons espacé les machines d’1,3 kilomètre, les câbles, qui devaient être enfouis à 50 %, le seront à 100 %, ce qui a entraîné plusieurs millions d’euros de surcoût. Ces oppositions étaient difficiles à gérer mais il fallait que la filière soit acceptée. Nous avons dit ce que nous allions faire et nous avons fait ce que nous avions dit.

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