Yann Barbaux : « Aerospace Valley veut structurer la filière drones »
Interview # Aéronautique

Yann Barbaux président d'Aerospace Valley Yann Barbaux : « Aerospace Valley veut structurer la filière drones »

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À l'occasion de son 14e forum annuel, le pôle de compétitivité Aerospace Valley (aéronautique, espace, drones et systèmes embarqués), qui couvre la Nouvelle-Aquitaine et l'Occitanie, a présenté sa feuille de route pour les quatre années à venir. Objectif : se préparer aux compétitions mondiales autour des nouveaux programmes, depuis les aéronefs autonomes jusqu'au « new space » en passant par les avions électriques.

Aéronefs autonomes, avions à propulsion électrique, drones, "new space" : la filière aéronautique et spatiale française doit se "préparer aux batailles à venir" selon Yann Barbaux, président du pôle Aerospace Valley — Photo : David Bécus / Aerospace Valley

Des chiffres d’affaires en hausse, une dynamique d’emploi qui ne s’essouffle pas : tous les voyants sont au vert pour la filière aéronautique et spatiale du grand Sud-Ouest ?

Yann Barbaux : Le territoire d’Aerospace Valley (régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie) confirme en effet sa position de premier bassin d’emplois dans la filière avec 146 000 salariés, 8 500 chercheurs et 13 000 étudiants. La seule année 2017 a ainsi vu la création de 3 900 emplois supplémentaires, quand le chiffre d’affaires pour l’aéronautique connaissait une hausse de 4,7 %. Selon les chiffres de l’Insee, on sait aussi que le spatial progressait dans le même temps de 18,5 %. Si le moment est opportun pour investir et rester compétitif, ces résultats ne doivent pas nous faire oublier qu’il faut nous préparer aux batailles à venir. Que ce soit pour offrir des solutions sur les nouveaux programmes d’aéronefs autonomes et connectés, sur les futurs avions à propulsion électrique, ou encore pour faire émerger de nouveaux acteurs dans le « new space » (arrivée d'entreprises privées dans un secteur spatial longtemps resté public, NDLR).

Comment le pôle entend-il répondre à ces enjeux industriels ?

Y. B. : La feuille de route du pôle 2019-2022 tient compte des grands enjeux sociétaux tels que la sécurité, la transition énergétique et l’intelligence artificielle. Il s’agit en outre de se consacrer à de nouvelles filières d’avenir, dont la filière drones. Ce secteur en forte croissance est en phase de structuration. Il couvre un domaine extrêmement large qui comprend des petits drones légers pour la surveillance d’ouvrages, des drones de combat ou d’autres capables de transporter des charges lourdes, voire des passagers. Cette structuration verra en outre l’intégration du cluster Drones AETOS. Les autres secteurs stratégiques du pôle concernent notamment le développement d’avions plus efficients, privilégiant les carburants alternatifs. Le spatial voit quant à lui l’émergence de nouveaux acteurs et la multiplication d’applications ; nous devons travailler à l’anticipation des besoins et des compétences pour répondre aux gros problèmes de recrutement qui limitent la croissance des entreprises.

Vous avez placé votre forum annuel sous le signe de l’Europe. En quoi cela concerne les PME de la filière ?

Y. B. : Au-delà du cadre historique du développement des grands programmes aéronautiques et spatiaux, l’Europe est une source de financement importante. Pour les PME, c’est une opportunité d’accroître leurs financements et de développer des projets collaboratifs. Plus que jamais il est demandé aux acteurs du pôle de peser de tout leur poids pour capter ces financements. Le pôle compte par ailleurs dédier rapidement une personne au lobbying à Bruxelles. Quoi qu’il en soit, cette ambition européenne nécessite une coordination avec d’autres partenaires, c’est le sens de la signature d’un nouveau protocole avec le cluster allemand Hamburg Aviation visant notamment à aider les TPE et PME à postuler conjointement à des programmes de financements et à lancer des échanges interentreprises pour les jeunes salariés.

# Aéronautique # Spatial