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Vinea Énergie transforme les ceps de vigne en énergie renouvelable
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Vinea Énergie transforme les ceps de vigne en énergie renouvelable

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Née en 2020, l’entreprise girondine Vinea Énergie s’est lancé le pari de transformer les co-produits de la vigne en énergie renouvelable. Déjà à l’œuvre sur le cep, elle se prépare à entrer en phase préindustrielle.

La plateforme de stockage est la première étape du processus industriel imaginé par Vinéa Énergie — Photo : Vinéa Énergie

Et si les ceps de vigne transformés en bois de chauffage pouvaient alimenter une école à quelques pas du vignoble où ils ont poussé ? C’est la philosophie de la jeune entreprise girondine Vinea Énergie, lancée en septembre 2020 par Romain Guillaument, docteur en physique et ingénierie et sa femme Alice Shaw, ancienne caviste à la tête d’une société de dégustation de vins. Ayant pour ambition de créer une nouvelle filière énergétique en économie circulaire à partir de pieds de vignes arrachés (3 à 5 % des vignobles en France par an), souvent brûlés faute d’alternatives, elle cherche à les transformer en bois énergie vendu en BtoB pour alimenter des chaudières biomasse d’industriels ou de collectivités.

Le cep circulaire

"Nous sommes dans une démarche RSE décarbonée qui veut surveiller son poids de CO2. Notre processus industriel permet d’économiser 60 % des émissions dues au brûlage des ceps", assure Romain Guillaument. Les pieds de vignes, ramassés gratuitement, sont transportés en camions (ceux de GT Solutions) jusqu’à une plateforme de transformation, "des espaces de deux hectares bitumés situés à des points stratégiques du vignoble pour garantir un ramassage en circuit court", précise Alice Shaw. Le vigneron reçoit une attestation regroupant le volume ramassé et l’équivalent en CO2 évité, des informations à intérêt commercial et environnemental, "notamment pour améliorer la traçabilité de ses déchets".

Deux plateformes installées

Deux plateformes girondines sont déjà installées, à Saint-Christoly-de-Blaye au nord du département et Saint-Michel-de-Rieufret au sud, d’autres sont à l’étude dans le Médoc et le Cognaçais. Stockés sur place, les pieds sont ensuite broyés pour devenir du bois combustible. Actuellement, ils sont transformés en plaquettes mais ont vocation à terme à devenir du compost, des agropellets, du biochar ou encore du paillage, des produits à plus haute valeur ajoutée, transformés au sein d’unités industrielles, encore à l’étude mais adaptables en fonction des transformations choisies.

Ambitions nationales

Comptant sur le captage croissant de gisements locaux pour pérenniser son modèle, Vinea Énergie est déjà en phase de financement. "À court terme, nous souhaitons mobiliser des business angels pour réunir 700 000 euros afin d’accroître le rythme de notre production de plaquettes", confirme Alice Shaw. Une levée de fonds plus massive est prévue pour la fin de l’année pour déployer les premières unités industrielles. L’espoir de ses créateurs est d’essaimer le modèle, notamment dans la Loire et l’Occitanie.

370 000 tonnes de pieds de vignes arrachés par an

"Nous espérons capter 80 à 90 % du gisement national qui représente 370 000 tonnes de pieds de vignes arrachés par an. Si nous mettons en place tous les circuits de valorisation, nous arriverions à un chiffre d’affaires de 50 à 60 millions d’euros et, surtout, nous éviterions l’émission de 2,5 millions de tonnes de CO2", confirme Romain. Sans s’interdire l’accès au marché des particuliers (inaccessible pour des questions de normes), Vinea Énergie réfléchit, enfin, aux possibilités de valoriser d’autres co-produits de la vigne.

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