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Veracash investit pour démocratiser l'usage de l'or
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Veracash investit pour démocratiser l'usage de l'or

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Proposant un compte adossé à des métaux précieux, la fintech bordelaise Veracash a réalisé en avril une levée de fonds de 2 millions d'euros auprès de ses clients. Elle doit permettre à l'entreprise, qui vise déjà un développement à l'international, d'étendre son panel de services.

Jean François Faure (au centre), fondateur de Veracash — Photo : Romain Béteille

En 2020, la société bordelaise Veracash a réalisé un chiffre d’affaires de 86 millions d’euros - contre 26 millions d’euros en 2019 - avec une activité quasiment multipliée par quatre entre mars et mai dans un contexte où le cours de l’or a franchi un record de valeur (l’once a atteint 1 743,82 euros en août 2020, NDLR). L’entreprise, qui propose un compte en ligne et une carte de paiement crédités en métaux précieux (or et argent) et diamant, a levé en avril 2 millions d’euros auprès de 1 500 clients pour asseoir son développement après une année 2020 singulière.

"Durant les trois premiers mois du confinement, nous étions les seuls acteurs de ce type sur le marché de l’or en France à pouvoir opérer. Notre système d’or reposant dans des coffres (au port franc de Genève) est un modèle plus résilient et efficace dans une problématique de pandémie", assure le fondateur de Veracash, Jean-François Faure. À titre d’exemple, selon le dernier rapport du World Gold Council, les investissements de particuliers en lingots et pièces d’or ont bondi de 36 % en glissement annuel au premier trimestre 2021.

Anticiper les crises

Pour comprendre les ambitions de Veracash, il faut d’abord détailler l’historique professionnel de son fondateur. En 2006, Jean-François Faure est déjà un entrepreneur mais il est loin du monde de la finance. Au début des années 2000, il revend sa première société de référencement web et en gère une seconde spécialisée dans la traduction. "Je ne voulais pas subir un choc économique, je souhaitais rendre mon entreprise résiliente. J’ai vu que l’or était un actif moderne, cyclique, mais personne ne savait m’en vendre au nom de ma société".

L’entrepreneur potasse et crée en 2009 la société Au Coffre (aujourd'hui composée de 25 personnes), qui conserve des matières précieuses pour le compte de tiers dans des coffres de haute sécurité, non bancaires, et organise l’achat et la vente de ces dernières à distance, selon les cours mondiaux desdites matières. Le tout fonctionne sur un système de commissions (0,5 % pour l’or en lingots, 3 % pour les pièces et jetons en or, 7 % sur l’argent et le métal et 10 % sur le diamant) et est avant tout destiné à effectuer de la "conservation de patrimoine", autrement dit un placement financier. La crise boursière de 2008 et les tensions financières affiliées ont servi de rampe de lancement.

Veracash, elle, est née plus tard, en 2017, comme une entité devenue peu à peu indépendante. Au départ nommée "Veracarte", la société propose aujourd’hui un compte en ligne adossé à ces fameux métaux précieux et diamants, destiné aux particuliers ou aux professionnels, vendu comme une "alternative" aux banques et aux monnaies traditionnelles. À la différence d’Au Coffre, Veracash, propose une carte de paiement dédiée. Cette carte est créditée en euros versés par le client comme pour un compte classique, et instantanément convertis en métaux précieux sous la forme d'unités Veracash ou VRC (1 VRC étant l'équivalent d'un euro), utilisables pour les paiements du quotidien.

Le but : démocratiser l'utilisation des pièces et autres lingots et, plutôt que de les laisser dormir, les faire "tourner". Les pièces, par exemple, représentent "plus des trois quarts des ventes" selon Ignacio Sainz Iglesias, responsable de Veracash. "Nous voulions étendre le nombre de personnes concernées par notre offre, les clients d’Au Coffre étant traditionnellement des CSP + ", ajoute Nicolas Faucon, responsable marketing. Veracash avait donc pour ambition, dès le départ, "d’adapter le modèle anglo-saxon à la culture française, très orientée sur les pièces d’or" en proposant un système avantageux fiscalement pour les résidents fiscaux français et promettant des virements bancaires gratuits, même hors zone euro, sans commission sur les retraits et paiements mais avec des frais d'inactivité au-delà de six mois sans opération (0,02% par jour).

Accélérer le développement

En 2017, la société a levé 575 000 euros auprès de 220 contributeurs lors d’une opération de crowdfunding. Elle a aujourd’hui l’ambition, sans être une néobanque, de devenir "le deuxième compte des Français après leur compte bancaire". Pour cela, Veracash se transforme pour ressembler de plus en plus à un organisme fournissant des services bancaires, sans les traditionnelles activités de crédit accolées aux banques classiques.

Sa dernière levée de fonds, censée "financer de futures innovations", Jean-François Faure l’a effectuée d’une manière un peu particulière. "Nous voulions financer des projets dont on connaît le coût sans lever plus que ce qui était nécessaire". Le cap maximum, 2,5 millions, correspondait à 12 % de prise de participation de la part de ses clients. Le tout s’est réalisé au sein d’une bourse privée pour éviter l’entrée au capital de gros investisseurs étrangers et ainsi garder le contrôle de la majorité des parts, dans le but d’accélérer la mise en place de nouveaux services.

Les projets en question se résument en une phrase : concurrencer les néobanques avec son système alternatif. Veracash se dotera bientôt d’une nouvelle carte et d’un IBAN propre. "Aujourd’hui, chaque client dispose d’un IBAN virtuel qui nous sert seulement à encaisser les fonds qu’il nous envoie pour les investir chez nous. Demain, nous souhaitons lui permettre de faire des prélèvements, des virements et, à terme, d’avoir un compte en euros en attendant les fluctuations du marché pour investir et changer ses euros en métaux précieux. Le tout restera quand même bridé", détaille Ignacio Sainz Iglesias, confirmant la volonté de proposer une alternative supplémentaire.

Vers de nouveaux services

D’où l’idée d’un troisième type d’or, s'appuyant sur des pièces ayant un cours légal en euros, pour permettre au client de se laisser le temps de la réflexion sur le métal dans lequel il veut investir, en fonction des opportunités laissées par des cours fluctuants. "Si l’euro s’effondrait, ces euros investis vaudraient a minima la valeur des pièces en or. C’est un peu la même posture que ces États ou ces grandes banques qui étaient prêts à payer des taux négatifs pour faire garder leurs propres euros. C’est une question de confiance dans nos coffres", ajoute le fondateur de l’entreprise.

Les premiers nouveaux services de l’entreprise devraient voir le jour à la rentrée prochaine. D’ici là, avec une année 2021 en demi-teinte du fait d'une once d’or au cours plus incertains, Veracash a revu ses ambitions, espérant atteindre son chiffre d’affaires de 2020 (contre un prévisionnel de 135 M€ avant sa levée de fonds). La société voit encore un peu plus loin : en adossant un futur IBAN à un compte en euros, elle sera ensuite capable de traiter plusieurs devises. Elle espère, avec ces nouveaux investissements qui seront réalisés grâce à un "établissement de paiement français" (auparavant, Veracash était agent de paiement d’une société irlandaise), s’ouvrir à l’international, mais en restant prudente.

"Nous ferons cela par le biais de partenaires locaux, comme des acheteurs ou des vendeurs d’or, comme une sorte de co-branding", explique l’entrepreneur bordelais. "Ça ne se fera pas avant 2023, ce qui ne nous empêchera pas de faire des acquisitions à l’étranger dans des pays limitrophes d’ici là", souffle son directeur marketing.

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