Unicem Nouvelle-Aquitaine : « Nous devons arriver à faire accepter nos activités »
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Patrice Gazzarin président de l'Unicem Nouvelle-Aquitaine Unicem Nouvelle-Aquitaine : « Nous devons arriver à faire accepter nos activités »

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Patrice Gazzarin est président de l'Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (Unicem) Nouvelle-Aquitaine. Le syndicat représente sur le territoire 350 entreprises qui génèrent plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires annuel.

En créant l'Unicem Aquitaine, Patrice Gazzarin a été confronté "à la crainte de certains territoires ruraux d’être absorbés par la grande métropole bordelaise" — Photo : Unicem

L'Unicem Nouvelle-Aquitaine est née, en début d'année, de la fusion des trois syndicats de l'Aquitaine, du Limousin et du Poitou-Charentes. Quelle est la mission de cette nouvelle fédération régionale ?

Patrice Gazzarin : Nous devions nous doter d’une organisation qui prenne en compte les évolutions liées à la réforme territoriale et ses nouveaux périmètres administratifs et politiques. Ce n’était pas forcément évident, nous avons notamment été confrontés à la crainte de certains territoires ruraux d’être absorbés par la grande métropole bordelaise. Ils avaient peur d’être relégués sur un strapontin. Il a fallu prendre en compte ces réticences, ces freins.

Il est vrai que lorsqu'on observe le territoire de la Nouvelle-Aquitaine, il y a peu de choses communes entre une entreprise de la Creuse et du Pays Basque. Alors durant trois ans, nous avons mis en place une structure temporaire et construit cette organisation pour que chaque territoire se sente écouté. Par ailleurs, cette vision plus globale, à l’échelle de la région, est plus efficace et pertinente pour les flux d’approvisionnement de nos chantiers.

Quels sont les grands enjeux auxquels sont confrontés vos adhérents producteurs de matériaux minéraux ?

P.G. : Notre rôle est de défendre les intérêts collectifs et de faire la promotion de la filière auprès des parties prenantes. Elle a un poids économique et social important dans certains territoires ruraux où l’industrie a disparu. Nous aidons les adhérents, majoritairement des PME, à prendre en compte les évolutions réglementaires et législatives.

Le principal enjeu pour notre filière est qu'elle dépend de la capacité d’accès aux ressources naturelles qui sont dans les sous-sols. Or il y a un véritable problème d'acceptabilité de nos activités. Nous travaillons pour être mieux acceptés, pour que notre empreinte industrielle soit la plus douce possible. Nos activités ont forcément des impacts (visuels, bruit, poussière), mais nous pouvons trouver des solutions. Et puis, il y a l’activité elle-même qui consomme et neutralise de l’espace. Lorsque l’on essaie de vendre un projet à un élu, on fait valoir que l'on peut ensuite réaménager les espaces exploités (en centres de loisirs, en théâtres en plein air…). Mais nos interlocuteurs sont élus pour une courte durée, nos projets les intéressent moins quand ils apprennent que la durée d'exploitation d'une carrière est de 15 ou 20 ans.

Travaillez-vous sur la question du transport de ces matières premières, notamment du granulat ?

P.G. : Le camion sur la route, c'est un problème évidemment. Mais est-ce la responsabilité du carrier ou du client ? Nous avons essayé de monter des projets avec la SNCF car nous ne transportons aujourd'hui que 5 % des marchandises par rail. Mais sa politique a été de privilégier les voyageurs au détriment du fret. Nous travaillons aussi sur des solutions fluviales et maritimes. Il faut surtout faire un effort pour rendre le transport routier plus propre car les transports alternatifs sont pas forcément adaptés. L’avenir, c’est le camion propre. Hydrogène ? Électrique ? Des innovations qui vont dans le bon sens !

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