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Satelia : "Les solutions technologiques de e-santé ne doivent pas négliger l'humain"
Bordeaux # Santé

Satelia : "Les solutions technologiques de e-santé ne doivent pas négliger l'humain"

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Aux côtés du centre hospitalier universitaire de Bordeaux, Satelia (25 collaborateurs, 600 000 euros de chiffre d'affaires en 2019) a développé une solution de télésurveillance médicale. Une appli, remboursée par la Sécurité sociale.

Nicolas Pagès, fondateur de Satelia, a mis ses études entre parenthèses pendant deux ans pour développer la solution technologique en e-santé. — Photo : DR

Quelle solution propose Satelia ?

Nicolas Pagès : Satelia est une usine à fabriquer des applis ultra-personnalisées destinées à n’importe quel médecin, oncologue, cardiologue, pour suivre l’état de santé de ses patients à domicile. Le patient reçoit par texto un lien sécurisé et va pouvoir remplir un formulaire. Ces informations personnalisées sont traitées par algorithmes qui les traduisent en score de risque pour le transmettre au médecin. Par exemple, un malade chronique pourra recevoir ce questionnaire deux fois par semaine, au vu de ses réponses, cela pourra éviter des hospitalisations, des transports et des consultations inutiles. En un an, plus de 15 centres ont adopté Satelia, qui est remboursée à 100 % par la Sécurité sociale, pour optimiser le suivi de leurs patients. Parmi eux, le CHU de Bordeaux, où a été co-développée la solution en copropriété, les centres hospitaliers de Pau, Narbonne, La Rochelle ou encore de Bayonne.

Quand avez-vous créé Satelia ?

N. P. : J’étais étudiant en dixième année de médecine, filière anesthésie-réanimation. Je pensais mettre mes études en pause pendant un an pour ce projet qui me demandait du temps et autour duquel je souhaitais fédérer une équipe. Le point de départ a été de vouloir améliorer ma pratique dans le contexte actuel de difficulté profonde à assurer des soins de qualité et d’une demande grandissante des usagers. Le digital permet de nous donner une vision de ce qui se passe à l’extérieur, là où il faudrait une armée d’infirmières pour assurer ce suivi. Je pensais faire une pause d’une seule année, mais à l’issue de celle-ci, j’ai compris qu’il me faudrait une année supplémentaire pour concevoir un étage managérial. Depuis novembre, j’ai repris mes études. J’arrive toutefois à trouver du temps pour Satelia, à condition de savoir prioriser.

Qu’est ce qui explique le succès de votre solution de e-santé ?

N. P. : La plupart des solutions technologiques en santé ont tendance à négliger l’humain, qui doit au contraire rester au cœur d’un projet hautement éthique. Nous restons très proches du terrain, dans un état d’esprit de soignants. Par ailleurs, nous connaissons et respectons les process de l’hôpital, on ne s’en affranchit pas. Des développements sont en cours à Tarbes, avec l’université de Bordeaux ou encore avec l’hôpital Cochin à Paris. La commercialisation va débuter courant février en Italie et en Allemagne. Nous sommes en train de faire naître un leader européen. Nous n’avons pas prévu d’autres levées de fonds que celle d’un million d’euros effectuée en amorçage en 2019. Le chiffre d’affaires de Satelia est de 600 000 euros et devrait doubler en 2020. Pour nous déployer, nos besoins sont identifiés. Il nous faut des partenaires, industriels qui souhaitent innover en e-santé. Nous cherchons aussi des jeunes médecins également tentés par l’innovation, mais également des ingénieurs, développeurs, infirmiers et commerciaux…

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