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Pascal Personne (aéroport de Bordeaux) : « La LGV n'a pas tué l'aéroport »
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Pascal Personne président du directoire de l'aéroport de Bordeaux-Mérignac Pascal Personne (aéroport de Bordeaux) : « La LGV n'a pas tué l'aéroport »

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Pas une semaine ne passe sans que ne soit annoncée une ouverture de ligne, l'implantation d'une compagnie aérienne, des chiffres record… A ceux qui pensaient que la LGV allait phagocyter son activité, Pascal Personne, président du directoire de l'aéroport de Bordeaux-Mérignac (210 salariés, 82 M€ de CA en 2018) répond « international » et « low cost », sans pour autant occulter son principal point faible : la taille de ses infrastructures.

Pascal Personne, président du directoire de l'aéroport de Bordeaux, a déployé une stratégie payante pour amortir les effets de la LGV. — Photo : Astrid Gouzik

Le Journal des Entreprises : 6,7 millions de passagers en 2018, bientôt 110 lignes desservies, l’ouverture d’une base Ryanair : l’aéroport de Bordeaux ne s’est jamais aussi bien porté. Finalement, vous avez survécu à l’arrivée de la LGV !

Pascal Personne : On avait cette perspective difficile devant nous : la LGV pouvait « tuer » la première ligne de l’aéroport puisque la navette d’Air France, c’était 1 million de passagers par an. Il y a eu une érosion - la fréquentation de la navette a diminué de 20 % - mais beaucoup plus faible que ce qu’espérait la SNCF. Elle estimait au départ que le train pouvait prendre 100 % du trafic aérien, ils en sont encore loin. On pense néanmoins qu’on n’a pas encore atteint le point bas.

Dès 2009, vous avez adapté votre stratégie avec la création du terminal Billi pour les compagnies low cost. C’est ce qui vous a sauvé ?

P.P. : En 2009, nous accueillions aux alentours de 3 millions de passagers par an. En moins de 10 ans, on a doublé le trafic puisque nous avons accueilli 6,2 millions de passagers en 2017. Et 70 % de cette croissance est due aux compagnies low cost.

Et cela devrait s’intensifier encore avec la création d’une base Ryanair. C’est une belle prise pour Bordeaux ?

P.P. : Nous n’étions pas le seul aéroport sur les rangs. Ce qui a joué dans leur décision, c’est que Billi répond aux attentes d’une compagnie low cost. On assume les critiques qui peuvent être adressées à ce terminal, en raison de son caractère très sommaire, mais pour une compagnie low cost, c’est efficace. Ils ont un objectif de productivité et nous avons démontré que notre modèle est opérationnel. Par définition, Billi ne nous a pas coûté cher donc on facture une redevance moins élevée aux compagnies que sur le Hall A et le Hall B. Et Ryanair a vu qu’il y avait un véritable marché sur la métropole, du loisir et de plus en plus de business.

Vous espérez attirer d’autres compagnies low cost ?

P.P. : Il faut savoir raison garder. Nous allons commencer par doubler la surface de Billi, mais le chantier ne sera livré que début 2021. En attendant, on va devoir gérer avec l’existant ! Si on a trop de vols sur Billi, on pourra en transférer vers le terminal A. C’est certainement ce qui se passera l’été prochain.

« Les surfaces commerciales sont une source de revenu majeure pour les aérogares. »

Ces travaux étaient provisionnés dans le plan de 130 millions d’investissement sur quatre ans ?

P.P. : Oui. Nous sommes en forte croissance maintenant, c’est clair, il faut développer les infrastructures donc nous allons aussi construire une grande salle d’embarquement en rez-de-piste, pour les vols internationaux, livrable début 2020. Nous allons ajouter 4 postes avions. L’autre gros projet est un bâtiment de jonction entre les deux terminaux, côté piste, pour mutualiser les postes d’inspection filtrage. Et nous allons aussi créer des surfaces commerciales car nous n’en avons quasiment pas aujourd’hui, or c’est une source de revenu majeure pour les aérogares.

Allez-vous augmenter vos revenus fonciers ?

P.P. : Nous louons certains de nos terrains effectivement, notamment à Sabena Technics pour son nouveau hangar. Notre plus belle source de revenu foncier sera la parcelle, à l’entrée de l’aéroport, où vont être construits un hôtel quatre étoiles, un centre de conférence et des locaux tertiaires supérieurs. Nexity porte cette opération qui devrait être livrée mi 2020.

Vous avez également lancé un chantier de modernisation de parcs autos. Est-ce que ces agrandissements seront suffisants ?

P.P. : Nous l’espérons mais nous réfléchissons déjà à la phase suivante. Si le trafic continue à croître, il faudra envisager un parking silo, une bonne solution pour économiser de l’espace mais très coûteuse et comme nous finançons tout sur fonds propres…

« Le tram ? Je pense que la zone aéroportuaire le mérite bien ! »

L’extension de la ligne A du tram devrait résoudre en partie les problèmes de stationnement ?

P.P. : Nous l’avons attendu longtemps et je suis ravi de son arrivée en 2021. Je pense que la zone aéroportuaire le mérite bien !

Un autre axe de développement crucial était l’international. N’allez-vous pas bientôt atteindre un palier ?

P.P. : En 2004, nous faisions 75 % de trafic domestique. Aujourd’hui, c’est vrai, l'international a progressé, il reste peu de zones non desservies. Nous pouvons toutefois encore nous développer en Europe de l’Est.

« On espère donner des idées à d’autres compagnies sur des vols transatlantiques ! »

On travaille également quelques développements en long-courrier. Air Canada va ouvrir une ligne vers Montréal l’été prochain en 737-800 MAX, le moyen-courrier de Boeing reconfiguré pour faire des vols longs. Il s’agit d’un avion de petite capacité, 150 sièges, donc plus facilement rentable. On espère que cela donnera des idées à d’autres compagnies sur des vols transatlantiques !

New York ?

P.P. : Jolie ville ! (sourire)

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