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Mesoigner.fr veut fluidifier l'accès aux pharmacies
Bordeaux # E-commerce # Conjoncture

Mesoigner.fr veut fluidifier l'accès aux pharmacies

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L’entreprise bordelaise MeSoigner.fr (15 salariés, 900 000 euros de CA en 2019) crée des solutions logicielles dédiées aux pharmaciens pour faciliter leurs relations aux patients. Pendant la crise, la PME a accompagné les officines sur des usages qu’elle entend aujourd’hui développer. Objectif : dématérialiser le maximum de services et fluidifier les passages physiques en pharmacie.

Amaury de Chalain et Xavier Mosnier-Thoumas, cofondateurs de Mesoigner.fr à Bordeaux en 2013. L'entreprise de e-services et de vente en ligne accompagne 900 pharmacies en France, elle ambitionne de porter son portefeuille clients à 2 000 pharmaciens connectés, soit 10 % du marché — Photo : DR

Quand la France entière cherchait des masques, du gel hydroalcoolique et des thermomètres, les pharmacies de ville et de quartier étaient prises d’assaut. À l’inverse, celles des grandes surfaces connaissaient une désaffection inédite. La crise liée à la pandémie a rebattu les cartes pour l’entreprise bordelaise MeSoigner.fr, créateur de sites internet autorisés à la vente de médicaments en ligne. « Dans l’urgence, les pharmacies des centres commerciaux nous ont demandé des solutions pour conserver leur patientèle, quand les autres voulaient que l’on les aide à freiner les flux sur leur site, ne pouvant pas en assurer le suivi. Il a fallu parfois bloquer les commandes », se souvient Amaury de Chalain, cofondateur en 2013 de l’entreprise aux côtés de Xavier Mosnier Thoumas. Il a fallu aussi gérer le flot de réglementations et décrets interdisant la vente de produits réquisitionnés ou limitant celles de la chloroquine, du paracétamol ou des patchs et gommes anti-tabac…

15 fois plus de commandes en ligne

Enchaînant nuits blanches et sueurs froides, « à la limite de la saturation », les quinze collaborateurs de la PME en télétravail ont dû adapter l’infrastructure informatique à l’afflux d’activité dès les soubresauts enregistrés le week-end qui a précédé le confinement. Le nombre de serveurs a été doublé, auprès de l’hébergeur Claranet, spécialiste des données sensibles, passant de deux à quatre. « Nous avons enregistré huit fois plus d’e-ordonnances envoyées électroniquement sur les sites des pharmacies référencées et 15 fois plus de commandes passées en ligne », note le dirigeant.

En outre, aux 900 pharmacies clientes de Mesoigner.fr, sont venues s’adjoindre des dizaines d’officines dépassées par les événements. « Nous leur avons mis gratuitement à disposition notre outil de gestion d’agenda et d’ordonnances qui permet au patient d’envoyer son ordonnance en ligne et de prendre rendez-vous dans la pharmacie. Cette solution permet de cadencer les passages en pharmacie en priorisant l’accueil des patients à risque sur des rendez-vous spécifiques », se félicite Amaury de Chalain.

Un modèle à réinterroger

L’entreprise, rentable depuis 2017, connaît depuis une croissance régulière de 30 % par an. Affichant un chiffre d’affaires de 900 000 euros en 2019, Mesoigner.fr s’est fixé un résultat de 1,2 million pour 2020, en ligne avec ses objectifs d’avant la crise. « Notre chiffre d’affaires ne dépend pas du nombre de visiteurs et nous ne répercuterons pas les coûts additionnels issus du confinement. Les vraies questions de sortie de crise sont celles relatives à notre business model », confie Amaury de Chalain.

Ainsi, la PME souhaite développer son service de livraison dans l’agglomération bordelaise et en a d’ores et déjà revu les prix. « De longue date, nous voulions développer ce service qui représentait 20 courses avant la crise, et 500 depuis. À 3,90 euros la livraison, nous perdions un peu d’argent, nous sommes donc passés pendant la crise au coût réel, soit à 5,90 euros ».

Des entretiens en visio

Il s’agit surtout désormais pour l’acteur de e-santé d’engager ses clients dans la digitalisation de nouveaux services, dont les entretiens en ligne de cardiologie, neurologie, nutrition, de suivi de diabète ou de tension. « Ces services autour des maladies récurrentes ont été mis de côté pendant la crise, mais ils doivent être poussés, ils représentent le véritable enjeu », indique le dirigeant. « Mais pour l’heure il faut également faire en sorte que les patients inquiets retrouvent le chemin de leur pharmacie », sourit Amaury de Chalain.

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