Il a suffi d'une année à Guillaume Brochard pour s'imposer dans le top 10 du négoce bordelais. Inconnu de la place girondine il y a quelques mois, il dirige aujourd'hui un groupe viticole qui exploite près de 600 hectares de vignes, emploie 120 personnes et a enregistré un chiffre d'affaires de 75 millions d'euros en 2016.
Ancien de la joaillerie
Guillaume Brochard a fait fortune en Chine, où il a créé la marque de joaillerie Qeelin, revendue en 2013 au groupe Kering. Il a ensuite pris le temps de la réflexion pour savoir dans quelle aventure entrepreneuriale il allait se lancer. « Depuis 30 ans, je travaille dans des secteurs comme l'automobile ou la joaillerie, où j'ai un intérêt pour la démarche entrepreneuriale, mais pas pour le produit. Cette fois, j'ai voulu allier l'utile à l'agréable, et j'ai décidé de m'investir dans le vin. Pour moi, il s'agit d'un secteur qui marie business et style de vie, vie urbaine et nature, mais aussi la France et la Chine, qui sont mes pays de naissance et d'adoption ». Le groupe viticole qu'a constitué Guillaume Brochard est né en mars 2016, avec l'acquisition de GRM. Cette société de négoce basée à Pineuilh est spécialisée dans la production et la distribution de vins de Bordeaux et du Sud-Ouest. Elle détient trois propriétés en AOC Bordeaux (Picon, Guillaume Blanc et Grandefont), pour un total de 212 ha, et un vignoble de 11 ha en AOC Duras (Les Roques). Quelques mois plus tard, en novembre, Guillaume Brochard annonçait la reprise de La Guyennoise, dans l'Entre-deux-Mers, et des châteaux Cazeaux et Giraudot (300 et 50 ha en AOC Bordeaux).
Quatre actionnaires dont deux Chinois
En quelques mois, Guillaume Brochard a donc créé une entreprise qui exploite près de 600 ha de vignes et commercialise 45 millions de bouteilles. Il ne restait plus qu'à donner un nom à son groupe : ce sera Maison Le Star. Au capital, on retrouve également deux associés chinois et Patrick Thomas, ancien DG d'Hermès International et ancien administrateur de Remy Cointreau. Pour Guillaume Borchard, « Maison Le Star n'a d'autre ambition que d'assurer la promotion du vin français, surtout à l'international. Pour les jeunes générations, dans de nombreux pays, le vin français profite d'une bonne image, mais est considéré comme un produit inaccessible en raison de son prix. Il faut donc proposer des vins de qualité et abordables ». Pour cela, Maison Le Star a vocation à développer plusieurs marques sur le segment 8-15 €. De nouvelles étiquettes feront donc leur apparition dans les prochains mois, en plus des marques déjà existantes : Be Pink, Villa Bordeaux, Rosé on ice... « Nous allons beaucoup travailler le marketing pour séduire le marché international, explique le dirigeant. La marque ombrelle Maison Le Star devrait faire son apparition sur les étiquettes d'ici peu. Actuellement, la société de négoce réalise un tiers de son activité en Chine.
Implantation prochaine aux USA
Pour Guillaume Brochard, qui vit à Shangaï, ce marché est prioritaire. Une filiale avec 30 salariés a ouvert sur place en novembre 2016, ainsi qu'un vaste showroom présentant les vins du groupe. Cette société d'importation est chargée de commercialiser les vins de Maison Le Star, mais aussi d'autres vins, principalement français. « L'objectif est de développer un réseau de filiales dans les principaux pays du monde, déclare Guillaume Brochard. Nous nous implanterons aux Etats-Unis l'année prochaine ».
Nouvelles acquisitions ?
Pour proposer ses marques sur toute la planète, le P-dg de Maison Le Star n'exclut pas de procéder à de nouvelles acquisitions, « pas forcément à Bordeaux ». Et il peut compter sur des outils industriels de grande capacité chez GRM et La Guyennoise. « A Sauveterre-de-Guyenne, nous utilisons une bonne partie de notre capacité de production. Mais nous disposons de marges de manoeuvre à Pineuilh sur notre chaîne d'embouteillage et pour le stockage. Si le développement est au rendez-vous, nous avons de toute façon la possibilité de nous agrandir ». Le patron ne manque pas d'ambition : le cap des 100 millions d'euros devrait être atteint dès 2019, en grande partie grâce au développement à l'international.
