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Luz Environnement veut développer le réemploi et la consigne des bouteilles de vin
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Luz Environnement veut développer le réemploi et la consigne des bouteilles de vin

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Annie Le Deunff s'est lancée, il y a deux ans, dans un pari osé : développer une filière de collecte et de réemploi de bouteilles de vin à Bordeaux. Sa première usine sortira bientôt de terre.

Annie Le Deunff a créé Luz Environnement en 2019 à Bordeaux — Photo : Romain Béteille

La créatrice

Annie Le Deunff n’a pas vraiment le profil d’une "serial entrepreneuse". Avec Luz’ine, elle se lance même dans son premier défi professionnel. Avant d’imaginer ce concept automatisé de réemploi consigné des bouteilles en verre, elle a beaucoup bougé. Longtemps commerciale de terrain dans la grande distribution, elle s’est également muée en formatrice en techniques de vente et en communication. Passée par divers postes dont elle ressortait souvent déçue, elle s’est d’abord mis en tête de reprendre une société avant de se heurter au mur du financement. Si elle se définit comme quelqu’un de "profondément écolo", Annie a profité du hasard d’une idée pour la transformer en business à fort potentiel (522 millions de bouteilles de vins de Bordeaux vendues en 2020 selon le Conseil Interprofessionnel du vin de Bordeaux, dont 43 % à l’export). "Ma réelle expertise, c’est de savoir ce qu’il ne faut pas faire. Ce qu’il faut vraiment faire, je vais le découvrir", ironise-t-elle.

Le concept

D’ici l’automne, Luz ouvrira sa première usine d’environ 1 200 mètres carrés à Bordeaux, entièrement automatisée. Les bouteilles y seront lavées (à l’eau soudée) et passeront une batterie de tris (laser, optique) avant d’être gravées puis chargées sur des palettes à destination des viticulteurs, qui paieront le prix de la consigne en fonction du volume de bouteilles livrées. Ses trois salariés seront là pour vérifier que tout fonctionne correctement. Pour que le modèle économique se pérennise, Luz compte sur le réemploi (chaque bouteille devra être réutilisée trois fois au minimum) et surtout la massification et la captation de gros gisements de bouteilles provenant notamment de la grande distribution ou des cafés, hôtels ou restaurants. Le projet, évalué à 1,9 million d’euros de budget total, a déjà été soutenu par la région Nouvelle-Aquitaine (210 000 euros), l’Ademe et Citeo (environ 500 000 euros). Luz a également trouvé un premier investisseur (à hauteur de 30 000 euros) et ne s’interdit pas d’en dénicher d’autres pour réduire le volume de prêt bancaire nécessaire au projet.

Les perspectives

La Convention citoyenne pour le climat a beau avoir plébiscité la généralisation de la consigne du verre, le projet de loi climat lui a fait perdre son caractère obligatoire et elle ne sera pas appliquée avant 2025. Ces freins n’empêchent pas Annie Le Deunff d’y croire. Son objectif initial, qu’elle affirme être sous-estimé, serait de remettre dans le circuit du réemploi "895 000 bouteilles la première année et un million de bouteilles pour arriver à l’équilibre économique", pose-t-elle. "À terme, l’objectif est d’atteindre une part de marché d’environ 2 %, soit 5 millions de bouteilles par an à horizon 2023."

Elle évoque également la mise en place d’une "application qui permettra de centraliser les demandes et les gisements de bouteilles", souligne-t-elle. Pour que tout fonctionne, l’ancienne commerciale mise évidemment sur une vaste participation. "Cette automatisation industrielle ne se fera pas sans un écosystème fort. Je pense que c’est le territoire le plus propice pour que tout se passe bien", croit-elle.

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