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Les chocolats d'Hasnaâ Ferreira veulent croquer l'export
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Les chocolats d'Hasnaâ Ferreira veulent croquer l'export

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Passionnée de chocolat, reconvertie en artisan chocolatière suite à un licenciement économique, Hasnaâ Ferreira a ouvert sa boutique-atelier à Bordeaux en 2014. En parallèle de l'ouverture d'une nouvelle boutique, elle consolide une démarche à l'export qui porte déjà ses fruits.

— Photo : Anne Cesbron - Le JDE

Il y avait à Rouen, une serre. Et dans cette serre, un cacaoyer. Hasnaâ Ferreira se souvient des cabosses, singuliers fruits ovales, qui s’épanouissaient en ces contrées septentrionales. Elle-même avait quitté la Gironde pour se former à l’art du chocolat à l’Institut National de la Boulangerie Pâtisserie dans le cadre d’une reconversion, après un licenciement économique.

Un public réceptif

Son CAP en poche, la jeune femme est de retour à Bordeaux pour ouvrir en novembre 2014 la boutique-atelier Hasnaâ Chocolats Grands Crus, rue Fondaudège. La chocolatière ne transige pas : son chocolat est noir, peu sucré, issu des meilleures plantations. D’emblée, ses « bonbons », comme elle les appelle, régalent les gourmets. « Je prends le temps d’expliquer qu’il existe une palette incroyable de goûts, selon le pays, le type de terroir, les méthodes de fermentation, de torréfaction, de conchage… A Bordeaux, j’ai la chance d’avoir un public réceptif. On utilise le même langage fait de notes, d’astringence, de tanins… »

Des événements extérieurs accélèrent ce démarrage. La ligne D du tramway est confirmée, Hasnaâ Ferreira comprend que sa boutique-atelier, aux premières loges du futur chantier, va connaître les affres des travaux. Elle signe le bail d’une seconde boutique, rue de la Vieille-Tour, adresse prestigieuse et touristique. Bingo ! Des acheteurs japonais lui passent commande. Il faut dire qu’entre temps la jeune femme – que le grand public a découvert dans l’émission télé MasterChef, diffusée sur TF1 – a décroché bon nombre de récompenses, dont celle de la meilleure chocolatière, à l'occasion du salon du Chocolat de Paris. Pour la Saint-Valentin 2017, elle envoie une palette de 300 boîtes et 600 tablettes au pays du Soleil Levant, puis 21 800 boîtes en 2018. Elle peut croquer son succès à pleines dents : de 232 700 euros de chiffre d'affaires en 2015, elle passe à 750 000 euros en 2017 et emploie aujourd'hui neuf salariés.

Séduire les pays nordiques

Mais c’est vers les pays scandinaves que son regard se tourne désormais. « J’en suis convaincue, il y a une place pour nos chocolats dans les pays nordiques. » La CCI est venue en soutien sur ce marché à l’export, lequel sera, l’espère la chef d'entreprise, plus accessible que le Japon, très contraignant en matière de douanes et de communication. La Région Nouvelle-Aquitaine aussi a craqué pour cette « pépite », en lui décernant une distinction pour sa démarche à l’export; lors des journées World Connexion; en juin.

La suite s’écrira à partir de Bordeaux, où les chocolats grands crus se dégustent ici et là en glaces, en mousse, et même dans les plus grands châteaux. Hasnaâ Ferreira vient d’investir 22 000 euros dans une grande conche américaine, un équipement qui va lui permettre de se lancer dans la tendance « bean to bar », autrement dit « de la fève à la tablette », selon un enseignement reçu récemment à Atlanta. Tout semble possible pour la trentenaire éprise de botanique. Qui confie dans un sourire que son rêve ultime prend la forme de serres tropicales, à Bordeaux. Et dans ces serres pousseraient des cacaoyers.

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