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Le girondin Berkem mise sur les marchés américains et asiatiques
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Le girondin Berkem mise sur les marchés américains et asiatiques

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La PME industrielle Berkem, dont le siège social est basé à Blanquefort (Gironde), a elle aussi ressenti les secousses provoquées par la crise sanitaire. Mais le spécialiste de la chimie mise sur la "naturalité" pour soutenir ses activités à l’export.

— Photo : Berkem

« Notre métier, c’est de transformer les choses qui paraissent intransformables en produits à impact environnemental moins important ». En quelques mots, Olivier Fahy résume l’ambition de Berkem, l’entreprise qu’il dirige. Depuis plus de cinquante ans, cet acteur de la chimie s’inscrit dans cette dynamique, qui l’amène aujourd’hui à revendiquer proposer plus de 95 % de produits d’origine biosourcée. « Nous intervenons dans la microchimie de spécialité dont le dénominateur commun est d’arriver à terme à une chimie d’origine végétale », précise Olivier Fahy.

« Nous avons trois grands pôles : l’un, historique, est celui des extraits végétaux pour les filières alimentaires et cosmétiques. Deuxièmement, nous sommes formulateurs de produits, et notamment de biocides — ce produit voué à détruire, repousser ou rendre inoffensifs les organismes nuisibles, à en prévenir l’action ou à les combattre, par une action chimique ou biologique, NDLR — destinés au marché du bâtiment. Enfin, depuis quatre ans, nous fabriquons aussi de la résine pour le marché de la peinture et de l’encre d’imprimerie », détaille le responsable de Berkem. En tout, 170 personnes composent le groupe, qui a réalisé en 2019 un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros sur ses activités industrielles.

La difficulté du tout bio

Concernant la partie la plus traditionnelle de son activité, les extraits végétaux, l’entreprise « achète des végétaux terrestres secs pour aller chercher une famille d’actifs dans une plante. Quand on fait un café, on fait de l’extraction végétale, on prend la totalité de l’extrait. Nous, nous le “saucissonnons” pour aller chercher l’extrait qui nous intéresse et qui intéresse surtout le marché, un grand nombre d’acteurs de la cosmétique et l’agroalimentaire qui suivent de près nos produits biosourcés notamment. C’est un véritable succès pour nous. Il en est de même pour la peinture, nous avons fait émerger une gamme de produits à impact réduit. »

« La difficulté du tout bio, c’est que cela peut empêcher d’utiliser des moyens d’extraction, on peut ainsi passer à côté de molécules d’intérêt »

Biosourcés pour la plupart, donc, les produits de Berkem ne sont pas pour autant forcément labellisés « bio ». « La difficulté du tout bio, c’est que cela peut empêcher d’utiliser des moyens d’extraction, on peut ainsi passer à côté de molécules d’intérêt. Toute notre stratégie ne peut être fondée là-dessus, mais nos clients savent que nos technologies peuvent faire coexister des chimies traditionnelles avec une diminution des risques très importante. Et ceux qui sont intéressés par des produits bio, nous avons aussi de quoi les satisfaire », explique Olivier Fahy à l’évocation d’une concurrence de plus en plus forte sur ce créneau. D’autant plus depuis le début de la pandémie et le besoin accru des consommateurs de contrôler la provenance des produits qu’ils utilisent.

« Cette crise sanitaire a démarré, pour nous, en octobre 2019, avec l’arrêt des exportations vers l’Asie. Nous réalisons 47 % de notre chiffre d’affaires à l’export dont un quart vers ce continent. Notre activité est vraiment repartie aux alentours de juillet », estime le patron de l’entreprise dont le siège social est basé à Blanquefort (Gironde).

La tendance de la naturalité

Pour 2021, la PME industrielle compte sur quatre nouvelles gammes d’eaux florales pour soutenir ses activités à l’export, notamment vers l’Amérique du Nord. « Il y a une grosse demande, qui n’est pas seulement conjoncturelle, même si la conjoncture l’accélère sans doute. Le marché de la cosmétique, entre autres, tend vers la naturalité, et nous lui fournissons donc des extraits correspondant à cette demande. En étant obligés de nous limiter sur certains choix, car les marchés asiatiques ou américains n’autorisent pas tout, légalement, en la matière. »

Ces deux continents, précisément, sont des territoires de croissance pour Berkem, qui espère voir son chiffre d’affaires progresser de 10 à 12 % en 2021. « Nous allons poursuivre une stratégie commencée depuis un moment, à savoir rester des chimistes du végétal et accentuer notre travail pour des produits à faible impact environnemental. Nous avons donc des produits que nous créons, qui sont le fruit de notre imagination, mais nous en faisons aussi “à façon”, c’est-à-dire que nous recevons des industriels qui nous font part de leur problématique et nous demandent de mettre au point une solution », conclut Olivier Fahy. C’est également sur ce modus operandi, qui représente un tiers de son activité, que le groupe entend s’appuyer pour assurer sa croissance.

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