Le bateau de sauvetage gage de sérénité de Couach
# Naval

Le bateau de sauvetage gage de sérénité de Couach

S'abonner

Le chantier naval Couach à Gujan-Mestras (Gironde) observe un tournant stratégique avec le contrat passé avec la SNSM. Le programme « Nouvelle flotte » porte sur le besoin de la Société nationale de sauvetage en mer de renouveler près de 140 de ses bateaux sur une période de dix ans pour un montant avoisinant les 100 millions d’euros.

Olivier Goudet, responsable administratif et Christian Giacometti, directeur sourcing et supply chain dans un hangar dédié à la construction d'un yacht de 37 mètres. — Photo : JDE

En cette fin de journée de novembre, deux modèles de bateaux sont en cours de construction dans les hangars de Couach (180 salariés ; 28 M€ de CA en 2018) : un intercepteur de 14 mètres et un yacht de 37 mètres. Le premier fait partie d’un contrat de 22 unités commandées par un des trois nouveaux clients importants que l’entreprise a su convaincre ces deux dernières années. Leur identité reste confidentielle. On sait toutefois que le Moyen-Orient représente un gros terrain d’affaires pour le constructeur naval sur le segment militaire. Couach réalise plus de 90 % de son chiffre d’affaires à l’export. Le sublime navire de plaisance est, quant à lui, presque prêt, restent 5 000 heures de travail sur un chantier qui en nécessite 60 000 en tout. Des offres d’achat pour le yacht sont en cours d’études, pour une mise à l’eau avant le printemps 2020.
Implanté sur le bassin d’Arcachon, le chantier naval Couach produit et maintient en opération des navires de grande plaisance de 11 à 50 mètres et des navires professionnels de surveillance et d’intervention. L’entreprise, créée en 1897 par Albert Couach, s’est amarrée aux quais de Gujan-Mestras en 1962. En 2011, le groupe Nepteam a fait l’acquisition de Couach, qui s’enorgueillit aujourd’hui d’avoir mis à l’eau plus de 3 000 navires sur les mers du monde.

Plan de 200 recrutements

« Nous avons constitué un vrai pôle maritime qui comprend R & D, bureaux d’études, industrialisation et production. Peu de gens le savent. Mais nous devons montrer notre savoir-faire, ne serait-ce que dans le cadre de notre plan de recrutement. Il nous faudrait pouvoir embaucher 200 personnes, ingénieurs, techniciens très qualifiés que ce soit sur les fonctions support, la qualité ou la logistique… », explique Olivier Goudet, responsable administratif.

Technologies de systèmes embarqués

Cet appel d’air, qui réclame d’urgence l’embauche de plus de 100 collaborateurs, s’explique par de nouveaux contrats venant de pays du Golfe, notamment en bateaux de surveillance. « Nous proposons dix références professionnelles en patrouilleurs, intercepteurs et bateaux de sauvetage indiqués pour la lutte contre le trafic de drogue, la pêche illégale, le trafic entre îles, la lutte contre l’immigration illégale, le transport de troupes, les commandos… », énumère Christian Giacometti, directeur sourcing et supply chain. « Un de nos points forts réside en nos capacités industrielles, comme nous l’avons démontré pour le contrat 2018 de 80 intercepteurs rapides. Celui-ci a été honoré dans le cadre de la construction d’un bateau par semaine, sans délai, sans défaut. » Autre spécificité mise en avant par Couach, la technologie développée en matière de systèmes embarqués. « Un virage stratégique indéniable pour les bateaux professionnels a été opéré. Nos clients ont besoin d’une interface qui intègre des systèmes de détection, de communication et d’armement. En proposant ces solutions, cela nous a permis de nous différencier de nos concurrents étrangers. »

Le fabuleux contrat de la SNSM

Une nouvelle ère serait-elle ainsi ouverte ? « C’est une nouvelle phase de développement. Nous avons désormais les moyens et les contrats pour cela. Notre gamme de produits repensés depuis 2-3 ans intègre les solutions technologiques répondant aux tendances fortes du marché de la navigation professionnelle. Nous avons bien compris les besoins des clients », se félicite Olivier Goudet. Cette expertise serait la clé du nouveau contrat passé avec la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM), dans le sillage de son programme « Nouvelle Flotte de sauvetage » engagé fin 2014. Début 2018, sur les dix chantiers en lice, trois étaient retenus. Débutait alors une année de dialogue compétitif pour déboucher, en octobre dernier, sur une négociation exclusive entre la SNSM et le chantier gujanais. Les premières mises à l’eau sont attendues début 2021 pour une phase d’essai de trois mois.
Les hangars 8 et 14 et leurs deux files d’assemblage respectives sont prêtes à accueillir ce qui va représenter 10 % de l’activité du chantier ces dix prochaines années : 140 bateaux pour un montant avoisinant les 100 millions d’euros. « Ce contrat est une fierté. Par sa récurrence, sa charge sur dix ans, c’est un gage de tranquillité pour tout chantier naval », souffle Christian Giacometti. C’est aussi semble-t-il une nouvelle carte maîtresse. Les clients « historiques » auraient d’ores et déjà réagi à l’annonce du contrat SNSM pour s’équiper de bateaux de sauvetage. On évoque notamment des besoins autour des plateformes pétrolières.

# Naval