Avec ses deux casquettes, Robert Dulery fait figure d’ambassadeur de choix pour vanter les mérites du sommet Afrique-France qui se prépare à Bordeaux. À la tête de Médicaments Export à Mérignac, il est aussi président du Club d’entreprises Bordeaux Afrique (CBSOA). Depuis des décennies, il tente de convaincre les acteurs économiques d’investir là où lui a tout misé. « Pendant près de trente ans, j’ai eu l’impression de prêcher dans le désert. Nous, les membres du club, on nous appelait les Afro-optimistes. Mais maintenant, j’ai le sentiment qu’il va bientôt être trop tard pour saisir les opportunités. Les Chinois, les Turcs, les Marocains prennent les places, prévient-il. Il faut foncer ; les voyants sont au vert, la population va doubler, pour atteindre deux milliards d’habitants en 2050. Certains pays affichent des moyennes d’âge de 20 ans, les grandes métropoles, véritables villes monde s’y développent à l’image de Lagos et ses 25 millions d’habitants.»
Fortes croissances
« On ne le sait pas assez, mais depuis 10 ans, l’Ouganda, l’Éthiopie, l’Île Maurice et d’autres affichent des PIB de + 6 % à + 10 % par an. On assiste à la création d’une classe moyenne, synonyme de nouveaux marchés dans la santé, l’éducation, l’énergie. Carrefour ouvre des centres commerciaux et crée des centres de formation, Atos recrute des milliers d’ingénieurs, L’Oreal fait de l’Afrique un continent stratégique… Le marché de l’industrie pharmaceutique, c’est + 50 % de croissance tous les cinq ans, quand en France il recule de 2 % cette année. Pour une société exportatrice, ne pas être présent en Afrique en 2020, c’est ne pas faire preuve de lucidité », poursuit-il.
Un salon d’affaires
En 2018, 6,3 % des exportations néo-aquitaines ont concerné l’Afrique. Une part qui s’est érodée ces trois dernières années, quand les importations connaissent une tendance à la hausse, de + 13,3 % sur trois ans, portées notamment par la Tunisie et le Maroc. « Nous voulons que ce rendez-vous soit un salon d’affaires, pas seulement une vitrine des savoir-faire régionaux. Sa réussite se traduira par des signatures. Nous voulons voir la création de joint-venture », lance Patrick Seguin, président de la CCI Bordeaux Gironde, rejoint par Jean Talla, directeur des projets stratégiques : « L’enjeu est la création de richesses et d’emplois. Cela passe par l’export, mais plus encore, par de vrais partenariats, voire des implantations ».
Sommet Afrique France, du 4 au 6 juin à Bordeaux. Renseignements : @email et 05 56 79 52 79.