Lalou Roucayrol : La mer dans la peau

Lalou Roucayrol : La mer dans la peau

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Ardent défenseur de la pointe du Médoc, où il a grandi, installé la société Strato Compo et construit son multicoque, Lalou Roucayrol est un skipper qui vit ses engagements avec une passion débordante. Il sera le 31 octobre au départ de la Route du Rhum.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Un peu comme le capitaine Haddock, le navigateur Lalou Roucayrol vit ses engagements avec une passion débordante. Qu'il s'agisse de terminer une régate, obtenir le ?skippage? d'un voilier de course ou défendre la pointe du Médoc... à chaque fois l'investissement est total. Les dessins qu'il s'est fait tatouer sur les bras sont là pour en témoigner. La baleine, la grand voile ou son groupe sanguin correspondent tous à des époques de sa vie où une page s'est tournée. C'est grâce à son père que Lalou Roucayrol a découvert la mer. Directeur des passages d'eau et membre du cercle nautique du Verdon, il a mis son fils sur un optimiste dès que celui-ci a su nager. « J'y ai pris goût et je me suis inscrit à l'Ecole de la marine marchande de Marseille », déclare le Médocain. Son diplôme d'électro-mécanicien en poche, Lalou Roucayrol embarque comme mousse pendant 10 jours sur un cargo qui effectue une liaison transatlantique, puis découvre les pétroliers, porte-conteneurs, chalutiers.... Mais c'est sur un voilier que le marin se sent le plus à l'aise.




Spécialiste du composite

En 1985, il s'engage sur sa première régate d'importance : la Mini transat, où il termine à la 8e place. Le goût pour la course nautique est pris, mais les événements de ce genre sont encore rares. Lalou Roucayrol est embauché par le chantier naval finistérien CDK en 1986. Il n'y reste que 6 mois, puis embarque sur un catamaran de 60 pieds... qui fait rapidement naufrage. Les mois qui suivent sont consacrés au démontage puis au réassemblage du bateau. Une expérience qui permet au navigateur de perfectionner ses connaissances dans le domaine des composites. Quelques mois plus tard (et après avoir battu le record Calais-Douvres-Calais), Lalou Roucayrol créée la société Strato Compo. « Le statut de salarié était trop précaire, explique-t-il. Il était plus facile que je devienne mon propre patron ». La PME, basée à Grayan, est spécialisée dans les composites. La majorité des parts sera cédée quelques années plus tard à Jean-Christophe Lair.




Approche sportive de la course au large

Sur l'eau, les déconvenues et les succès se succèdent. Déconvenues avec un dématage à quelques jours du départ de La Baule-Dakar, en 1991, ou lorsque son équipier Jean-Louis Miquel se coupe un doigt pendant la « Two star » en 1994. Succés avec le titre de champion d'Europe et du monde Formule 40 en 1993 ou une 2e place sur Québec Saint-Malo en 1996. Jusqu'à devenir, à partir de 1999, skipper de Banque Populaire. Dans le monde des courses à la voile, la banque mutualiste est un poids lourd du sponsoring avec un investissement annuel qui se chiffre en millions d'euros. « Avec mes équipiers, nous avons été les premiers à mettre en place une véritable approche sportive de la course au large, avec préparateur sportif, médecin et ostéopathe. La voile, ce n'est pas qu'un sport de baba cool qui se font plaisir ! ». Sur l'édition 2002 de la Route du Rhum, où seulement trois multicoques sur 18 sont à l'arrivée, Lalou Roucayrol est le seul à ne pas s'arrêter et termine 3e, après 4 jours de pétole. « Interminable ! J'ai craqué et coupé toutes les liaisons jusqu'à ce que j'aille mieux ».




Gestion du stress

Après avoir quitté Banque Populaire, Lalou Roucayrol a pris son indépendance en concevant son propre bateau (Voir interview). Le 31 octobre, il sera à Saint-Malo pour le départ de la Route du Rhum. Objectif : terminer dans les cinq premiers. Puis le navigateur s'engagera un an plus tard dans un tour du monde à l'envers, sans escale et en solitaire. Ce sera la première fois qu'un multicoque s'essaiera à cette aventure hors du commun. « On a tous peur un jour en mer. C'est la gestion de ce stress qui fait notamment la différence. Mais on ne sera jamais plus fort qu'une vague de 12 m qui s'écrase sur un bateau ».