Où l’on apprend que le recours à la thanatopraxie – autre nom de l’embaumement – n’est pas automatique, que des tombes végétalisées peuvent se substituer aux traditionnelles pierres en marbre et que l’innovation concerne également le secteur funéraire. La coopérative Syprès, créée en juin 2019 par Olivier et Edileuza Gallet à Bordeaux, est née de la volonté de ses cofondateurs d’offrir un accompagnement global aux familles, dans le respect de la philosophie et des valeurs du défunt, mais également de l’environnement. "Depuis la loi de 1993 qui a libéralisé le secteur, la concentration et la financiarisation se sont intensifiées. Nous souhaitons sortir de la standardisation de la gestion de la mort qui en résulte", expose Olivier Gallet, président de la société coopérative d’intérêt collectif.
Quatre salariés composent l’équipe actuelle, désormais basée à Talence, complétée d’un réseau de 150 sociétaires. La rentabilité de la Scic est attendue dès 2022, une centaine de funérailles permettant d’atteindre cet objectif, chaque cérémonie dégageant une marge brute de 1 000 euros. " Notre modèle nous vient du Québec qui a connu voilà 40 ans la concentration des acteurs que nous observons actuellement chez nous. Celle-ci a été suivie d’une inflation des prix telle que des familles se retrouvaient incapables de se payer des funérailles. Le modèle coopératif québécois a permis de faire baisser les prix de l’ensemble du secteur ", poursuit Olivier Gallet.
Changement de regard
C’est en 2016 à Nantes que sort de terre la première coopérative funéraire. Bordeaux lui a emboîté le pas, puis Rennes, Dijon et Tulle. Une quinzaine de projets devraient prochainement voir le jour ailleurs en France. Pour officier en tant que célébrante laïque, Edileuza Gallet, psychanalyste, a suivi une formation helvète. "De Suisse nous avons aussi rapporté le concept de café mortel, imaginé par l’anthropologue Bernard Crettaz. Un temps dédié à la parole, aux échanges pour sortir du silence ce sujet tabou", précise le président. Ce "changement de regard", qui fait de la "co-construction" avec les proches et des professionnels confrontés à la mort (salariés d’Ephad, personnels soignants…) la pierre angulaire de la structure coopérative, s’illustre par son statut de jeune entreprise innovante. Du crédit impôt recherche soutient cette activité. "Faire de l’innovation représente un défi dans ce secteur dominé par deux groupes qui se partagent le leadership : OGF et Funacap. C’est notamment nous extraire d’un modèle économique basé sur la vente d’articles, de plaques, de marbre… Nous vendons un service à la personne, de l’accompagnement, sur ce moment de fragilité", développe-t-il.
Des approvisionnements locaux
Côté préservation de l’environnement, Syprès opte pour des approvisionnements locaux et des partenariats artisanaux. La coopérative conseille ainsi à ses clients de préférer des cercueils en bois éco-certifié, des fleurs de saison, des urnes confectionnées localement. Quant à la thanatopraxie, Syprès rappelle le caractère toxique des produits utilisés, qu’ils partent en fumée ou qu’ils gagnent les nappes phréatiques. "Le coût écologique", selon le cofondateur.