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Jean d’Alos : le redressement judiciaire pour mieux sortir de l’impasse
Bordeaux # Commerce # Investissement

Jean d’Alos : le redressement judiciaire pour mieux sortir de l’impasse

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Le dernier affineur de Nouvelle-Aquitaine a été placé en redressement judiciaire à la fin de l'année 2017. Mais son propriétaire, Clarence Grosdidier, a la ferme intention de ne pas faire de cette étape l'antichambre de la liquidation. Son plan pour remettre l'entreprise d'aplomb : virage numérique, croissance externe et reprise en main managériale.

Photo : Jean D'Alos

C’est une enseigne historique de l’hypercentre de Bordeaux. Et le seul affineur de Nouvelle-Aquitaine ! Les effluves du fromager Jean D’Alos chatouillent les narines des passants depuis 35 ans, aux alentours de la Place des Grands Hommes. En fin d’année dernière, le tribunal de commerce de Bordeaux a accepté la mise en redressement judiciaire de l’entreprise. Clarence Grosdidier, entrepreneur en série et investisseur hyperactif, a mis sur pied un plan ambitieux pour que cette étape du redressement ne soit pas l’antichambre de la liquidation judiciaire.

Structurellement déficitaire

Depuis qu’il a repris l’entreprise en 2009, l’homme d’affaires a déjà réinjecté 2 millions d’euros pour renforcer les fonds propres et investir dans l’outil d’affinage, notamment. « La perte d’exploitation structurelle est liée à un déséquilibre entre les charges fixes et la taille de l’entreprise », détaille Clarence Grosdidier. Au rang des charges qui plombent les comptes de la société, le loyer de son siège historique, rue Montesquieu. Il a presque doublé en deux ans. « Il est passé de 65 000 euros à 115 000 euros par an », assure Clarence Grosdidier. Et pour ne rien arranger, parallèlement, le fromager a vu son activité baisser à la faveur de ses concurrents, de plus en plus nombreux. Sur la métropole, le nombre d’enseignes a été multiplié par 10 en cinq ans. « Et nous avons perdu plus de 50% de notre chiffre d’affaires à l’export. Dans certains pays clients, comme aux Etats-Unis par exemple, les normes mises en place étaient telles que j’ai décidé d’arrêter l’export », détaille-t-il.

Croissance externe et boutique en ligne

Ces déconvenues ne suffisent pas à écœurer Clarence Grosdidier qui vient de réinvestir un million d’euros dans l’entreprise. De quoi financer une opération de croissance externe pour atteindre une taille critique qui se situe aux alentours de 2,5 millions d’euros de CA annuel. Et 2018 sera aussi l’année de la transformation numérique pour Jean D’Alos. « Je vais investir dans une boutique virtuelle, avec un chat et des vidéos. Cela nous permettra de capter une clientèle plus jeune », analyse Clarence Grosdidier. Et avant le mois de septembre, trois corners de la marque verront le jour dans le centre-ville pour venir en relais du site internet. Un processus de repositionnement durable de la marque qui ne se fera pas sans une reprise en main managériale. Le propriétaire – qui de son propre aveu ne peut pas être présent au quotidien pour accompagner ce chantier – cherche à s’adjoindre les forces d’un directeur général, en cours de recrutement. Enfin, pour s’affranchir des diverses contraintes locatives, Clarence Grosdidier cherche un local à acheter, toujours dans le centre de Bordeaux. « Je ne suis pas amer… mais je déteste lâcher », concède l’entrepreneur. Et visiblement, il s’accroche fermement pour remettre Jean D’Alos d’aplomb !

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