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Jacques Trépant (Serma Energy) : « Nous voulons être un facilitateur pour la filière énergie électrique »
Interview Bordeaux # Industrie

Jacques Trépant directeur des opérations de Serma Energy Jacques Trépant (Serma Energy) : « Nous voulons être un facilitateur pour la filière énergie électrique »

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Serma Energy, filiale du spécialiste bordelais des technologies de l'électronique Serma Group (1 200 salariés, 118 M€ de CA en 2018), vient d'implanter sa plateforme d’essais, d’expertise et de services dédiée à la filière énergie électrique sur le parc d’activité Amperis, à Pessac. Elle souhaite devenir un accélérateur pour les industriels de la mobilité électrique.

Jacques Trépant, directeur des opérations de Serma Energy à Pessac, devant un banc d'essai testant un moteur de Zoé, la voiture électrique de Renault — Photo : Anne Cesbron

Au-delà de la proximité avec le siège pessacais de Serma Group, quelles sont les raisons de l'implantation de Serma Energy sur le parc d’activité Amperis, dédié aux technologies et industries liées aux énergies ?

Jacques Trépant : Beaucoup d'aspects techniques nous ont fait choisir ce site de 5 000 mètres carrés. D’abord ce bâtiment logistique (ancien bâtiment de Thales, ndlr) avec ses quais, sa dalle béton de 5 tonnes au mètre carré, tout à fait adaptée à l'installation de nos équipements. En tant que gros consommateur d’électricité, il nous fallait aussi pouvoir disposer d’un poste de transformation de 12 mégawatts. Enfin, nous disposons d’ores et déjà de 8 000 mètres carrés supplémentaires, où un deuxième bâtiment disposant d’autant de bancs d’essais sera construit. Cette extension portera à 17 millions d’euros l’investissement en fonds propres de Serma pour ce centre qui prévoit un chiffre d'affaires de 17 à 18 millions d'euros par an.

Serma Energy est la première entreprise à s'implanter sur les onze hectares du nouveau parc de la société d'économie mixte locale Route des Lasers. Cela vous confère-t-il un rôle particulier au service du développement de la filière énergie électrique ?

J.T. : Nous sommes là pour dynamiser un réseau qui nous est nécessaire. Le tissu local est déjà riche de partenaires, tel que SGS Sercovam à Cestas pour les essais environnementaux. Le service vente de Thales et la SEML Route des Lasers nous ont accompagnés pour cela. Nous serons un facilitateur pour les activités de demain développées par les acteurs qui vont être accueillis ici. Le groupe peut apporter du service d'ingénierie, de validation, un accompagnement global, pour aider les entreprises à industrialiser leurs produits. Nos partenariats dans la région vont s'étoffer, avec Saft par exemple. Notre ambition est d'aider à développer la filière stockage, énergie, mobility. L'ADN de Serma est multi-sectoriel, avec de l'automobile, de l'aéronautique, du ferroviaire…

Il était urgent pour le groupe de disposer d'un tel outil dans un contexte de transformation du marché automobile et de croissance des marchés de l'électrification…

J.T. : Ce que le groupe faisait sur ses différentes entités en matière de batteries, d'électronique de puissance et de moteur électrique, a été concentré ici, pour disposer d'un centre dédié. Tous les moyens d'essais du groupe composent un catalogue de services unique en France. Nous sommes capables d'assurer la totalité des séquences d'essais, fonctionnels, environnementaux, normatifs.

Quelle est votre place dans la chaîne de l'électrification ?

J.T. : Nous sommes dans la brique industrialisation. Après la R&D, puis le développement, il faut pouvoir mettre les produits sur un marché. On est là pour les qualifier, les valider. Nous sommes un accélérateur de mise sur le marché.

Quels sont les matériaux soumis aux tests de Serma Energy ?

J.T. : Au-delà de la voiture électrique, qui va représenter une part de plus de 30 % de notre activité, notamment dans le cadre de partenariats pluriannuels avec des constructeurs (Renault a ainsi contractualisé 10 M€ par an pendant trois ans pour sa Zoé et ses futurs modèles électriques, ndlr), nous sommes partout, des sous-marins aux télécoms… Les 700 clients du groupe ont besoin de composants qui marchent à 100 % dans des environnements « sévérisés », tels que dans des puits de pétrole ou des centrales nucléaires.

Vous arrivez d'Allemagne où vous dirigiez le développement européen et à l'international du groupe Kratzer Automation. Pourquoi avoir fait le choix de porter ce projet ici ?

J.T. : Je suis un pur produit landais, de Mont-de-Marsan. J'ai fait une carrière à l'international dont 17 ans en Allemagne, où j'ai notamment monté le centre technique Volkswagen. Ce projet, je l'ai monté aussi avec une envie de rentrer à Bordeaux, chez moi, dans mon réseau. En 2016, j'ai proposé la conception d'un centre à la Région Nouvelle-Aquitaine, qui travaillait déjà sur le domaine des batteries, et Serma s'est montré très intéressé.

On parle beaucoup de l'électrification de demain. C'est pour quand ?

J.T. : C'est dès aujourd'hui, avec une montée en cadence très forte. Des programmes énormes sont engagés dans l'automobile. Pour les avions, on évoque le clean sky, l'avion tout électrique, pour 2040, alors la recherche et les validations c'est maintenant. L'activité est là, j'ai tellement de demandes, notamment régionales, pour des projets très intéressants. Nous sommes prêts à nous développer et à recruter quarante personnes supplémentaires. La croissance va aller beaucoup plus vite que prévu.

Bordeaux # Industrie # Production et distribution d'énergie