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IMA : "Nous n'avons pas constaté de hausse de la concurrence"
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Dominique Ganteille directeur de l'Institut des métiers de l'artisanat "Nous n'avons pas constaté de hausse de la concurrence"

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Dominique Ganteille, directeur de l’Institut des métiers de l’artisanat, estime que la crise économique née de la pandémie n’a pas remis en cause les liens étroits tissés entre les CFA des chambres des métiers et de l’artisanat et les entreprises.

L'Institut des métiers de l'artisanat, à Bordeaux Lac, a agrandi les locaux de son Institut des saveurs, fin 2020, afin d'accueillir au mieux ses 650 apprentis. — Photo : D.R.

Quel est le rôle de l’Institut des métiers de l’artisanat ?

Historiquement, les Chambres de métiers et de l’artisanat gèrent des CFA. En Gironde, l’Institut des Métiers de l’Artisanat (le CFA IMA) regroupe 1 880 apprenants, à Bordeaux-Lac, sur nos trois filières. L’entreprise est la clé de notre dispositif de formation et nous nous démarquons par notre pédagogie orientée vers un accompagnement individualisé, l’usage des nouvelles technologies et une ouverture sur l’Europe contribuant à l’insertion des apprentis. Notre pôle de formation dédié aux métiers de bouche, l’Institut des Saveurs (In’Sav), s’est développé en fin d’année 2020 afin d’accueillir au mieux nos apprentis. Nous avons agrandi les locaux pour atteindre environ 1 000 mètres carrés. Le bâtiment avait été construit il y a 14 ans, nous accueillions à l’époque autour de 400 élèves, quand nous en comptons aujourd’hui 650 environ. Cet investissement, de l’ordre de 500 000 euros, a permis notamment de créer une espace de restauration pour nos apprentis.

La loi de 2019 a-t-elle eu des répercussions importantes sur votre activité ?

Elle a eu des conséquences pour nous au niveau des subventions. Avant, on nous accordait une subvention globale en fonction du nombre d’apprentis - qui couvrait une partie des coûts de formation - et on recevait trois versements par an de la part du conseil régional. Aujourd’hui, nous présentons une "facture" par apprenti, elle nous est payée en fonction de son avancée dans la formation. C’est le plus gros impact que cela ait pu avoir sur l’IMA. Nous ne constatons pas une hausse importante de la concurrence. Des formations se sont créées dans l’esthétique et la coiffure mais pas vraiment dans les métiers de bouche par exemple. Ce sont des filières qui demandent un investissement important, de l’ordre d’un million d’euros… La concurrence a peut-être émergé plus facilement dans les CFA du tertiaire. Nous avons eu peur pour l’In’Sav que des groupes comme Leclerc créent leur propre CFA en Gironde mais leurs besoins en formation ne sont suffisants pour engager un tel investissement.

Quels sont vos liens avec le tissu économique local ?

Nous collaborons avec environ 1 800 entreprises partenaires pour tous les pôles de l’Institut, du petit artisan boulanger aux ETI. Et puis certains grands groupes nationaux créent leurs propres CFA, à Paris souvent, mais contractualisent ensuite avec des CFA locaux. Nous travaillons par exemple avec des entreprises comme Renault ou L’Oréal dans ce cadre.

Malgré la crise actuelle, nos entreprises partenaires ont continué à jouer le jeu et ont fait le pari de prendre des jeunes en apprentissage car il faudra avoir de la main-d’œuvre qualifiée quand l’activité reprendra. C’est le cas par exemple de l’entreprise Bacqueyrisses à Bruges (concessionnaire de cars et bus) qui attache une grande importance à la formation de ses apprentis et les forme bien. Lors de la crise économique de 2008, certaines entreprises avaient arrêté de former et ont ensuite mis plusieurs années pour reformer des équipes performantes. Ces entreprises ont appris de la crise de 2008.

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