Certains l'appelaient encore « la GT », héritage de la Générale de Traction, l'entreprise créée par Gaston Trochery en 1946. Il faut dire que GT Location, petite entreprise familiale de location de véhicules industriels avec chauffeur devenue belle ETI, a marqué le territoire girondin. La preuve : même la portion de route qui descend vers les bâtiments de la famille Sarrat, à Bassens, est bien connue des routiers et des Bordelais, comme étant la « la côte de la GT ».
Le dernier changement de nom de l'entreprise remonte à 1985 lorsqu'elle a été baptisée « GT Location ». Trente-quatre ans plus tard, c'est un nouveau virage qu'elle vient de prendre en changeant à nouveau d'identité pour devenir GT Solutions. Anecdotique, direz-vous, s'il n'y avait pas ce détail qui en dit long sur sa stratégie et ses ambitions : sa phrase "signature" Global Transport Solutions. Les initiales GT ne sont plus qu'un clin d'œil au passé et prennent finalement l'accent américain. « Avec cette phrase, nous avons voulu ouvrir l'entreprise vers l'international et vers de nouveaux métiers », raconte Michel Sarrat, PDG de GT Solutions.
Ouverture à l'international
Car ce besoin de repositionnement n'a pas émané que de l'entreprise elle-même. « Michelin, qui est un client historique depuis 40 ans, nous a dit à plusieurs reprises que le mot "location" ne leur convenait pas, supposait trop de rigidité. Et il est vrai que cette notion de location dans le monde du transport est trop restrictive », insiste Michel Sarrat. Plus que de la location de camion avec chauffeur, GT Solutions veut élaborer des dispositifs de transport adaptés aux besoins de ses clients. « Pour cela, nous avions besoin d'un identifiant au niveau international car nos clients sont de plus en plus mondiaux », relate Pascal Guillot, directeur général adjoint en charge du développement. Si l'ETI avait besoin que son nom puisse traverser les frontières, ses ambitions de développement ne sont pas réellement hors de l'Hexagone. « Aujourd'hui, 100 % du chiffre d'affaires est réalisé en France et le marché tricolore nous offre encore de belles opportunités », soutient-il.
Après cet important chantier du changement d'identité - qui aura tout de même duré plus d'un an et coûté 320 000 euros à l'entreprise - 2019 sera une année de digestion pour GT Solutions. Une phase nécessaire après avoir bouclé deux importantes opérations de croissance externe en 2018 : les entreprises DDS (environ 20 M€ de CA) et DLS (60 M€ de CA). « Des activités complémentaires à notre métier », précise Michel Sarrat. « Nous devrions atteindre 210 M€ de CA en 2019. Nous avons enregistré, en 2018, 12 % de croissance sur notre métier historique et 30 % avec les opérations de croissance externe. Donc en 2019, on stabilise et on rentabilise. »
2019, année de digestion
Des indicateurs au vert qui réjouiraient n'importe quel patron. Mais Michel Sarrat est trop prudent pour ça et sait bien que le bien-être de ses salariés est une donnée essentielle du succès de l'entreprise. « Là, nous sommes tous sous tension. D'abord le changement d'identité de l'entreprise peut être très perturbant pour les collaborateurs, générer des inquiétudes. Il ne faut pas le négliger. Et puis nous sommes également en pleine refonte de notre système d'information pour les ressources humaines… Tout cela implique beaucoup de changements ».
Les bonnes performances du groupe ont eu une autre conséquence : GT Solutions a dû recruter 170 chauffeurs en 2018, dans un marché déjà sous tension. « Nous étions confrontés à une pénurie telle que nous avons fait de mauvais recrutements. Forcément nous avons enregistré plus d'accidents. En Ile-de-France, nous avons même dû demander à nos commerciaux d'arrêter de signer de nouveaux contrats car nous n'étions plus capables de fournir le service », déplore Michel Sarrat.
Une autre préoccupation semble occuper un coin de la tête du dirigeant. Il finit par lâcher : « On sait bien que l'un des points de fragilité d'une ETI, c'est toujours la transmission ». Depuis plusieurs années, Michel Sarrat prépare son fils Mathieu à reprendre les rênes de l'entreprise familiale. Il a d'ailleurs pris part au vaste mouvement de transformation de l'entreprise initié par son père depuis 2015. « Nous travaillons autant les questions liées à l'actionnariat familial que celles de la transmission managériale en tant que telle ». Quant au calendrier : « je n'en dirai pas plus », glisse Michel Sarrat, dans un sourire.
