Gironde : Non, ça ne va pas mieux
# Conjoncture

Gironde : Non, ça ne va pas mieux

S'abonner
« Oui, ça va mieux », martèle François Hollande depuis plusieurs semaines. Une affirmation démentie par les représentants du patronat girondin. Certains anticipent toutefois une amélioration pour fin 2016 ou 2017, sans qu'elle s'accompagne de créations d'emplois.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Si le Président de la République considère que l'économie de notre pays va mieux, les représentants du patronat girondin ne partagent pas le même diagnostic. « La trésorerie et le chiffre d'affaires des entreprises sont en berne, et la situation ne s'améliore pas, déclare Pierre Goguet, président de la CCI de Bordeaux. Certes, les sondages montrent que les entrepreneurs girondins ont de plus en plus confiance dans l'avenir de leur propre entreprise. Mais la confiance dans l'avenir du pays reste très faible. Comment pourrait-il en être autrement quand toutes les règles de bon sens que s'appliquent les chefs d'entreprise dans la gestion de leurs affaires n'existent pas à la tête du pays ? ».




Indicateurs dans le rouge

La dernière étude publiée par la CCI montre que la conjoncture reste maussade, avec de nombreux indicateurs dans le rouge au premier trimestre : trésorerie (-6 points), chiffre d'affaires (-12) et investissements (-10). En cherchant, on trouve tout de même quelques chiffres rassurants : en avril, 578 entreprises ont été créées en Gironde, contre 170 défaillances, soit un solde naturel de 408. « Les entreprises les plus fragiles sont déjà mortes, explique Jean-François Cledel, président du Medef Gironde. Les autres subissent une conjoncture difficile et peu tournent totalement à plein régime. L'activité reste compliquée y compris dans l'aéronautique, hors A320 ».




« Pas de reprise chez les TPE et PME »

Pour Serge Marcillaud, président de la CGPME Gironde, « on ne peut pas dire que ça va mieux en Aquitaine. Certes, les indicateurs macroéconomiques sont au vert, mais l'impact microéconomique prend du temps. On n'observe pas de reprise chez les TPE et PME ». Chez les artisans aussi, la fin de la crise ne semble pas arrivée. « Comment dire que ça va mieux alors que nous subissons une activité en dent de scie ?, s'interroge Michel Dumon, président de l'UPA. Les métiers de services et de bouche voient leur chiffre d'affaires bondir puis s'effondrer d'un mois sur l'autre. Il n'y a aucune visibilité. Et comme les trésoreries sont au plus mal, les dépôts de bilan se poursuivent ».




Prix bas dans le bâtiment

A la FFB (Fédération française du bâtiment) Gironde, on s'inquiète particulièrement du faible niveau de marges : « Les prix sont toujours aussi bas ! constate Marie-Ange Gay Ramos, présidente. La rentabilité et la trésorerie sont à un niveau particulièrement alarmant ». Le secteur de la construction semble toutefois retrouver des couleurs. Selon les chiffres de la CCI, le BTP demeure le secteur le mieux orienté, avec des perspectives nettement positives sur le prochain trimestre. « Les entreprises font plus de devis depuis peu », reconnaît Marie-Ange Gay Ramos. L'hirondelle qui annonce le printemps ? Les représentants patronaux restent prudents. « Il est difficile de prévoir une amélioration de la santé des entreprises », considère Jean-François Cledel. Michel Dumon est encore plus pessimiste : « Le climat social est extrêmement tendu et n'encourage pas les investissements. Rien ne va bouger cette année, ni l'année prochaine, à cause de l'élection présidentielle ». Un point de vue que ne partage pas Serge Marcillaud, qui se veut plus optimiste : « Soyons honnêtes : tout ne va pas mal pour tout le monde et le climat ambiant joue sur le moral des entrepreneurs. Mais une sortie de crise se profile pour 2017. Avec le regret que la première mouture de la Loi El Khomri n'ait pas abouti. Ce texte aurait accéléré la dynamique et sa révision va coûter cher au pays en terme de redressement économique ».




Perspectives encourageantes

Le moral des entrepreneurs semble toutefois s'améliorer. Même chez les commerçants, qui restent les moins nombreux à être confiants (66 %), l'indice a gagné sept points au 1e r trimestre. Les anticipations d'évolution sont presque toutes positivement orientées : chiffre d'affaires (+20), trésorerie (+13), carnets de commandes (+26) et marges (+4). En revanche, les projets d'embauches et d'investissements demeurent nuls, voire négatifs. « Notre baromètre de l'emploi ne bouge pas, explique Pierre Goguet. Quelles que soient les perspectives économiques, l'emploi n'est plus une variable d'ajustement. Le manque de visibilité bloque complètement les chefs d'entreprise, qui n'anticipent plus d'embauches, même quand ils prévoient une hausse de leur activité »

# Conjoncture