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Faites sauter les bouchons !
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Diminution du nombre de poids lourds aux heures de pointe sur la rocade de Bordeaux, incitation au covoiturage, utilisation de la bande d'arrêt d'urgence à 70 km/ heure... Les pistes avancées par les entreprises et les élus convergent pour tenter de débloquer la situation de sclérose qui pénalise les entreprises, selon la dernière enquête de la CCI Bordeaux Gironde.

La rocade de Bordeaux est identifiée comme un point noir en termes d'accessibilité et de desserte pour les entreprises girondines : 67 % des établissements dénoncent la saturation de cet axe, selon la dernière enquête de la CCI Bordeaux-Gironde. — Photo : Anne Cesbron

Il revendique son rôle de « poil à gratter ». Au nom des 1 073 établissements qui ont répondu à l’enquête « déplacements 2019 » de la CCI Borbeaux-Gironde (CCI-BG), Patrick Seguin, président de la chambre consulaire prévient : « Depuis notre précédente enquête déplacement en 2012, face aux difficultés croissantes d’accessibilité, les entreprises ont changé de discours. Elles ne sont plus seulement dans l’incantation. Elles ont des idées, elles ont expérimenté des solutions ». Pointée du doigt, la rocade de Bordeaux fait figure de bête noire, 67 % des établissements girondins déclarant des difficultés de circulation dénoncent la saturation de la ceinture périphérique. Ils sont 96 % lorsque les obstacles liés à la rocade et aux axes d’entrée de la métropole sont couplés. Or, « 78 % des dirigeants confrontés à ces difficultés pressentent un impact négatif sur leur activité. Dans le BTP, ils sont 91 % », précise Yvan Otschapovski, de la commission CCIB-Infrasctructures, directeur régional Auchan retail.

Vers quatre voies de rocade

« Délester la rocade des 12 000 camions qui n’ont rien à y faire » et réaménager les échangeurs vers Libourne et Arcachon, pour Nicolas Florian, maire de Bordeaux, créer des aires de stockage pour Alain Rousset, président de Région, repenser le contournement à l’Est pour Philippe Buisson, maire de Libourne… En ce soir de restitution de l’enquête, face aux dirigeants d’entreprises, les élus ont égrainé des pistes de solutions. « Il suffirait d’un covoitureur sur cinq véhicules pour faire sauter les bouchons sur la rocade », selon Anne-Laure Fabre-Nadler, en charge des mobilités au Conseil départemental de Gironde, évoquant la mise en place d’une voix réservée à ces conducteurs vertueux. Quant à l’utilisation de la bande d’arrêt d’urgence à 70 km/ heure, comme quatrième voie, le président de la Métropole s’y montre favorable, « une mesure qui peut payer très vite », pour Patrick Bobet.

La visio-conférence, remède au stress

Sans attendre, les entreprises innovent en matière de déplacements de leurs salariés. Selon cette même enquête, 67 % des établissements ont déjà mis en œuvre des solutions pour faciliter les trajets quotidiens domicile-travail, les entreprises de plus de 100 salariés plébiscitant les systèmes de visioconférence (88 %) et le télétravail (64 %). « 300 salariés sont concernés. Notre but est qu’ils soient 1 000 éligibles au télétravail en 2020 », indique Nathalie Estrada, DRH de Cdiscount pour les sites de Bordeaux, Cestas et Canéjan. Du côté du campus de Thalès, alors qu’on redoute une asphyxie de l’Aéroparc à Mérignac, une incitation financière à ne pas venir en voiture est proposée. Contre un coup de pouce de 200 euros par an 450 salariés ont accepté. « Les entreprises peuvent travailler sur les comportements », rappelle Pierre-Emmanuel Raux, directeur du campus Thales. Et lorsque ces leviers ne suffisent plus, d''autres ont opté pour des solutions plus radicales. Bouygues Energies et Services, dont l’essentiel de l’activité concerne Bordeaux, Arcachon et le Médoc s’est résolu à déménager pour atténuer les temps de travail non productifs, préférant la rive gauche de la Garonne, et à 40 kilomètres de là, Saint-Jean-d’IIlac à Saint-Loubès.

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