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EMS Proto investit pour diversifier son offre
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EMS Proto investit pour diversifier son offre

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Le fabricant de cartes électroniques girondin EMS Proto, lauréat du plan France Relance, engage un plan d’investissement de 2,4 millions d'euros pour agrandir son site de production et développer de nouvelles activités.

Les locaux automatisés d’EMS Proto, fabricant de cartes électroniques à Martillac (Gironde), vont passer de 2000 à 3500 mètres carrés grâce à un plan d’investissement de 2,4 M€ — Photo : EMS Proto

" On ne crée pas le besoin, il est déjà là ". Au moment de décrire l’activité d’EMS Proto (3,16 M€ de chiffre d’affaires en 2020, 30 salariés), société de fabrication industrielle de cartes électroniques, Pierre-Yves Sempere explique à sa manière une croissance constante. La société basée à Martillac figure à la 596e place du classement Financial Times des 1 000 TPE/PME européennes à la croissance la plus rapide. Et en 2021, elle va grandir encore.

"Chaînon manquant"

EMS Proto est l’un des lauréats du fonds de soutien aux secteurs stratégiques, l’une des briques du plan France Relance. D’un montant de 1,1 million d’euros, la subvention doit abonder un investissement total de 2,4 millions d’euros pour agrandir les locaux de l’entreprise en les faisant passer de 2 000 à 3 500 m2. En 2020, malgré la crise sanitaire, EMS Proto a tenu bon et affichait un chiffre d’affaires de 3,16 millions d’euros (contre 2,8 M€ en 2019), alors que certains des secteurs qu’elle fournissait, comme le médical ou l’aéronautique, étaient à la peine.

Son secret ? Être un " chaînon manquant dans la chaîne de valeurs ", assure son cofondateur, Pierre-Yves Sempere. " Notre tissu économique est composé d’acteurs répondant à des moyennes et grosses séries de cartes électroniques. Nous, nous fabriquons des petites séries dans des délais courts. Pour les réaliser, nous nous reposons sur deux piliers : un service de cotation en ligne et un pilier industriel ". L’automatisation des tâches fait pleinement partie du modèle économique d’EMS Proto : pour que les machines fabriquant les cartes soient rentables sur de faibles volumes, il a fallu les rendre le plus autonome possible. "C’est une course sans fin. Notre capital humain est réservé à des tâches à forte valeur ajoutée, pour la recherche ou l’informatique. Aujourd’hui, nous sommes en automatisation dans la plupart des tâches, mais nous découvrons toujours de nouvelles possibilités, des micro-tâches que l’on peut améliorer".

Rebondir après la crise

EMS Proto a pourtant subi, elle aussi, la crise sanitaire. Si elle s’inscrit dans la phase de " pré-industrialisation " des sociétés qu’elle fournit, elle reste dépendante des composants, pour beaucoup fabriqués en Asie. " Entre janvier et mars, nous avons eu beaucoup de difficultés pour trouver de la matière première. En juin, c’était le flou total, la production était compliquée parce que nous avions beaucoup de mal à nous projeter sur les commandes ", précise le dirigeant.

Tout comme elle a su le faire pour ses machines, l’entreprise s’est adaptée au contexte. " Nous n’avons jamais fermé l’usine et beaucoup de nos employés se sont formés pendant les périodes d’inactivité. Nous avons été impactés industriellement, mais également sur nos investissements. Avant la crise sanitaire, nous avions des projets de développement que l’on a dû mettre en pause parce que nous étions dans l’incertitude. La subvention de France Relance nous permettra de mener ces projets à bien ".

Ambitions dans l’assemblage

Plusieurs projets sont sur la table en plus de l’extension, notamment une augmentation de la capacité de production de 30 % de l’entreprise. " Aujourd’hui, nous pouvons traiter une quinzaine de commandes par jour, mais il peut y avoir un volume de production très différent d’une commande à l’autre ". La PME va aussi investir dans une nouvelle activité : le câblage électronique. Et tendre, si possible, vers un objectif plus vaste : celui de fournir à ses clients des " boîtiers " complets comprenant cartes, câbles et tests fonctionnels. " Nous sommes habitués à fournir des sous-ensembles indépendants mais on a de plus en plus de demandes pour fournir un ensemble complet. Cela nous permettrait d’augmenter la couverture de notre offre ", raconte Pierre-Yves Sempere.

Pour faire face à ces nouvelles ambitions, l’entreprise prévoit de recruter dix personnes dans le courant de l’année. À sa manière, EMS se positionne comme un acteur de la relocalisation des activités industrielles de l’électronique, stratégie largement souhaitée par l’État et fondement même du milliard d’euros supplémentaire mobilisé dans le plan de relance. " Nous avons pris le pari de ne rien externaliser et de ne rien sous-traiter dans des pays low cost. De ce fait, il y a certains secteurs où nous n’allons pas mais ça nous a servis. Je pense que nous sommes sortis plus agiles de cette crise". L’enjeu est bien là : selon une étude du Conseil National de l’Industrie parue en 2019, le chiffre d’affaires cumulé des fabricants de cartes électroniques français présents dans le top 50 représentait moins de 1 % de l’offre mondiale.

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