Bordeaux
Discothèque Le Monseigneur : « Nous sommes les rejetés de la crise »
Interview Bordeaux # Tourisme # Conjoncture

Sébastien Labeyrie dirigeant de la discothèque Le Monseigneur Discothèque Le Monseigneur : « Nous sommes les rejetés de la crise »

S'abonner

À l’heure des mesures sanitaires et des gestes barrières, les discothèques sont des établissements dont l’activité est menacée. Sébastien Labeyrie, propriétaire de la discothèque « Le Monseigneur » (14 salariés et CA non communiqué), à Bordeaux a le sentiment que son secteur a été l'un des grands oubliés des dispositifs d’aides.

Les discothèques ne savent toujours pas quand elles pourront rouvrir, ni dans quelles conditions elles pourront retrouver leur public, en raison de l'exiguïté des salles — Photo : Le Monseigneur Bordeaux

Quel est, selon vous, le frein majeur à la réouverture des discothèques ?

Sébastien Labeyrie : Le plus gros problème, c’est que nous ne pouvons pas ouvrir tout en mettant en place les gestes barrière et les mesures sanitaires. Les gens ne viennent pas en boîte de nuit pour être à un mètre les uns des autres. D’autant que, dans beaucoup de cas, ils arrivent déjà alcoolisés. Allez expliquer les gestes barrière à quelqu’un d’éméché, c’est impossible. En plus de cela, nous souffrons d’un manque total de soutien vis-à-vis de la profession. Nous sommes face à un dilemme : nous devons rouvrir pour survivre, mais il est impossible de faire respecter les mesures sanitaires en discothèque.

Pourquoi avez-vous créé un collectif, avec d’autres patrons de discothèques bordelaises ?

Sébastien Labeyrie : Le grand public ignore beaucoup de choses sur les discothèques. Nous sommes une des professions les plus surveillées et contrôlées, mais depuis des années, ni les banques ni les assurances françaises ne veulent nous suivre, à cause de la mauvaise réputation dont jouissaient quelques établissements. Nous sommes obligés de nous assurer à l’étranger.

Pourquoi devez-vous vous assurer à l’étranger ?

Sébastien Labeyrie : La loi française nous impose une assurance, mais les compagnies d’assurances françaises ne veulent pas de nous. Nous sommes les rejetés et les oubliés de cette crise. D’autant plus qu’aucun recours n’est possible, parce que nous, dirigeants de discothèques, ne pesons pas dans la balance. Nous demandons la reconnaissance d’une perte d’exploitation pour la crise que nous traversons.

Vous évoquez le manque de soutien vis-à-vis de votre profession, est-ce ici la vocation de votre collectif de dirigeants ?

Sébastien Labeyrie : Que ce soit au niveau local ou national, le collectif est là pour nous aider à trouver des solutions entre nous. Les taxes et les prêts que nous avons contractés n’ont pas été annulés, il faut toujours les payer. Beaucoup d’établissements vont rouvrir pour presque rien, parce que les gens ont peur et ne vont pas se déplacer. Je ne peux pas ouvrir pour une centaine de personnes avec mes 14 salariés...

Ensuite, on nous impose plein de contraintes : tout cela a un coût ! Le prix des vitres en plexiglas a explosé et derrière il faut acheter des masques et du gel hydroalcoolique. En plus de cela, la plupart des patrons de discothèque ne peuvent se permettre de mettre en place les gestes barrières : la distanciation sociale est impossible à respecter. Nous avons besoin d’aide.

Les discothèques ne sont-elles pas elles aussi éligibles aux dispositifs de l’État et des collectivités territoriales ?

Sébastien Labeyrie : Si. Nous avons obtenu un Prêt garanti par l’État, mais il faut le rembourser. Pour les aides locales ce n’est pas possible : nous sommes plus de 9 salariés et dépassons le million d’euros de chiffre d’affaires pour l’aide de la Métropole. Nous ne pouvons pas bénéficier des aides de la Région parce que nous avons obtenu le PGE. C’est pour cela qu’il faut que des mesures soient prises pour les discothèques, nous aussi nous avons envie d’avoir des aides.

Bordeaux # Tourisme # Conjoncture