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Cyril Texier (French Tech) : « Faisons évoluer l'image de Bordeaux ! »
Bordeaux # Informatique # Innovation

Cyril Texier (French Tech) : « Faisons évoluer l'image de Bordeaux ! »

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Fraîchement élu à la présidence de French Tech locale, Cyril Texier rêve de faire de Bordeaux une nouvelle San Francisco : une métropole qui transpire l'innovation et dans laquelle les start-up s'épanouissent. Pour cela, la ville doit réussir à changer d'image, adapter ses infrastructures et résoudre ses problèmes de recrutements dans les métiers du numérique.

Cyril Texier, co-dirigeant de Do You Dream Up, est le nouveau président de French Tech Bordeaux. Inclusion, communication, et formation font partie de ses principales attentions, pour que Bordeaux soit reconnue comme une place économique et innovante où il fait bon travailler — Photo : DR

Le Journal des Entreprises : Vous êtes installés à Bordeaux depuis 2015. Dans quelle mesure cette identité de néo-Bordelais participe de votre investissement au profit de la famille des start-up ?

Cyril Texier : Aux côtés de deux associés, j’ai fondé voilà dix ans à Paris, l’entreprise Do You Dream Up (Dydu), éditrice de logiciels. Rapidement nous avons eu l’idée d’être présents en région. Je connaissais Bordeaux, j’y ai des attaches familiales et amicales, j’ai proposé de faire découvrir la ville et sa région lors d’un séminaire d’une semaine sur le bassin d’Arcachon, pour y installer une équipe. Mes associés ont été sensibles à la présence de l’océan, au climat, à l’arrivée de sociétés innovantes. Je leur parlais skate, vélo, bio, « way of life assez easy » ; un peu à la manière d’évoquer San Francisco. Je souhaite contribuer à faire évoluer l’image de cette ville et de sa région. Je voudrais qu’on en parle davantage encore comme une place innovante. Et plus seulement en référence à ses vignes et à son architecture.

Qu’est-ce qu’il manque à Bordeaux pour ressembler à San Francisco ?

CT : On a la chance que Bordeaux soit une marque mondiale. Les vins ont fait le boulot en termes de renommée internationale. On n’a pas besoin de vendre la ville pour faire venir des sociétés. Mais il manque des infrastructures, des routes, des moyens de locomotion, des cheminements plus adaptée aux cyclistes, aux skates, aux piétons. Je n’oublie pas non plus que lorsque l’on accueille une entreprise, on accueille des conjoints, des enfants pour qui il faut des logements, des écoles.

Etre président de la French Tech, ça signifie quoi ?

CT : C’est être bénévole pour une association en bonne santé. Une association dynamique et une équipe grâce à laquelle j’ai obtenu le pass French Tech en 2018 (programme destiné à soutenir les entreprises en hypercroissance, NDLR). A cette occasion j’ai échangé avec Philippe Metayer, DG délégué de French Tech Bordeaux, et réalisé qu’il y avait plein de choses à construire. C’est le goût du challenge et l’équipe qui m’ont motivé.

Le temps d’un mandat éclair de deux ans, que pensez-vous apporter ? Quelle sera votre touche ?

CT : Le collaboratif est très important pour moi, les projets se décideront en équipe. En revanche, je sais d’ores et déjà que le sujet de l’inclusion sera au cœur de ma participation. Une question me taraude : pourquoi n’y a-t-il pas plus de femmes à la tête des start-up ? J’espère accompagner une nouvelle dynamique sur ce sujet et qu’une femme me succède. Je souhaite également être très attentif à la question de l’arrivée des grands groupes : qu’ils s’installent à Bordeaux est une bonne chose, ce n’est pas moi qui dirais le contraire, 60 % des clients de Dydu sont des entreprises du CAC 40 ; mais attention à ce que les grands groupes ne pénalisent pas les petites start-up en leur piquant tous leurs talents !

Depuis votre arrivée à Bordeaux, comment avez-vous vu évoluer votre écosystème ?

CT : Il suffit de voir l’ampleur du French Tech Day en décembre dernier pour comprendre que les choses vont bien : plus de 2 000 entrepreneurs, grands groupes, pitcheurs réunis, et tant d’offres d’emplois ! Bordeaux sait attirer : quand Thalès, Econocom, Onepoint mettent des dizaines de millions sur la table, ils ne le font pas les yeux fermés. Il y a du potentiel ici, notamment en matière de qualité de vie au travail.

Comme ailleurs en Europe, des profils professionnels sur les métiers du numérique manquent cruellement ici. Comment pallier cette situation ?

CT : Au-delà de dire qu’il faut plus d’écoles et plus de formations, le rôle de la French Tech est aussi de nouer plus de liaisons avec les universités. Nous devons aussi être des facilitateurs pour créer plus de passerelles entre les entreprises, les employeurs, les start-up et les universités. Les étudiants doivent être davantage et le plus tôt possible insérés à la vraie vie entrepreneuriale, parfois bien loin de leurs cours théoriques. C’est aussi accompagner les étudiants à monter leurs boîtes, les coacher, leur proposer des parrains. Le débat des relations entre entreprises et universités est plus que jamais d’actualité. Mais là s’arrête mon rôle et commence celui du politique, du secrétaire d’État au numérique, du ministre de l’Éducation nationale… Ce qui est effectivement de mon ressort est de vous dire qu’il manque tous types de ressources, des développeurs, des commerciaux, mais aussi des gens en marketing… Pour cela, je reviens au sujet du logement et des bureaux. Les jeunes ne veulent pas aller en première ou deuxième couronne, ils ne veulent pas mettre une heure dans les bouchons pour aller travailler. Ils veulent sortir du boulot et aller boire un verre en ville !

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