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Coronavirus : malgré 80% de baisse d’activité, les Ateliers Bigata refusent de fermer leurs portes
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Coronavirus : malgré 80% de baisse d’activité, les Ateliers Bigata refusent de fermer leurs portes

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Malgré un effondrement de 80% de l'activité et des tensions avec certains clients, les Ateliers Bigata, une PME bordelaise spécialisée dans la maintenance industrielle, continuent de tourner.

— Photo : Ateliers Bigata

Malgré les vents contraires qui soufflent de toutes parts, Thomas Naulleau refuse de fermer les portes de la PME qu’il dirige. Basés à Eysines, dans l’agglomération bordelaise, les Ateliers Bigata, une entreprise de 85 salariés spécialisée dans la maintenance d’équipements de sécurité pour l’aéronautique, doivent pourtant faire face à un terrible effondrement du marché. L’activité a chuté de 50 % dès l’annonce du confinement, puis n’a cessé de décroître. Ayant réalisé 35 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019, les Ateliers Bigata ne tournent plus qu’à 20 % de leurs capacités. « Pour autant, nous n’avons pas souhaité arrêter le travail », précise Thomas Naulleau. En effet, grâce à plusieurs de leurs clients, « exemplaires » d'après le chef d'entreprise, l'entreprise a pu s'adapter et maintenir son activité.

Le surplus de masques donné au CHU

Ayant mis une grande partie de son équipe au chômage partiel, le dirigeant des Ateliers Bigata a très rapidement adapté ses process aux nouvelles conditions de travail imposées par le coronavirus. Au total, 20 % des salariés de la PME bordelaise continuent à travailler, « sur la base du volontariat ». Le télétravail a été instauré pour les salariés dont les postes le permettent : comptabilité, commerciaux, achat, gestion des douanes ou analyse technique. Pour ceux restés dans les locaux, il a fallu repenser les postes de travail. « Nous avons pris la décision d’optimiser l’espace libéré par leurs collègues en télétravail ou au chômage partiel », explique Thomas Naulleau. Pour ce qui est des matériels de protection, gants masques et blouses, l’entreprise en disposait déjà. « Nous avons gardé le strict minimum, affirme Thomas Naulleau. Seuls trois salariés sont obligés de travailler sans respecter les distances réglementaires. Nous avons fait les calculs de la consommation en matériels et nous avons fait don du reste ». Ainsi, le CHU de Bordeaux a reçu le reste des stocks de masques et gants des Ateliers Bigata. L’entreprise a également fait don de combinaisons à leurs confrères d’Airlec Air Espace, basés à Mérignac.

Attention au moral des salariés

Mais ces nouvelles conditions de travail ont un effet pervers. Selon Thomas Naulleau, elles effritent le moral des salariés. Pour y remédier, « la direction et les cadres font quotidiennement le tour de tous les salariés sur site, précise le chef d’entreprise. C’est notre devoir de s’assurer de leur bon moral, et la situation est compliquée : le travail en groupe est devenu un travail espacé, ce n’est pas facile pour eux. Ces visites quotidiennes resserrent les liens entre les salariés ».

« Certains équipementiers étrangers nous mettent la pression, en nous forçant à payer ou racheter des pièces détachées »

Les Ateliers Bigata ont réduit le volume horaire de leurs salariés, afin de l’adapter à l’activité de l’entreprise. La PME a dû resserrer ses perspectives afin de préserver le plus possible ses salariés. « Nos objectifs annuels – 40 millions de chiffre d’affaires et 10 % de croissance organique – sont inatteignables. Nous étudions plusieurs scénarios mais les salariés sont la priorité et je ne licencierai pas », promet Thomas Naulleau. Face à la pandémie, les Ateliers Bigata ont dû revoir une partie de leur fonctionnement. La PME a ainsi décidé que tous les travaux qu’elle sous-traitait seraient désormais réalisés en interne.

Des grands groupes étrangers dans le viseur

Dans ce contexte déjà compliqué, les Ateliers Bigata doivent aussi composer avec les exigences de partenaires parfois peu compréhensifs. Si Thomas Naulleau salue le comportement « exemplaire » de certains fleurons français et européens avec lesquels les Ateliers Bigata ont repris le travail, il ne cache pas sa colère à l’égard de certains de ses clients internationaux. « Certains équipementiers étrangers nous mettent la pression, en nous forçant à payer ou racheter des pièces détachées dont nous ne pouvons pas nous servir au vu de la baisse d’activité. Ils refusent de reconnaître le cas de force majeure », regrette le chef d’entreprise. Une situation ingérable pour une PME. « Ne pas être payés ou se faire forcer la main de la sorte est intolérable, s’agace Thomas Naulleau. Sans les dispositifs d’aides mis en place par le gouvernement, comme les prêts garantis par l’État que nous avons demandés et obtenus, nous ne serions pas sûrs de tenir jusqu’à l’année prochaine ». Au cas où la situation se dégraderait d’ici fin avril, les Ateliers Bigata n’excluent pas demander le soutien financier du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine au travers du fonds de solidarité aux entreprises.

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