« Dès le mardi 17 mars, nous avons engagé une campagne d’appel en direction de nos clients pour connaître au plus vite leurs besoins et difficultés ». Jean-Marc Ewald est directeur de l’Adie Nouvelle-Aquitaine. Depuis le début de la crise, sa structure qui comprend 35 salariés en télétravail et 200 bénévoles, gère un encours de microcrédits de 13,8 millions d’euros. Elle a contacté plus de 1 750 de ses 4 579 clients, 756 d’entre eux ont demandé un rééchelonnement de leur prêt. « Nous constatons que trop nombreux sont encore ceux qui ne sont pas outillés pour se connecter à internet. Cela engendre des situations compliquées, ne serait-ce que d’aller sur les sites de l’Urssaf, des impôts… », alerte le directeur.
Exclus du système bancaire
Outre l’urgence administrative, l’inquiétude concerne les trésoreries de ces microstructures. D'autant que, côté aides d’État, les informations ne sont pas toujours limpides : qui bénéficiera de la subvention de 1 500 euros et quels seront les critères d’attribution ? « Les prêts garantis par l’État (PGE) sont distribués par les banques, or nos clients sont justement exclus du système bancaire », rappelle Jean-Marc Ewald, dont l’organisme n’est pas habilité à délivrer des PGE. « Nous ne souhaitons pas être dans le procès d’intention, mais au contraire être force de propositions pour proposer des outils complémentaires, par exemple pouvoir distribuer des prêts d’honneur à 0 % dédiés à la reprise de l’activité ».
Des revenus en baisse sur l’activité de prêt
Pour l’Adie Nouvelle-Aquitaine, il s’agit aussi d’envisager son propre équilibre financier, 30 % de ses résultats provenant de la marge financière réalisée sur l’activité de prêt. Le rééchelonnement et les reports des échéances mois après mois proposés aux emprunteurs seront autant de revenus en moins pour l’association. S’y ajoutent, pour 70 %, les subventions publiques (64 %) et le mécénat (6 %) qui permettent à l’association de couvrir l’intégralité de ses charges.
« Il nous faut très rapidement convaincre nos financeurs que nous sommes bien aux côtés des emprunteurs, mais que nos missions ont changé, nous ne pouvons plus assurer, pour l’heure, les prestations et services sur lesquels nous nous étions engagés », explique Jean-Marc Ewald. Des financeurs et mécènes qui devront plus que jamais prouver leur engagement aux côtés de l’Adie.