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Coronavirus- GT Solutions : « Le retour à la normale va être long »
Interview Gironde # Transport

Matthieu Sarrat directeur général de GT Solutions Coronavirus- GT Solutions : « Le retour à la normale va être long »

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La première semaine de confinement a vu l’activité de l’entreprise familiale de transport GT Solutions (2 000 salariés, 220 M€ de CA en 2019) plonger de 60 %. La moitié de ses 1 200 véhiculent reste aujourd’hui immobilisée. Pour Matthieu Sarrat, directeur général de l’ETI basée à Bassens, en Gironde, la reprise annoncée par le gouvernement le 11 mai devra s’effectuer dans une dynamique collective. Sous peine d’être confrontés à une très longue période de décroissance.

Matthieu Sarrat est directeur général de GT solutions, dont le siège est à Bassens. Créée en 1946, l'ETI girondine compte 2000 salariés pour un chiffre d'affaires de 220 M€ en 2019 — Photo : JDE

Le Journal des Entreprises : Comment avez-vous réorganisé le travail de vos conducteurs afin de vous adapter à la crise sanitaire ?

Matthieu Sarrat : Depuis le début de la crise, nous nous sommes calés sur les recommandations nationales. Nous avons ainsi mis en place des bidons d’eau et du savon dans les camions. Au sujet des masques, même si les messages ne sont pas toujours clairs quant à leur efficacité, nous en avons équipé également nos chauffeurs. Une des problématiques qui a également vu le jour est celle de la contamination des cabines lors des changements de conducteurs. Nous avons donc également prévu des fumigènes de décontamination.

Quels sont les secteurs les plus impactés ?

Matthieu Sarrat : Suite à l’annonce du chef de l’État certains de nos clients ont pris peur. Ceux qui ne connaissaient pas leur éligibilité aux dispositifs d’aides ou ceux qui ne pouvaient pas recourir au télétravail ont tout arrêté brutalement. Nous avons ainsi perdu 60 % de notre activité la première semaine. Depuis, nous regagnons à peu près 0,5 % d’activité chaque jour et aujourd’hui l’entreprise tourne à 50 %.

Nous travaillons beaucoup pour le monde de la construction qui a surréagi aux premières annonces de confinement pour se retrouver quasiment à l’arrêt. Depuis quelques jours, des camions repartent pour livrer des chantiers. En revanche pour ce qui est de l’industrie automobile, nous sommes toujours au point mort, il n’y a plus de livraisons vers les garages qui réparent les véhicules des particuliers. Seule l’activité liée à la réparation des poids lourds et des véhicules agricoles a été conservée. L’Allemagne et la Belgique ayant décidé leur confinement après nous, nous avons conservé quelques marchés industriels les premiers jours, lesquels se sont taris progressivement.

À l’inverse, d’autres secteurs se sont bien maintenus, voire ont connu une légère hausse d’activité…

Matthieu Sarrat : Les secteurs de l’agroalimentaire, de la restauration hors foyer, dont celle vers les Ehpad notamment, ont effectivement continué de fonctionner. Le domaine médical qui représente 10 % de notre activité s’est également maintenu. Il s’agit de la livraison de médicaments, de consommables pour les hôpitaux, du transport de déchets. Ces flux n’ont pas véritablement changé. En revanche, en début de confinement, nous avons observé que les Français stockaient de l’alimentaire, ce qui a dans un premier temps équilibré notre activité qui pâtissait de la fermeture de la restauration. La grande distribution qui représente 5 % de notre activité, après une légère hausse, s’est stabilisée.

Quels écueils identifiez-vous au sujet de la reprise ?

Matthieu Sarrat : Mon inquiétude va aux sous-traitants, souvent des petites structures qui représentent une centaine de personnes avec lesquelles nous travaillons. Il faut que les aides soient rapidement versées. Il faut aussi que les modalités de reprise soient claires et que tout le monde se tienne à la date du 11 mai. Pour cela, il faut que tous nous préservions des relations de qualité avec nos partenaires. L’épreuve et la difficulté engendrent des comportements différents chez les clients : ceux qui restent solidaires et compréhensifs et ceux qui profitent de la situation pour décaler les règlements et se comporter comme des malotrus.

Vous dites craindre une longue période de ralentissement de l’activité, cela va-t-il également toucher l’emploi ?

Matthieu Sarrat : Nous n’évoquons pas un scénario de plan de sauvegarde de l’emploi. Aucun client ne nous a signifié qu’un contrat s’arrêtait. Nous disposons par ailleurs d’un volant d’intérimaires qui nous permet de gérer une petite décroissance. Ce qui est à craindre, c'est la longueur du temps qu'il faudra pour un retour à la normale. Nous l’avons vécu après les attentats de 2015, notamment sur nos marchés liés aux grands hôtels : il avait fallu plus d’un an pour retrouver les volumes d’avant la crise.

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