Comment GT Location se "libère"
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Comment GT Location se "libère"

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Depuis trois ans, le Bordelais GT Location sous l'impulsion de son P-dg Michel Sarrat, met en place une nouvelle organisation du travail inspirée du mouvement dit de "l'entreprise libérée". Pourquoi cette société de location de camion avec conducteur a-t-elle franchi le pas, comment fonctionne cette organisation? Récit.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Quand il entre chez GT Location à Bassens, une des choses qui frappe l'oeil du visiteur d'un jour ce sont ces affiches, très colorées et agrémentées de photos accrochées un peu partout sur les murs de l'entreprise. Ce ne sont pas des publicités qui vantent les services de l'entreprise, non, ce sont des panneaux réalisés par les salariés eux-mêmes qui expliquent et expriment ce qui est à l'oeuvre dans l'entreprise. " Grandir tous ensemble ". « C'est le nom de la démarche de libération de l'entreprise que nous menons depuis 2012 », explique souriant Michel Sarrat, le P-dg de GT Location, une société familiale de location de camion avec conducteur qui emploie près de 1.600 personnes partout en France et a réalisé 114 millions d'euros de CA en 2014.

2011, annus horribilis

« Nous avons entamé cette démarche suite à l'annus horribilis : l'année 2011, poursuit Michel Sarrat. Nous avons vécu de nombreuses difficultés et de plus des membres de l'équipe de direction ont eu de graves problèmes de santé. Tout le monde en est sorti lessivé et certains m'ont dit qu'ils ne tiendraient pas s'ils devaient revivre une telle année. J'ai alors pris la décision de me faire accompagner par un consultant pour trouver des solutions et faire évoluer l'organisation de l'entreprise de sorte de ne plus connaître un tel séisme. »

Faire confiance et faire appel à l'intelligence de tous

Après de nombreuses lectures, un travail sur lui-même également, Michel Sarrat prend la décision de " libérer son entreprise " c'est-à-dire selon sa définition : « donner plus d'autonomie et de responsabilité à ses salariés, leur faire confiance et faire appel à leur intelligence, libérer leur créativité et favoriser l'innovation. » Dans la même veine, Michel Sarrat se prête à un exercice assez rare pour un chef d'entreprise : « J'ai demandé à mes salariés de juger ma façon de manager. Les réponses étaient évidemment confidentielles. Le résultat a été extrêmement enrichissant et décoiffant. » "Michel, vous prenez trop de temps pour prendre des décisions", "Michel ayez plus d'audace", "Michel, le Codir fait écran entre vous et nous", "Michel, allez plus sur le terrain", autant de remarques qui ont nourri la démarche du P-dg libérateur.

Suppression du DRH

Et cette libération c'est un peu comme une révolution en marche qui voit de jour en jour l'entreprise évoluer dans son organisation. La décision la plus significative : « J'ai supprimé le poste de directeur des ressources humaines, et j'ai proposé à notre ex DRH de devenir directeur de l'innovation, explique Michel Sarrat. Nous avons également mis en place différentes actions : autonomisation des équipes qui peuvent par exemple disposer d'un budget de 2000 euros pour tester leurs idées d'innovation, décider elles-mêmes de leur planning ou encore recruter elles-mêmes les CDD d'été. Chaque mois, nous faisons des réunions de palier pour les salariés du siège afin de faire un compte rendu des Codir et les "démystifier". » La transformation est en cours mais elle sera longue et « beaucoup reste encore à accomplir. »

Construire un rêve partagé

Prochaine étape : mars 2016. « Depuis l'année dernière, nous avons mis en place des groupes de travail autour de sept thématiques (le digital, l'international, l'écoute des clients, le bien-être au travail...) Chaque groupe est organisé autour d'un salarié-animateur, précise Michel Sarrat. L'idée c'est que chacun s'exprime pour élaborer une vision commune de l'entreprise, un rêve partagé pour construire au cours des 10 prochaines années une entreprise dans laquelle nous nous sentons bien. »

La libération n'est pas facile

GT Location serait-elle alors devenu une entreprise de rêve ? « Attention, met en garde Michel Sarrat, l'entreprise libérée ce n'est pas le monde de Bisounours ni l'autogestion. La démarche n'est pas toujours facile, car il n'y a pas de recette toute prête. J'ai parfois eu peur de mon choix. Libérer son entreprise c'est un peu un chemin de montagne. C'est dérangeant, cela bouscule les façons de fonctionner. Parfois même on a perdu une forme d'efficacité et on a rajouté de la complexité mais en même temps nous avons élargi l'intelligence et la créativité. »

En savoir plus :

-Le documentaire de Martin Messonnier sur Arte intitulé « Le bonheur au travail »
-Le reportage de Capital (M6) diffusé le 15 novembre
-Le livre d'Isaac Getz et Brian Carney, « Liberté et Cie » chez Fayard et le site http://liberteetcie.com/
-Le site de Jean-François Zobrist (Favi) www.favi.com
-Le site de GT : www.gt-location.fr

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