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Christian Maviel (Cacolac) : « J'ai repris l'entreprise familiale que j'avais vendue 3 ans plus tôt »
Témoignage Gironde # Agroalimentaire # Reprise

Christian Maviel (Cacolac) : « J'ai repris l'entreprise familiale que j'avais vendue 3 ans plus tôt »

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En mars 2011, la famille Maviel vendait la célèbre boisson lactée au chocolat à Nutrixaim. Face aux difficultés rencontré par ce groupe, Christian Maviel a racheté la PME qu'il avait vendue 3 ans plus tôt. Avec 2 mois pour monter un dossier de reprise.

— Photo : Le Journal des Entreprises

« Pour reprendre l’expression d’Obélix, je suis tombé dans le Cacolac quand j’étais petit ! Dès mes 3 ans, je sillonnais la France dans les camions de l’entreprise avec mon père, se souvient Christian Maviel, son président. Plus tard, j’ai rejoint la PME familiale après des études commerciales et marketing, et une première expérience professionnelle chez Lur Berri. Mon arrivée chez Cacolac a coïncidé avec la construction de l’usine de Léognan, en 1999. J’ai passé une dizaine d’années à m’occuper des achats, de l’export et du travail à façon, jusqu’à la vente de l’entreprise, le 21 mars 2011.

Un million de pertes en 2013

Contrairement à ce qui a pu être dit, nous n’avons pas vendu en raison de difficultés financières, mais pour que la société franchisse un cap. Nous avons cherché un repreneur qui possède un projet solide, des moyens importants, et qui soit proche des salariés. Nutrixaim, dirigé par les industriels Dominique Rault et Didier Giroux, possédait toutes ces qualités. Suite à la cession, je suis devenu directeur d’établissement. Et j’ai assisté aux premières difficultés de l’entreprise. La stratégie de développement sur la nutrition santé n’a pas fonctionné. Et Balarama, la seconde entreprise du groupe Nutrixaim, a enchaîné les déconvenues, jusqu’à menacer la survie de Cacolac. C’était bien évidemment une situation difficile à vivre et j’ai tout fait, avec le Daf, pour préserver l’entreprise. En 2013, Cacolac a perdu un million d’euros, pour un chiffre d’affaires de 7 M€. Alors que la société n’avait jamais perdu d’argent précédemment. Les propriétaires ont cherché des nouveaux associés, puis se sont rapprochés d’un acquéreur. Mais les négociations ont avorté.

Dossier de reprise monté en urgence

Fin novembre 2014, la situation devenait catastrophique, et nous nous dirigions vers un dépôt de bilan. Je me souviens qu’un jeudi, je me suis demandé ce que j’allais céder à mes enfants. Et le lendemain, Didier Giroux est venu me voir pour me proposer de reprendre Cacolac. Il m’a expliqué que la fin était proche. Le dimanche, j’ai échangé avec mon père sur le sujet. Et dès la semaine suivante, j’ai rencontré mon avocat et mes banquiers. Il fallait aller très vite. J’ai fait appel au cabinet d’ingénierie financière Ingéfin, grâce à qui j’ai gagné du temps. La comptable de la société a été mise à contribution le week-end pour accélérer l’audit et l’élaboration du business plan.

Soutien des salariés

En parallèle, mon père et moi avons demandé à Jean-Michel Caillaud, fondateur du Petit Basque, et Philippe Noailles, président fondateur de Lodifrais, de nous accompagner dans la reprise. Du fait de la Loi Hamon, il a également fallu informer les salariés de la cession de l’entreprise. Et pour éviter le délai légal des 2 mois, j’ai demandé au personnel de signer un papier sur le refus de rachat de la société. Tous ont accepté de signer. Les trois directeurs (commercial, production et maintenance) ont été associés à la reprise avec une entrée au capital. Avant même l’acquisition, je suis allé voir le principal partenaire de Cacolac, le distributeur de boissons en grande surface Solinest. Je voulais m’assurer qu’il allait toujours nous accompagner après 3 années difficiles. L’accueil a été très favorable. La cession a été finalisée le 3 février. J’ai mis une semaine à prendre possession du bureau du patron. Pour moi, c’était encore le bureau de mon père. Mais il était important que tout le monde voit que le bureau du chef était à nouveau occupé. Cette reprise ne constitue pas un billet de loto. Je ne viens pas pour revendre dans quelques années et faire une plus-value, mais pour écrire la suite de l’histoire. »

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