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Bordeaux rêve de devenir une capitale européenne des fintech
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Bordeaux rêve de devenir une capitale européenne des fintech

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Et si Bordeaux avait une carte à jouer au niveau des fintech, ces start-up qui déploient des technologies pour améliorer les activités financières ? La ville abrite déjà le Fin&Tech Summit, un salon qui monte en puissance à l’échelle européenne. Le maire de Bordeaux vient d’annoncer la création d’un lieu pour abriter les pépites locales et « rayonner sur le reste du monde ».

Pour sa cinquième édition, le Fin&Tech Summit, qui s’est déroulé à Talence en octobre, confirme son internationalisation — Photo : ML

Mardi 8 octobre, 14h30. Dans le grand auditorium lumineux de la Kedge Business School, Jim Marous, conclut son intervention. Ce spécialiste international de la stratégie financière et co-éditeur du magazine The Financial Brand qui rassemble plus de 83 000 abonnés sur son compte Twitter, est venu causer en costard et baskets fintech et intelligence artificielle. Face à lui, un parterre d’entrepreneurs, de spécialistes, d’étudiants qui s’interrogent sur la place que prennent dans leur écosystème les fintech, les regtech (pour Regulatory Technology qui ont pour finalité de gérer tous les aspects réglementaires financiers comme la conformité des modèles de risque interne) et les legaltech, qui fournissent des outils juridiques et des contrats clés en main.

Défricheur de tendances

Pour sa 5e édition, le Fin & Tech Summit, qui s’est déroulé à Talence les 8 et 9 octobre 2019, confirme son internationalisation. « 40 % des speakers sont étrangers. Bordeaux a les moyens de les attirer. C’est une ville qui bouge. L’image est très bonne sur plein de domaines ; le Way of life, les châteaux, l’environnement, l‘architecture, confie Louis-Alexandre de Froissard, fondateur de Montaigne Conseil, et organisateur du salon. Nous ne pourrons jamais concurrencer le Paris Fintech Forum, mais nous pouvons devenir un pôle d’excellence à l’échelle européenne. Nous souhaitons structurer la qualité de l’événement. Chaque public, aussi bien les dirigeants, les disrupteurs, les institutionnels, les étudiants ou les fonds de venture capital, doivent pouvoir trouver ce qu’ils souhaitent ».

Certains entrepreneurs, comme Checkout.com, société anglaise basée à Paris depuis novembre 2018, spécialisée dans les services de paiement pour le compte des commerçants, ont fait le déplacement pour trouver de nouvelles pistes de développement et nouer des contacts avec des prospects, comme Cdiscount. D’autres font de la veille et échangent de manière informelle avec des confrères et des experts issus des secteurs de la banque et de la finance. « C’est facile de faire venir des gens, renchérit l’organisateur du salon qui a accueilli plus de 600 visiteurs soit 30 % de plus par rapport à la précédente édition. Notre ton est différent. On est impertinent sur les sujets. Nous mettons sur scène des gens qui ne sont pas d’accord entre eux. Nous n’hésitons pas non plus à rebondir sur des sujets qui fâchent, à dire que les banquiers ont tort d’avoir peur de la directive sur les services de paiement et de perdre la relation client, ou encore à secouer les acteurs du crowlending ».

500 salariés à Bordeaux

Pour étendre la notoriété du salon, les organisateurs comptent également s’appuyer sur le potentiel des pépites locales. La ville de Bordeaux en recense 25 qui emploient plus de 500 salariés. Le chiffre peut paraître modeste, mais le secteur des fintech demeure une niche. Dans leur cartographie 2019, NewAlpha Asset Management et le cabinet de conseil Exton Consulting ne comptabilisent ainsi que 320 fintech en France. Levant de plus en plus de fonds - 354 M€ au premier semestre, selon une étude de KPMG, soit presque autant que durant toute l’année 2018 -, ces entreprises cherchent pour la plupart d’entre elles passer à la vitesse supérieure. À l’image d’Evollis, une entreprise bordelaise créée en 2011 qui croit dur comme fer en la démocratisation des offres de location longue durée sur les biens du quotidien. Cette PME de 50 salariés, qui enregistre « 100 % de croissance par an », selon Louis-Alexandre de Froissard, propose des solutions d’offres de location à des acteurs de la distribution et des banques. Elle s’adresse aussi aux consommateurs en leur permettant de louer via sa plateforme web Uz’it différents équipements : un smartphone, un vélo, une trottinette électrique, un instrument de musique ou des appareils électro-ménagers avec un abonnement de 12 mois minimum. Plusieurs partenariats ont déjà été noués avec différentes banques ou avec Samsung pour qui Evollis propose une offre spécifique de location de smartphone. L’entreprise, qui est déjà présente au Benelux, en Italie et au Portugal, veut étendre sa présence sur le marché européen.

Obvy a également des ambitions à l’international. Fondée en 2017, cette start-up de 7 salariés est spécialisée dans la sécurisation des achats et des ventes entre particuliers. En clair, elle permet à n’importe quel consommateur achetant un bien sur les sites de petites annonces de bénéficier d’une protection contre les arnaques au paiement. Deux ans après sa création, son service est déjà proposé en France, en Belgique et au Luxembourg. Charles-Henri Gougerot-Duvoisin, le fondateur de la société, projette d’aller en Espagne, au Portugal et en Italie. « Nous avons un marché mondial qui pèse 100 milliards de dollars. Les assureurs et les banques nationales souhaitent intégrer d’ici 2020 notre solution de paiement entre particuliers. Notre but, c’est de devenir une caisse de dépôts digitale pour les particuliers et les professionnels », confie le dirigeant.

Un projet pour « rayonner sur le reste du monde »

Pour Louis-Alexandre de Froissard, si Bordeaux possède de nombreux atouts, il manque encore une émulation financière, des services autour des entreprises, et « un lieu d’incubation et d’accélération, afin de rendre l’écosystème du Fin & Tech crédible sur la scène européenne ». Une lacune qui pourrait être bientôt comblée. Nicolas Florian, maire de Bordeaux, a annoncé lors du sommet sa volonté de dérouler le tapis rouge aux jeunes pousses de la finance en leur offrant un dispositif d’accompagnement, et en « créant un totem, un lieu où l’on pourra regrouper ces expertises et savoir-faire ». Un endroit qui a pour ambition de « rayonner sur le reste du monde ». Faut-il s’attendre à la création de l’équivalent de la cité du numérique, cet immense bâtiment de 21 000 m² qui vient d’ouvrir ses portes à Bègles ? Difficile à dire : passé l’effet d’annonce, la ville n’apporte pour le moment aucune précision quant au dimensionnement, à la localisation, aux contours ou au calendrier de ce projet…

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