Au Haillan, un morceau d'Ariane 6 et des questions sur l'avenir de l'industrie spatiale
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Au Haillan, un morceau d'Ariane 6 et des questions sur l'avenir de l'industrie spatiale

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Au Haillan, en Gironde, ArianeGroup a inauguré en juillet une ligne de production dernier cri pour les tuyères des futurs lanceurs Ariane 6. L'occasion pour le spécialiste européen du lancement de fusées de signer un contrat de partenariat avec la Région Nouvelle-Aquitaine, dans un contexte concurrentiel de plus en plus difficile pour l'industrie spatiale européenne.

La ligne de fabrication B-Line d'ArianeGroup au Haillan (Gironde) est notamment équipée du plus puissant robot au monde, capable de manipuler des éléments de plus de deux tonnes — Photo : Anne Cesbron

C’est au Haillan, près de Bordeaux, qu’ArianeGroup a choisi de produire les tuyères des futurs lanceurs Ariane 6 et Vega-C, pièces de moteur qui permettent la poussée en éjectant les gaz des combustion. L’inauguration de la ligne de production, dénommée B-Line, a aussi été l’occasion pour l'acteur mondial de lancements de fusées de présenter son "usine 4.0". Un équipement de pointe, des robots parmi les plus puissants du monde et de nouvelles méthodes de fabrication qui préconise le "lean manufacturing". Une célébration du savoir-faire régional qui n’a pas dissimulé les inquiétudes de bon nombre d’acteurs industriels, économiques et politiques.

Les États-Unis, un allié sans pitié

Certes, dans deux ans, les lanceurs nouvelle génération positionneront sur orbite toute sorte de satellites. Cependant, les programmes Ariane 6 et Vega-C évoluent dans un contexte particulièrement difficile. « Le temps presse, la concurrence est féroce », a rappelé Alain Charmeau, président d’ArianeGroup. Et de préciser qu’outre-Atlantique, la Maison-Blanche, la Nasa et le Pentagone poursuivaient un objectif « de domination spatiale ». Des dizaines de milliards de dollars y sont consacrés. « Cette position stratégique nous interpelle, elle pose la question de la liberté d’action dans l’espace pour l’Europe dans les années futures ».

Un constat partagé par le président de la région Nouvelle-Aquitaine. Alain Rousset dénonce « cette compétition sans pitié, notamment de la part de nos alliés ». Pour lui, l’heure est venue de « bousculer les États, l’Europe, pour avancer un peu plus vite ».

Un partenariat régional en soutien

Le 12 juillet, c’est sous la forme d’un contrat de partenariat qu’ArianeGroup, qui emploie 3 500 personnes sur ses trois sites de Nouvelle-Aquitaine à Saint-Médard centre, Saint-Médard Isaac et au Haillan (9 000 personnes au total en France et en Allemagne), et la Région ont formulé les axes de travail et les actions à engager. Un document de 17 pages qui prône notamment l’amélioration de la performance des outils de production et le soutien à l’innovation.

Dans cette optique, l’entreprise, détenue à 50/50 par Airbus et Safran (CA proforma estimé à plus de 3 Md €), « pourrait être amenée à travailler avec les deux clusters Aquitaine Robotics et Digital Aquitaine. Des dispositifs d’aide à l’implantation de partenaires pourraient être étudiés ensemble, ainsi que l’accompagnement au développement de start-up régionales », stipule la convention.

715 PME locales dans le sillage

Nul doute que, du côté des 715 PME ET PMI régionales fournisseurs d’ArianeGroup, représentant 50 M€ de chiffre d’affaires, on suivra de près l'évolution de ces intentions. Certaines entreprises auraient d’ores et déjà été repérées pour bénéficier de financements, d’accompagnement dans leur développement, afin « les faire monter plus rapidement en compétences et d’augmenter leur performance industrielle ».

Selon ArianeGroup, plus de 60 M€ ont été investis depuis dix ans dans la région pour préserver l’environnement, rénover ses outils de production et innover dans de nouveaux produits.

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