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Alliance Étiquettes mène les acquisitions tambour battant
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Alliance Étiquettes mène les acquisitions tambour battant

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La holding Alliance Etiquettes fondée par l’imprimerie Laulan et le fonds Activa Capital ne cache pas ses ambitions de croissance. Avec l'acquisition du Groupe Etienne en février, Alliance Etiquettes a fait bondir ses effectifs de 150 à 300 salariés et son chiffre d’affaires de 31 à 53 ME. Un déménagement vers Bordeaux du siège social actuellement basé à Pineuilh, à 80 kilomètres de là, et une nouvelle acquisition sont annoncés.

— Photo : Anne Cesbron

Un chiffre d’affaires qui s’envole, une rentabilité à donner le sourire au fonds d’investissement actionnaire du groupe, des acquisitions d’imprimeries qui se succèdent à travers la France, et demain, un pied au-delà des frontières nationales… La holding fondée par l’imprimerie Laulan et le fonds Activa Capital ne cache pas ses ambitions de croissance. Pourtant, à en croire son président Olivier Laulan et son franc-parler, le groupe entend poursuivre sa minutieuse stratégie de fusions selon ses propres critères de complémentarité, de transparence… et de projets de vie ! Quitte à ne pas convoiter certaines parts de marchés.

« En 2008, mon père – à la tête de l’imprimerie familiale Laulan – est parti, à 62 ans, d’une crise cardiaque. C’était mon associé, mon mentor, il m’a appris le métier. Je me suis alors attaché à réfléchir à mon avenir », se rappelle le chef d’entreprise. De cette épreuve s’ensuit des résolutions pour ce troisième du nom. « On dit parfois que la première génération crée l’entreprise, que la deuxième la développe et que la troisième bouffe tout. Je me suis efforcé de faire l’inverse ». Qu’importe si ses filles ne se destinent pas à la reprise de l’imprimerie, Olivier Laulan veut faire mentir l’adage. Son premier coup de maître : il parie sur le numérique. « On m’a taxé de loufoque. Mes détracteurs me reprochaient de vouloir tirer l’activité vers le bas ». Mais ça marche ! Et l’entreprise résiste aux années noires 2008-2009. Entre 2012 et 2014, la rentabilité de l’imprimerie – qui compte alors 38 salariés – progresse significativement. L’outil de travail est modernisé, les collaborateurs formés, les étiquettes « historiquement » sèches, deviennent adhésives pour 90% d’entre elles. Le fonds Activa Capital suit cette progression avec intérêt et se rapproche de la société Laulan. « C’était très clair pour moi : soit je sortais de ma campagne, soit je restais tout seul dans mon coin, condamnant l’imprimerie à se faire avaler ou à disparaître ». La stratégie de buy-and-build se précise.

Conserver l’identité de chaque imprimerie

Une cinquantaine d’imprimeries sont identifiées. Olivier Laulan prend son bâton de pèlerin et affûte son argumentaire. Il arrive à convaincre les imprimeurs qui se reconnaissent dans le profil de quinquagénaire, sans reprise familiale évidente… Autre argument choc : celui qui rejoint Alliance Etiquettes réinvestit au capital du groupe. « Je voulais fédérer. La fusion ne signifiait pas d'accepter de travailler pour le concurrent d'hier, mais de poursuivre son travail en étant moins vulnérable ». Signe fort : le groupe ne prend pas le nom de Laulan. Chacun conserve l'identité de son imprimerie « pour ne pas déstabiliser la clientèle et les salariés ». Enes en 2015, Maumy Impression et Imprimerie D3 en 2016, Applic’Etains en 2017 et en février 2018 Groupe Etienne, autant d’acquisitions et une position de leader qui s’affine sur les marchés de l’étiquette de luxe et du vin. « Nous sommes arrivés à construire une société avec une multitude de cordes à son arc, tout en restant dans le domaine de l’étiquette », insiste Olivier Laulan. Un modèle qui apporte au président du groupe, « une nouvelle sérénité ». « Je nourris beaucoup moins d’inquiétude sur l’avenir que lorsque j’étais seul. Je sais que s’il m’arrive un pépin, si je devais m’absenter, la boîte tournerait avec ses deux directeurs généraux adjoints Philippe Gauthier (Imprimerie Etienne) et Anthony Gleize ( Imprimerie D3) ». Et d’évoquer les deux années de grippe aviaire qui ont amputé l’imprimerie Laulan de 35 % de son chiffre d’affaires : quand le sud-ouest ne produit plus de canards, l’industrie agro-alimentaire n’a plus besoin d’étiquettes pour ses conserves. « Nous avons pu garder la tête hors de l’eau, gommer ce manque à gagner. Espérons que nous ne soyons pas trop impactés par le manque de volume des récoltes 2017 ».

La suite ? « On va digérer l’opération totalement transformante que l’on vient de réaliser ». Et pour cause, en absorbant le Groupe Etienne, Alliance Etiquettes a fait passer ses effectifs de 150 à 300 salariés et son chiffre d’affaires de 31 à 53 ME. « 12 à 24 mois seront nécessaires pour bien structurer le groupe ». Un mouvement est pourtant très prochainement prévu : « Idéalement, d’ici six mois, le nouveau siège social se situera entre Bordeaux et Libourne », confie Olivier Laulan. Et de poursuivre en annonçant à demi-mot l’acquisition en cours d’une nouvelle imprimerie française et les prochains rendez-vous du groupe en Espagne, au Portugal et en Italie. D’autres pays de vins.

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