En France, les intermédiaires - agences ou consultants - qui possèdent chacun leur portefeuille d’immobilier d’entreprise à vendre ou à louer sont aussi les interlocuteurs des clients à la recherche d’un bien. "Comment peut-on travailler à la fois pour le client et l’acheteur ?", s’interroge Justine Petit-Bramon, qui voit là une contradiction à l’origine de la création de sa plateforme.
Face à une offre de biens qu’elle juge "cloisonnée", la dirigeante, passée par les sociétés de conseil en immobilier d’entreprise CBRE et JLL, vient de lancer la société Wide (3 salariés), qui édite un site de collecte et de diffusion d’offres immobilières. Ce modèle est calqué sur celui des États-Unis et du Royaume-Uni, où le partage de l’offre est obligatoire. "En France, cette mise en commun est encore trop rare et pénalise à la fois vendeurs et acheteurs. L’objectif est de raccourcir les délais en permettant à l’offre de rencontrer la demande", détaille Justine Petit-Bramon.
Toucher un nombre de prospects plus important
Concrètement, la société basée à Champagne-au-Mont-d’Or (Rhône) récupère et agrège les offres auprès des intermédiaires (commercialisateurs) pour les centraliser au sein de sa base de données, régulièrement mise à jour. Chaque agence ayant un accès à la plateforme peut ainsi répondre aux besoins de ses clients acheteurs avec une plus grande transparence de l’état du marché tout en permettant à ses clients vendeurs d’accéder à une cible d’acheteurs plus large. "Un des problèmes rencontré fréquemment est la qualité des données, insuffisante, qui freine les transactions et fait perdre un temps précieux aux vendeurs, aux agences et aux acheteurs, souligne la dirigeante. Les transactions sont toujours réalisées par les agences qui détiennent le mandat. La plateforme est un outil qui leur permet de toucher un nombre de prospects plus important."
Services additionnels
Pour assurer le lancement de Wide, Justine Petit-Bramon propose l’accès à la base de données gratuitement aux propriétaires et aux agences. Les prospects, eux, n’ont pas accès aux offres contenues sur la plateforme puisqu’ils passent généralement par un intermédiaire. Le modèle économique de Wide repose sur des services additionnels proposés aux agences et propriétaires : "nous faisons payer le suivi de commercialisation, la prise de rendez-vous ou encore la réalisation de vidéos de présentation du bien, les pré-visites ou la réalisation des plans", explique-t-elle.
Sur un marché de l’immobilier d’entreprise très concentré - selon elle, 30 % des biens en immobilier d’entreprise sont possédés par de gros investisseurs -, la dirigeante compte bien convaincre les vendeurs de mettre leurs offres sur la plateforme. Reste à effectuer un peu de pédagogie pour expliquer la méthode et convaincre. "Nous devons entraîner le mouvement et embarquer les agences", assure-t-elle. Signe de l’ambition de la dirigeante, elle espère très vite se développer à l’échelon national.
Dans les deux à trois prochaines années, Justine Petit-Bramon veut d’abord convaincre les gros acteurs du marché - investisseurs, promoteurs et entreprises - du bien-fondé de sa plateforme. "Le reste des acteurs devrait suivre", selon elle.
