« Malgré nos alertes répétées auprès de la Direction générale pour l'armement (DGA), on nous sort un marché avec une clause d'entrée de chiffre d'affaires à 50 M€. Ce qui nous élimine d'office ! D'un côté, l'Etat nous sort son discours sur sa volonté de faciliter l'accès des PME aux marchés publics et de l'autre, on nous met des bâtons dans les roues, peste Guillaume Verney-Carron, directeur général de l'entreprise éponyme. La DGA aurait pu faire des lots (munition, optique, accessoire), ce qui aurait permis à une PME, comme Verney-Carron, de présenter sa candidature. »
Avec 13,6 millions d'euros de chiffre d'affaires, le fabricant de fusils stéphanois risque bien de passer à côté du marché de la DGA concernant le fusil de précision semi-automatique amené à remplacer l'actuel FR-F2. Marché dont la date de dépôt des candidatures est fixée au 5 octobre.
Le seul fusil made in France
Pour contourner cette barrière d'entrée à 50 M€, la PME stéphanoise - seule entreprise française candidate à proposer un fusil made in France, s'attèle depuis plusieurs semaines à trouver des partenaires, pour monter un groupement d'opérateurs économiques. Une tâche en passe d'aboutir, comme nous l'a confirmé son directeur général.
« Nous n'irons pas seuls, mais à deux ou trois. Nous avons trouvé des partenaires européens prêts à nous suivre. Nous sommes actuellement en train de vérifier des points de droit pour pouvoir déposer une candidature. Après, est-ce que la DGA va accepter notre montage ? Rien n'est gagné », confie Guillaume Verney-Carron.
Des capacités industrielles suffisantes
Pourtant en pratique, la PME stéphanoise est structurée pour répondre à ce marché. Elle a même investi plus de 500 000 euros, en décembre dernier, pour se positionner sur ce marché de la défense. « 2 600 fusils sur quatre ans, ce n'est rien. Nous en fabriquons 12 000 par an. Nous avons les capacités industrielles pour répondre à ce marché et nous avons déjà travaillé par le passé avec les services de l'Etat », confirme le directeur général.
Par le passé, l'armurier stéphanois avait d'ailleurs produit sous licence certaines pièces du Famas, pour le compte de la Manufacture d'Armes de Saint-Etienne. A la suppression du fusil des armées françaises, Verney-Carron avait candidaté au marché de remplacement, mais n'avait pas été sélectionnée… à cause de son chiffre d'affaires !