Trois entrepreneurs lyonnais font de l’upcycling un levier d’inclusion
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Trois entrepreneurs lyonnais font de l’upcycling un levier d’inclusion

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Avec la Ligne Vertuose, une gamme de meubles design, Thierry Rueda, Guillaume Bourdon et Laurent Pillot, trois entrepreneurs lyonnais, placent l’économie circulaire et l’inclusion de jeunes en situation de précarité au cœur d’un projet socialement responsable.

— Photo : Pierre Lelièvre

D’un constat simple à une solution vertueuse, voilà comment est née la Ligne Vertuose, une gamme de meuble design premium mêlant le upcycling à une approche solidaire à destination de jeunes en difficulté. Un projet associatif mûri dans l’esprit de trois adhérents du Centre des Jeunes Dirigeants. Thierry Rueda est agenceur à la tête des Ateliers d’agencement Garnier (CA 2018 : NC, 14 salariés) de Beynost (Ain). Et Guillaume Bourdon, designer, est associé à Laurent Pillot au sein du cabinet de conseil en design, Ergon’Homme (CA 2018 : 250 000 €, 2 salariés) de Villeurbanne.

« Lors d’une visite de mes ateliers, Guillaume Bourdon s’est interrogé sur l’utilisation des chutes de panneaux de bois, explique Thierry Rueda. De là, est venue l’idée de réutiliser cette matière pour lui donner une seconde vie. » Ils imaginent alors du mobilier conçu à partir de ces chutes et développent une gamme allant du fauteuil à la table en passant par des luminaires, des étagères ou des bureaux. Un seul mot d’ordre guide leur démarche : réutiliser les chutes de bois pour les transformer en produits de qualité supérieure.

Réinsertion sociale et professionnelle

25 % du prix de vente d'un meuble de la gamme est reversé au jeune ayant participé à la fabrication du produit — Photo : Pierre Lelièvre

L’initiative ancrée dans une démarche d'économie circulaire ne s’arrête pas là. « Au sein du CJD, nous avions l’habitude de côtoyer l’association Prado qui agit en faveur de jeunes mineurs en situation précaire, explique Guillaume Bourdon. On les met à contribution dans la fabrication des meubles et en échange on les rétribue à hauteur de 25 % du prix de vente, pour qu’ils puissent financer un projet de leur choix en lien avec leur objectif de réinsertion. »

Permis de conduire, formation courte... tous les projets sont éligibles dès lors qu’ils s’inscrivent dans un but de réinsertion professionnelle ou sociale. « Ces jeunes arrivent chez nous avec une image dégradée d’eux-mêmes et repartent avec une nouvelle dynamique. Même mes salariés ressentent la fierté de partager leur métier », observe Thierry Rueda qui accueille les jeunes dans son atelier.

Essaimer en région

Photo : Pierre Lelièvre

Côté technique, les instigateurs ont tout fait pour standardiser au maximum la production avec cinq tailles de panneaux différentes, laissant le champ à des associations multiples en fonction des couleurs. « Le calepinage fait le reste, poursuit l’entrepreneur aindinois. Soit le jeune choisit lui-même les panneaux, soit il répond à une demande particulière du client. » Tous disposent d'une notice méthodologique pour chaque type de mobilier.

Reconnue « Innovation sociétale » par Bpifrance, l’initiative veut essaimer à la fois en région et auprès d’autres professionnels (électriciens, par exemple). « On fait de l’écoconception au niveau local. L’idée est d’éprouver le concept dans le Rhône pour ensuite proposer notre démarche à d’autres partenaires en Bretagne ou dans le Nord, par exemple. Le cahier des charges est libre de droit », affirme Thierry Rueda.

Avec près de 3 tonnes de panneaux déjà réutilisées, le premier bilan de la Ligne Vertuose est prometteur : 40 jeunes accompagnés et près de 7 000 euros ont été obtenus pour les formations en deux ans. Une démarche responsable qui cache une conviction forte : « Montrer que l’ESS est compatible avec une rentabilité économique. »

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