Saint-Étienne
Thierry Mandon : « La Cité du design doit avoir un impact économique plus fort sur le territoire »
Interview Saint-Étienne # Collectivités territoriales

Thierry Mandon directeur de la Cité du design de Saint-Étienne Thierry Mandon : « La Cité du design doit avoir un impact économique plus fort sur le territoire »

S'abonner

Ancien député puis secrétaire d'État entre 2014 et 2017, Thierry Mandon a pris la direction de la Cité du Design de Saint-Étienne en septembre 2018, avec pour ambition de faire enfin décoller un outil unique en France. Entretien.

Thierry Mandon veut faire de la Cité du Design un véritable levier de développement économique et social pour Saint-Étienne — Photo : Cité du Design

Le Journal des Entreprises : La Cité du Design a connu des heures difficiles, avec notamment un déficit structurel de 500 000 € par an de 2012 à 2015, lié en partie aux difficultés à commercialiser ses prestations auprès des entreprises. La situation est-elle meilleure aujourd’hui ?

Thierry Mandon : La Cité du Design a accompagné 316 entreprises en 2018, contre 120 en 2015, 130 en 2016 et 160 en 2017. Pour 297 de ces entreprises, il s’agissait d’un premier projet design. Cela veut dire que les entreprises commencent à s’approprier l’outil.

Attention ! Je ne suis pas en train de dire que tout va mieux depuis que je suis arrivé à la tête de l'établissement, je ne suis là que depuis septembre. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a des attentes de plus en plus fortes qui nous obligent à nous organiser différemment, à améliorer la qualité de nos réponses, à développer des interventions beaucoup plus ciblées et personnalisées auprès des entreprises. Les produits standardisés comme les Laboratoires des Usages et des Pratiques Innovantes (LUPI) ne suffisent plus. Il faut que l’on cherche à avoir un impact commercial plus étendu que sur le seul territoire de la Loire. Notre ambition doit être régionale.

D’où votre volonté de créer, d’ici l’été, une filiale commerciale ?

T. M. : C’est l’idée ! Cela va nous permettre juridiquement, fiscalement et même au niveau RH, de monter en gamme. Aujourd’hui, on fonctionne avec des gens issus de la fonction publique. Si on veut faire de la personnalisation, il faut des ingénieurs commerciaux. C’est comme cela que l’on parviendra à booster notre chiffre d’affaires.

« La Cité du Design doit devenir le centre de référence français, en matière de recherche et de diffusion du design. »

En fonction de l'implication des collectivités, et notamment de la Région, pour aider les entreprises à faire appel au design, ce chiffre d'affaires, qui est aujourd'hui de moins d'un million d'euros, doit doubler sous trois ans. Le second objectif commercial de la filiale, c’est d’ouvrir des marchés pour des acteurs privés du design.

D’autres projets pour booster l’activité et l’attractivité de la Cité du Design ?

T. M. : Il manque des objets symboliques et de la vie dans cette Cité. En dehors de la Biennale et des expositions, il ne se passe rien dans le quartier. Ce que je souhaiterais, c’est concilier ce besoin d’objets emblématiques avec le besoin d’hôtellerie dans le quartier, en créant un hôtel design très innovant de 30 chambres. Et associer cela avec une résidence d’artistes, pour donner vie à un quartier créatif qui ne peut pas être qu’un ensemble de bureaux. Le potentiel créatif ne s’arrête pas chaque soir à 18h30 !

Quant à la Biennale Internationale du Design, elle doit participer à la promotion du design pour tous et être aussi encore plus tournée vers les entreprises. Après, il faudra avoir une réflexion sur le mode d’organisation. Il est évident que, plus la Biennale a du succès, plus elle pompe de l’énergie aux équipes permanentes. Ce qui freine aussi le développement des autres activités de la Cité du Design, qui doit avoir un impact économique plus fort sur le territoire et devenir le centre de référence français, en matière de recherche et de diffusion du design.

Saint-Étienne # Collectivités territoriales